Vos anecdotes

[Anuanua]

Pour les mois, itéressant :
septembre est le neuvième
octobre est le 10ième
novembre est le onzième
décembre est le douzième.

[Olivier]

Et dans la même série, avant Auguste c'était quintilis et sextilis pour juillet et août (on voit ces noms-là sur les représentations des mois dans le générique de la série Rome).
C'est parce que dans le calendrier romain, le 1er mois était mars.
Janvier et février ont été rajoutés quand ils se sont rendus compte que le calendrier à 10 mois, ça ne marchait pas bien (ils n'étaient vraiment pas au niveau des Grecs en maths et en astronomie ).
-- Olivier

[Anuanua]

(ils n'étaient vraiment pas au niveau des Grecs en maths et en astronomie )

En arts, en philosophie, en sciences ("philosophie naturelle") et même en théologie non plus. (Dans TOUS ces domaines, la culture romaine est une copie de la culture grecque.) Le seul domaine où ils sont supérieurs (et seulement pour un court temps) est le domaine militaire (durant le règne de Jules César). Et là, une parole célèbre s'applique

Il n'est pas nécessaire d'avoir un cerveau pour marcher au pas. Un moelle épinière suffit.

[Latinus]

Une copie suppose aucune différence alors qu'il en existe pourtant une foultitude et dans tous les domaines.
Ce n'est pas le sujet, donc on va éviter de s'étendre... m'enfin, ce serait bien d'éviter également de placarder ce genre de vérité de comptoir.

[Anuanua]

Ce terme n'est pas connu au Québec, mais "vérité de comptoir" me semble une forme de sarcasme ou de mépris. Est-ce que je me trompe? Sinon, tu pourrais la clarifier?

[Anuanua]

Dans le sujet "Vos anecdotes" il m'en est arrivé une assez amusante hier soir. J'étais allé à un resto de fine cuisine végétarienne (vraiment délicieuse!) près du Centre Universitaire de Laval (une succursale de l'UQÀM) et un homme apparemment dans la trentaine avancée s'approche et me demande “Puis-je vous parler quelques instants?”. Je lui montre de la main les chaises libres à ma table en guise d'invitation. Il semble surpris de ce geste… Il me dit “J'ai assisté à quelques unes de vos conférences et j'aimerais savoir qu'est-ce qui peut amener quelqu'un à vouloir devenir physicien.” Bon : je comprends alors qu'il parle de conférences que j'avais données il y a déjà plusieurs années, pas celles, plus récentes, sur la DAO. Mais sa voix me semble étrangement monocorde, je le sens tendu. Et je ne sais pas pourquoi. Bon : c'est pas mes oignons et je lui réponds ce qui m'avait attiré vers la physique. Mais je le sens de plus en plus tendu et je ne comprends toujours pas… Il me semble artificiel quoique ça ne soit pas son genre si je me fie à son habillement et son langage.

Lorsqu'il demanda “Comment nommez-vous exactement le domaine où vous êtes spécialisé : la physique ou l'environnement?”, je me doutai qu'il y avait quiproquo. Je répondis “La physique électronique.” Il parut surpris et devint muet comme une carpe. Je lui commentai “Je me demande si vous ne m'auriez pas pris pour quelqu'un d'autre…?” Il demeurait muet. Alors je précisai “Je lui ressemble ou il me ressemble comme vous préfèrerez, mais je ne suis pas Hubert Reeves”. (Si vous allez voir >ici< vous comprendrez la raison de cette méprise.) Il devint très gêné puis ne savait plus comment s'excuser… “Je… je m'excuse, je… j'espère ne pas vous avoir dérangé…”. Je me mis à rire “Mais si vous m'avez dérangé! Et vous avez bien fait : j'étais tout seul et vous m'avez dérangé dans mon ennui.” Il me regarda surpris …et se mit à rire aussi. “Êtes-vous vraiment physicien ou avez-vous joué un rôle?” Je lui mentionnai que je suis effectivement physicien consultant dans des industries. Enfin… que j'ai fait ça jusqu'en l'an 2000.

Il est resté à ma table et nous avons eu du bon temps. Lui, il est gestionnaire dans une grande entreprise. Mais le plus amusant est que toute tension était disparue : il était maintenant vivant, enjoué, lui-même quoi. Il n'était plus devant une célébrité mythique de la télévision internationale mais devant un simple mortel…

Et je pensais à tous ces gens qui se font une fierté de nous annoncer “Moi, monsieur, j'ai rencontré le premier ministre personnellement en personne”. Vanitas vanitatis… Il suffit parfois de tellement peu pour nous faire oublier… nous-mêmes. Je crois que je n'aimerais pas particulièrement être dans la peau de mon célèbre sosie. Et je comprends qu'il soit discret.

