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Posted: 29 Nov 2005 16:10
by Maïwenn
gfa wrote:Maïwenn wrote:Mais les wallonphones étant maintenant tous francophones je ne vois pas pourquoi le wallon menace cette solidarité. On peut se sentir membre de deux, trois, plein de communautés en même temps. Parler wallon, comme parler breton ou occitan ce n'est pas forcément remettre en cause une solidarité avec les francophones. (J'en suis la preuve vivante

). Si certains en viennent à un extrémisme culturel, et refuse le français au nom du corse par exemple, n'est-ce pas justement parce qu'on leur a nié le droit d'appartenir aux deux communautés ?
Le système belge est fort complexe vu de l'extérieur: il faut le vivre.
Et c'est vrai, apprendre le corse est une bonne chose, mais en serait-il ainsi s'il existait 50 dialectes corses différents ?
Je connais mal la situation du corse, mais je pense qu'il existe beaucoup de dialectes aussi (j'ai de vagues souvenirs d'une harmonisation de l'orthographe, mais je ne sais plus...). En tout cas pour le breton c'est le cas. Exactement comme en Wallonie on parle différemment d'une ville à l'autre. (ou "on parlait" puisque le breton est en train de se standardiser...). Mais est-ce que cette dialectalisation fait de lui une langue inintéressante ou inutile ?
Pour ce qui est de la complexité de la situation belge, je suis bien d'accord avec toi. Je trouve ça très intéressant d'ailleurs. Et en tant qu'étrangère et sociolinguiste j'ai peut-être des choses à t'apprendre pour enrichir ta réflexion

Posted: 29 Nov 2005 16:11
by Maïwenn
Justement les langues en france se heurtent à la dialectisation et à la défense de clocher. La seule différence est que la France est déjà dans la période 'post abandon' ...
Je ne crois pas que le wallon se porte mieux que les langues régionales françaises... malheureusement.
Posted: 29 Nov 2005 16:16
by domanlai
Maïwenn wrote:Justement les langues en france se heurtent à la dialectisation et à la défense de clocher. La seule différence est que la France est déjà dans la période 'post abandon' ...
Je ne crois pas que le wallon se porte mieux que les langues régionales françaises... malheureusement.
je voulais juste dire que la Belgique n'en est pas encore arrivée à la langue unique ...
et apparemment GFA pense qu'il faut sacrifier pour sauvegarder le bilinguisme en dernier ressort
Posted: 29 Nov 2005 16:21
by Maïwenn
domanlai wrote:Maïwenn wrote:Justement les langues en france se heurtent à la dialectisation et à la défense de clocher. La seule différence est que la France est déjà dans la période 'post abandon' ...
Je ne crois pas que le wallon se porte mieux que les langues régionales françaises... malheureusement.
je voulais juste dire que la Belgique n'en est pas encore arrivée à la langue unique ...
et apparemment GFA pense qu'il faut sacrifier pour sauvegarder le bilinguisme en dernier ressort
Au temps pour moi

Nous sommes d'accord alors.
Posted: 29 Nov 2005 16:23
by gfa
Maïwenn wrote:gfa wrote:Maïwenn wrote:Mais les wallonphones étant maintenant tous francophones je ne vois pas pourquoi le wallon menace cette solidarité. On peut se sentir membre de deux, trois, plein de communautés en même temps. Parler wallon, comme parler breton ou occitan ce n'est pas forcément remettre en cause une solidarité avec les francophones. (J'en suis la preuve vivante

). Si certains en viennent à un extrémisme culturel, et refuse le français au nom du corse par exemple, n'est-ce pas justement parce qu'on leur a nié le droit d'appartenir aux deux communautés ?
Le système belge est fort complexe vu de l'extérieur: il faut le vivre.
Et c'est vrai, apprendre le corse est une bonne chose, mais en serait-il ainsi s'il existait 50 dialectes corses différents ?
Je connais mal la situation du corse, mais je pense qu'il existe beaucoup de dialectes aussi (j'ai de vagues souvenirs d'une harmonisation de l'orthographe, mais je ne sais plus...). En tout cas pour le breton c'est le cas. Exactement comme en Wallonie on parle différemment d'une ville à l'autre. (ou "on parlait" puisque le breton est en train de se standardiser...). Mais est-ce que cette dialectalisation fait de lui une langue inintéressante ou inutile ?
Pour ce qui est de la complexité de la situation belge, je suis bien d'accord avec toi. Je trouve ça très intéressant d'ailleurs. Et en tant qu'étrangère et sociolinguiste j'ai peut-être des choses à t'apprendre pour enrichir ta réflexion

merci Maï.
J'ai habité 8 ans en France et donc moi aussi, j'ai un avis "d'étranger"
Ce que je dis n'engage que moi, il est certain que d'autres belges francophones ont un autre avis.Mais dans un pays, où pour trouver un travail, il faut parler 4 langues (pour les fonctions de cadres), je me demande s'il est nécessaire d'apprendre en plus un dialecte parlé par 10.000 personnes.
et moi qui n'aime pas la polémique.
Posted: 29 Nov 2005 16:26
by Maïwenn
On ne polémique pas, on débat

