didine wrote:Tu as visiblement mal compris mes propos car tu réponds à côté.
Alors cette fois pour être sûr de ne pas répondre à côté, je reprends ton message et y réponds directement, de manière dépassionnée, j'espère.
didine wrote:Je suis opposée à l'idée d'une langue internationale auxiliaire tout d'abord car le système actuel fonctionne somme toute bien. On trouvera toujours des personnes prêtes à critiquer
l'organisation de l'interprétation lors de conférences, mais il faut reconnaître que les éléments soulevés par ces personnes restent minimes comparé à tout ce qu'apporte l'interprétation dans ces réunions.
Tu dis "le système fonctionne bien." Je suis d'accord, à condition de préciser :
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quand et là où il est appliqué
Ce qui n'est pas contradictoire avec mon commentaire "le multilinguisme, en tant que régime linguistique d'institutions internationales, est appliqué de façon exceptionnelle"
didine wrote:Je pense également qu'une langue internationale irait à l'encontre de son objectif premier, c'est-à-dire de mettre tout le monde sur un pied d'égalité. L'apprentissage de cette langue ne serait réservé qu'à une élite. Lorsque je suis partie en mission au fin fond de l'Inde, un grand nombre de nos interlocuteurs avaient le tamoul pour langue maternelle. Il y avait donc une double interprétation : tamoul-anglais puis anglais-français. J'imagine mal un paysan indien apprendre cette langue internationale alors qu'il a bien d'autres préoccupations... Et même s'il voulait l'apprendre, il n'en aurait pas forcé les moyens (absence de cours, etc). On pourrait donc voir émerger une sorte de discrimination à l'encontre des personnes ne parlant pas cette langue internationale. Elles seraient exclues de la communication au niveau international.
Difficile de discuter sur ce point, comme je disais, on fait de la linguistique-fiction ! Tout dépendrait de son champ d'application, de la population cible. Je peux juste dire qu'une langue internationale auxiliaire (LIA) est neutre politiquement, ainsi elle met tout le monde sur un pied d'égalité, par définition. L'idée aussi est que par son accessibilité, sa facilité, par rapport aux langues 'naturelles', tout le monde peut non seulement l'apprendre, mais aussi la parler correctement.
Mais encore une fois, on ne peut pas préjuger, on ne peut pas obliger tout le monde à apprendre une langue (même si c'est ce qui se passe actuellement avec l'anglais), et l'utilisation d'une LIA n'est pas destinée à empêcher les gens à parler leur langue. C'est seulement dans les cas où ces paysans indiens, ou des scientifiques, des experts doivent parler d'un sujet donné dans une langue qui n'est pas leur langue maternelle, l'utilisation d'une LIA est plus facile et plus équitable que l'utilisation d'une langue comme l'anglais ou le français. La situation causant le plus de discrimination est celle où prédomine une langue nationale.
didine wrote:Aujourd'hui, on trouve normal que chacun parle sa langue, on fait alors appel à des interprètes. Le multilinguisme actuel risque de ne plus être la norme si une langue internationale s'impose ou est imposée
Le multilinguisme actuel que tu évoques n'est déjà pas la norme dans les faits, malheureusement.
didine wrote:Enfin, c'est dans sa langue maternelle que chacun peut exprimer exactement ce qu'il veut, avec toutes les nuances et précisions qu'il veut apporter. L'expression dans une langue étrangère limite toujours l'orateur d'une manière ou d'une autre. Cette langue internationale resterait une langue étrangère pour tous. Alors autant que chacun s'exprime (plus facilement) dans sa langue maternelle, quitte à faire appel à des interprètes
Nous sommes d'accord, c'est dans sa langue maternelle, ou sa langue d'éducation principale, que chacun s'exprime le mieux. Sur le "langue étrangère pour tous", je te rejoins aussi, c'est la définition de "langue équitable". C'est ça pour moi, la démocratie linguistique, chacun s'exprime dans sa langue, ou éventuellement dans une langue neutre, étrangère à tous.
Ce qui n'est pas le cas avec l'utilisation d'une langue qui est la langue maternelle ou nationale de certains. Et ce problème se pose dans toutes les conférences non pourvues de systèmes d'interprétariat.