[svernoux]

Une anecdote que mon père nous a racontée à midi, je la mets ici pour la postérité de ce grand moment de l'histoire familiale...

Il faut dire tout d'abord que mon père a un frère et une sœur et que, dans leur jeunesse, ils dirigeaient tous trois ensemble l'entreprise de transport héritée de leurs parents. Toujours dans leurs jeunes années, mes parents ayant 2 fils, la sœur 2 fils également et le frère une fille, tous en bas âge, décident de partir en vacances ensemble à l'océan. Ni une, ni deux : on charge un camion, tout le monde met son lit dedans, même une armoire pour les affaires, une glacière géante, et c'est parti avec quand même la voiture du frère en parallèle pour un peu plus de mobilité sur place. Ils roulent toute la nuit, et arrivent du côté de Royans au petit matin. Ils avaient bien l'adresse d'un camping, mais une fois sur place, impossible : le camion ne rentre pas en hauteur !
Les voilà donc à arpenter la côte, avec les gamins crevés bien sûr, et finalement on leur indique un camping sur l'île Madame, mais il faut attendre la marée basse pour traverser à gué. Mais tout ça se passe sans embrouille et ils arrivent sur l'île où il n'y a presque rien à part ce camping semi-sauvage, où ils plantent leur camion en plein milieu du camping ! Ils sont l'amusement de tous les voisins de tente, jusqu'au jour où il y a un gros orage et où les voisins auraient bien aimé être dans le camion
Il était prévu de rester deux semaines, mais mes frères étant apparemment un peu pénibles, plus que leurs cousins en tout cas, mes parents décident de rentrer au bout d'une semaine avec la voiture du frérot. Mais à mi-chemin, la voiture tombe en panne ! Elle atterrit chez le garagiste et mon père informe son frère, qui lui dit "t'en fais pas, laisse-la et on la chargera dans le camion au retour" !
Et mes parents ont fini par rentrer en train, avec mon frère aîné, déjà très branché technique, qui, prenant le train pour la première fois, a passé les 300km sur les genoux de mon père à dire non-stop "papa ! tchou-tchou ! papa ! tchou-tchou !..."


On s'est payé une bonne tranche en réécoutant cette histoire et on se demandait si une telle épopée serait encore possible aujourd'hui...

[Sisyphe]

Ce n'est pas ça qui va me réconcilier avec le camping...

*

Moi, j'en ai une autre, bien moins gai. Je viens de faire venir un livre au prêt inter-bibliothèque. Une vieille thèse danoise de 1923, écrite en français (oui, en ce temps-là, les Danois écrivaient en français, aujourd'hui c'est english or perish ), visiblement peu consultée depuis cinquante ans.

J'ouvre. Et regardez le, ou plutôt les jolis tampons sur la première page :

Une page d'histoire, si j'ose dire : le bouquin vient de Strasbourg... On devine Université de Strasbourg, institut de langue et littérature française en-dessous, et Romanisches Seminar der Reichsuniversität Strassburg au-dessus...

Ca m'a quand même un peu choqué...

[Anuanua]

La croix gammée verticale et horizontale (et tournée dans l'autre sens) est le symbole tibétain du monde des morts (svastika). Mais inclinée à 45° et tournant dans ce sens, elle est le symbole du nazisme, non? En 1923?

(Soit dit en passant que ce symbole (nazi, pas le tibétain) est aussi utilisé par certaines sectes sataniques. Ceci est d'ailleurs conforme à leur tradition d'inverser les noms (par exemple DOG pour GOD) et les symboles (par exemple la croix et le pentagramme pointent vers le bas). Ici, la pseudo-svastika est inclinée à 45° et tournée dans le sens inversé.)

[Sisyphe]

La croix gammée verticale et horizontale (et tournée dans l'autre sens) est le symbole tibétain du monde des morts (svastika). Mais inclinée à 45° et tournant dans ce sens, elle est le symbole du nazisme, non? En 1923?

En 1923, quand la thèse a été imprimée, l'Alsace est française et l'université de Strasbourg redevenue, donc, une université française (le personnel allemand avait d'ailleurs été renvoyé sans ménagement). C'est ce que rappelle le tampon du dessous.

Mais entre 1940 et 1945, l'Alsace a été de nouveau rattachée au IIIe Reich. D'où le tampon du dessus, rageur et vengeur (et il ne s'agit d'ailleurs plus de l'institut d'études françaises, mais "romanes").