Posted: 29 Nov 2005 16:30
by gfa
Maïwenn wrote:On ne polémique pas, on débat

certes, mais il est très difficile de trouver des arguments rationnels lorsque l'on se trouve au niveau du "ressenti", de l'émotion. Je vis "mon pays" de l'intérieur avec ses contradictions...
Posted: 29 Nov 2005 16:35
by gfa
c'est un choix personnel mais je l'assume: je ne parle pas le wallon (de Liège) même si je le comprends un peu, et mes enfants (4ans et demi et un an et demi) sont familiarisés avec le néerlandais (dessins animés, et pour le plus grand cd-rom d'initiation).
Posted: 29 Nov 2005 16:39
by Olso
tant qu'on ne s'envoit pas de noms d'oiseaux, qu'on ne s'insulte pas, débat ou polémique, c'est acceptable, et intéressant !
Maiwenn wrote:Mais les wallonphones étant maintenant tous francophones je ne vois pas pourquoi le wallon menace cette solidarité. On peut se sentir membre de deux, trois, plein de communautés en même temps. Parler wallon, comme parler breton ou occitan ce n'est pas forcément remettre en cause une solidarité avec les francophones. (J'en suis la preuve vivante ). Si certains en viennent à un extrémisme culturel, et refuse le français au nom du corse par exemple, n'est-ce pas justement parce qu'on leur a nié le droit d'appartenir aux deux communautés ?
Je suis totalement d'accord avec Maiwenn (pour une fois ?). Pourquoi l'identité devrait être unique, restreinte à une seule langue, une seule appartenance ? Pour moi l'identité peut très bien être cumulative : je me sens parisien, francilien, français, européen, terrien, etc
Parler la langue d'Etat, ou la langue nationale, ne doit pas conduire nécessairement à la disparition des langues régionales. Pourquoi ne pas les défendre, les promouvoir, les enseigner elles aussi, à côté de la langue d'Etat, pour éviter une disparition lourde de conséquences notamment culturelles et identitaires ?
Posted: 29 Nov 2005 16:47
by gfa
Olso wrote:tant qu'on ne s'envoit pas de noms d'oiseaux, qu'on ne s'insulte pas, débat ou polémique, c'est acceptable, et intéressant !
Maiwenn wrote:Mais les wallonphones étant maintenant tous francophones je ne vois pas pourquoi le wallon menace cette solidarité. On peut se sentir membre de deux, trois, plein de communautés en même temps. Parler wallon, comme parler breton ou occitan ce n'est pas forcément remettre en cause une solidarité avec les francophones. (J'en suis la preuve vivante ). Si certains en viennent à un extrémisme culturel, et refuse le français au nom du corse par exemple, n'est-ce pas justement parce qu'on leur a nié le droit d'appartenir aux deux communautés ?
Je suis totalement d'accord avec Maiwenn (pour une fois ?). Pourquoi l'identité devrait être unique, restreinte à une seule langue, une seule appartenance ? Pour moi l'identité peut très bien être cumulative : je me sens parisien, francilien, français, européen, terrien, etc
Parler la langue d'Etat, ou la langue nationale, ne doit pas conduire nécessairement à la disparition des langues régionales. Pourquoi ne pas les défendre, les promouvoir, les enseigner elles aussi, à côté de la langue d'Etat, pour éviter une disparition lourde de conséquences notamment culturelles et identitaires ?
Je vais retourner la question: et s'il n'y avait pas la volonté "du peuple" à parler une langue ou un dialecte, cette position ne serait-elle pas aussi respectable ? ( "du peuple" ou en tout cas d'une majorité libre dans un pays démocratique).Et si je faisais valoir mon droit à ne pas parler une langue/dialecte menacé(e) ?
Posted: 29 Nov 2005 16:49
by Toirdhealbhách
D’accord avec Olso, évidemment. Y a guère qu'en Europe de l'Ouest en en Occident en général qu'on se pose la question du monolinguisme ou de la polyglossie. En Afrique, tout le monde parle plusieurs langues, et ça ne pose aucun problème. Les gens parlent les langues dont ils ont besoin, et ne se demandent pas si telle langue leur est utile ou pas.
je me demande s'il est nécessaire d'apprendre en plus un dialecte parlé par 10.000 personnes.
Une langue est nécessaire dès lors que tu l'utilises, peu importe le nombre de locuteurs. Pour moi, l'espagnol n'est pas nécessaire (je sais pas le parler et je n'en ai pas besoin), par exemple, mais le breton oui (je le parle presque tous les jours, avec mes amis).
Posted: 29 Nov 2005 16:50
by Toirdhealbhách
Et si je faisais valoir mon droit à ne pas parler une langue/dialecte menacé(e) ?
Personne te force !
Posted: 29 Nov 2005 16:54
by gfa
Toirdhealbhách wrote:Et si je faisais valoir mon droit à ne pas parler une langue/dialecte menacé(e) ?
Personne te force !
c'était une boutade...je suis sur un forum des amoureux des langues, qui les aiment et les défendent...mais doit-on défendre une langue contre la majorité des locuteurs héréditaires qui, librement, ne la parle plus ?
Posted: 29 Nov 2005 16:56
by domanlai
c'est un des éléments moteurs du processus
1/ ceux qui souhaitent qu'une langue disparaisse pour plein de raisons plus ou moins pratiques et / ou politiques
2/ ceux qui concourent à sa disparition en l'abandonnant volontairement car il jugent que le phénomène est normal voire un bien.
Effectivement chacun fait son choix.
D'ailleurs bcp de français ont abandonné leurs langues pour la promotion sociale et l'avenir de leurs enfants, non ?
Posted: 29 Nov 2005 16:56
by Maïwenn
et s'il n'y avait pas la volonté "du peuple" à parler une langue ou un dialecte, cette position ne serait-elle pas aussi respectable ? ( "du peuple" ou en tout cas d'une majorité libre dans un pays démocratique).Et si je faisais valoir mon droit à ne pas parler une langue/dialecte menacé(e) ?
C'est tout à fait respectable. Mais je pense que c'est rare que ça arrive. Par exemple, pour la Bretagne, on pourrait être tenté de parler du libre choix fait par la génération née juste avant la guerre de ne pas parler breton aux enfants. Mais en fait ce n'était pas vraiment un choix, mais une conséquence de la campagne de dénigrement menée par l'école républicaine (entre autres)