Je crois que nous sortons enfin d'une période pénible où il était hérétique de critiquer quoi que ce soit du phénomène Erasmus au risque de passer pour un eurosceptique villiéristo-lepéniste. C'était le syndrôme
Auberge espagnole film supposément 'achement génial et 'achement représentatif de la "jeunesse" avec ses discussion pseudo-profondes sur "mon identitad c'est pas ton identitad mais c'est bien d'aller voir les autres identitads". J'ai encore du mal à pardonner la co**erie de certains articles de Libé à l'époque.
Des milliers d'étudiants sont partis "en erasmus" sans autre but... que de partir. Tant mieux, d'une certaine manière ; il fallait cela pour que l'idée d'erasmus s'implantât, et que se missent en place les réseaux de financement et les administrations d'échange ; mais il n'y avait aucune raison pour que ces étudiants-touristes soient autre chose que des étudiants et des touristes, avec le pire de ce que peuvent être des étudiants et des touristes.
Donc, oui, les pseudo-étudiants allant de beuveries en orgies, et ne s'exprimant jamais autrement que dans un pidgin angloïde augmenté de quatre mots de français (dont "bière" et "préservatif"), j'en ai connus. À peu près autant que les étudiants sincèrement en quête d'une culture étrangères et presque parfaitement bilingues au bout d'un an.
Rétrospectivement, ce qui me choque le plus dans le phénomène Erasmus, c'était la légereté avec laquelle on validait une année à l'étranger (en tout cas pour les étrangers venant en France) : une simple attestation de présence pour les uns, quand ce n'était pas un exposé remplaçant l'examen et fabriqué par quelqu'un d'autre, et absolument aucune preuve de l'acquisition réelle d'une langue... Peut-être aurais-je été heureux d'en profiter si j'avais moi-même eu l'occasion d'érasmer (ça ne s'est pas fait), qui sait.

Mais n'oublions pas aussi le meilleur des erasmus, et j'en pense qu'il y en a beaucoup de représentants sur ce forum.
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)