... D'ailleurs, il faut savoir qu'en 1940, l'Université de Strasbourg s'est repliée... À Clermont-Ferrand (donc à plus de 300 km de l'Alsace) ! Tout en continuant de s'appeler, un temps du moins, "Université de Strasbourg".

[ElieDeLeuze]

La croix gammée verticale et horizontale (et tournée dans l'autre sens) est le symbole tibétain du monde des morts (svastika). Mais inclinée à 45° et tournant dans ce sens, elle est le symbole du nazisme, non? En 1923?

Les nazis l'ont tournée dans presque tous les sens. A Priori, elle est lévogyre, ce qui la distingue de la plupart des représentations solaires bouddhiques dextrogyres, mais en effet, la même crois est aussi un symbole de destruction, bref, les opposés etc.
Mais les nazis en ont fait un symbole tous-usages. Il y a en général aucune explication particulière sur les angles giratoires. Les tampons sont en générales les armes officielles comme dans le livre. Mais il y a de tout.

[Lal]

Je réponds un peu tardivement... mais cette fameuse svastika tibétaine n'était pas toujours dextrogyre, même dans les représentations des 4 grandes écoles du bouddhisme. De plus, en parallèle, les Böns (appartenant à une autre école du bouddhisme tibétain) utilisait majoritairement la croix lévogyre, avec une symbolique tout à fait similaire.
Et encore, je connais mal son emploi dans l'hindouisme où il est bien possible qu'elle ait été utilisée dans les deux sens.

Je me demande si ce prétendu retournement de la svastika par les Nazis n'est pas à ranger dans les légendes urbaines...

[ElieDeLeuze]

Je me demande si ce prétendu retournement de la svastika par les Nazis n'est pas à ranger dans les légendes urbaines...

Aucun doute: OUI. Le seul lien avéré entre le symbole et l'histoire personnelle d'Hitler, c'est un décor d'une église dans son coin Brauntrucmachinstadt. Il ne pouvait pas l'ignorer. Dans les années 20, on voit aussi des formes plus ou moins retravaillée de la croix de guerre qui a le malheur (d'un point de vue du NSDAP) d'être trop prussienne. Bref, ils ont cherché des symboles vendeurs, ils ont trouvé et ils ont exploité le filon jusqu'au bout.

Ce sont surtout les redécouvreurs plus ou moins illuminés des religions orientales dans les années soixante qui devaient bien se distinguer le plus possible des nazis ne serait-ce que parce que leurs idées et leurs activités n'avaient effectivement rien à voir. De nos jours, on appelle cela un plan-com.

[leo]

ils ont cherché des symboles vendeurs, ils ont trouvé et ils ont exploité le filon jusqu'au bout

on ne peut pas dire que ça ne faisait pas peur... je ne connais aucun signe aujourd'hui aussi terrifiant ! j'ai pas mal de documents chez moi (diplomes, certificats, livrets) où la croix était recouverte par un petit rond de papier...

[Sisyphe]

ils ont cherché des symboles vendeurs, ils ont trouvé et ils ont exploité le filon jusqu'au bout

on ne peut pas dire que ça ne faisait pas peur... je ne connais aucun signe aujourd'hui aussi terrifiant ! j'ai pas mal de documents chez moi (diplomes, certificats, livrets) où la croix était recouverte par un petit rond de papier...

Ca, il faut reconnaître une chose aux nazis, ils ont été diablement efficace en matière de "com' sur logo"... La croix gammée était un symbole rare en héraldique occidentale, personne ne s'en était saisie et les individus capables de connaître son usage oriental dans les années 20 se comptaient sur les doigts de trois ou quatre mains mais pas plus ; donc, totalement vierge de signification. En plus, ça se case partout : sur un drapeau, dans un rond, dans un carré, sur un bâtiment et jusque sur la vaisselle des dignitaires. Aucune dictature n'a fait aussi bien.

C'est vrai qu'en matière de symboles, Hitler est allé chercher vraiment partout. Comme reprendre les couleurs impériales pour attirer à lui l'extrême-droite "traditionnelle", tout en interdisant finalement le drapeau en 1935. C'est d'ailleurs le seul acte législatif nazi abolissant officiellement un élément de la constitution de Weimar... Pour le reste, ils n'ont jamais pris la peine d'abolir la constitution. Au point qu'on s'est demandé, en 45, si on devait considérer qu'elle existait toujours juridiquement. Ces nazis sont un peu tête-en-l'air, parfois.

Un truc peu connu : en 19, des républicains allemands avaient proposé un drapeau allemand à base de croix scandinave ; histoire de transformer des Prussiens militaristes en gentils Nordiques. Les nazis, eux, ont récupéré le motif pour leur drapeau militaire.