Texte 1 : Maïwenn est vraiment très conne! Ça fait honte!
Texte 2 : Maywaine. es une modératrisse ; vraimant adroites et qui, as beaucout de taque.
Les deux textes ci-dessus contiennent des erreurs, de deux types différents.
Le texte 1 a une seule erreur de sens et aucune faute d'orthographe, de grammaire ni de ponctuation.
Le texte 2 a de nombreuses erreurs de ponctuation, d'orthographe et de grammaire, mais aucune erreur de sens.
Quel texte contient l'erreur la plus lourde de conséquences : une seule erreur de sens ou de nombreuses erreurs de ponctuation, de grammaire et d'orthographe?
Ces gens, dis-tu, se disent prêts à corriger quelques erreurs de ponctuation, de grammaire et d'orthographe, mais ils ne semblent pas capables de voir des erreurs de contresens. À première vue, pour prendre une expression d'Aznavour, ils sont bêtes à manger du foin. Même trop pour que ce soit crédible : ou bien ils sont politisés et aiment vraiment le foin
*, ou bien il y a quiproquo. J'ai plusieurs fois mentionné que je travaille auprès de victimes d'abus et d'oppression : dans la dynamique de communication de ces gens, le quiproquo est extrêmement fréquent (il est utilisé par les abuseurs pour induire les victimes en confusion), de sorte que j'ai eu à me familiariser avec les quiproquos et leurs conséquences dévastatrices. Je ne dis pas qu'il y a désir d'abuser de part ni d'autre dans ce cas-ci, mais qu'on néglige beaucoup trop l'impact dévastateur des quiproquos. Lorsqu'il y a déviance ou rupture de communication, ce qui cause des quiproquos, chaque partie agit au mieux de sa compréhension mais, vu que leur compréhension d'une même situation est différente, les agirs de l'un semblent incohérents à l'autre. Résultat : chacun croit de bonne foi que l'autre est con ou mal intentionné.
Tes posts me semblent dépeindre une telle situation. C'est clair, si on prend tes dires à la lettre, que 1° ces gens sont cons ou mal intentionnés ou 2° qu'il y a un MAL compris. Et je n'ai pas dit un NON compris, ce qui est très différent. La différence est capitale : un NON compris saute aux yeux et presque tout le monde s'en aperçoit immédiatement. Si j'écris que j'ai installé un gyrateur laser dans un module optoinertiel, à moins que vous soyez très familier avec l'opto-électronique, vous vous êtes tout de suite aperçus qu'il y a un ou des termes que vous n'avez pas compris. Ceci est un NON compris : ça ne cause aucun désaccord, vous ne pensez pas que je suis con et, si la conversation vous intéresse, vous demanderez probablement "C'est quoi un gyrateur laser, c'est quoi un module optoinertiel?". Et, si je me rappelle que vous n'êtes pas experts en opto-électronique, je ne vous prendrai pas pour des c*** non plus.
Il en va tout autrement pour un quiproquo qui est un MAL compris : les deux parties ont compris et savent qu'elles ont compris ; le problème étant qu'elles ne savent pas qu'elles ont compris différemment. De sorte que si une partie dit à l'autre "Tu ne comprends pas ce que j'essaie de te dire", l'autre répondra "Oui je le comprends" et elle a tout à fait raison : ce que les deux parties ne savent pas est qu'elles ont compris autrement. Par exemple, si je vous mentionne que deux menuisiers travaillent très bien ensemble et s'entendent à merveille, et que l'un a planté des clous dans les talons de l'autre, quelle image vous vient?
Il y a absurdité, n'est-ce pas? Vous pensez que je vous présente un texte absurde pour illustrer quelque chose. Mais non, il n'y a aucune absurdité : en menuiserie, un talon est une pièce de bois étroite et longue qu'on fixe à la jonction d'un mur et d'un plancher. L'un tenait le talon pendant que l'autre le clouait.
J'ai délibérément choisi un exemple évident parce que ce post est déjà suffisamment anuamétrique comme ça ; mais je suggère à Maïwenn et à son amie d'aller à la pêche aux quiproquos. Ne cherchez pas quelque chose qu'ils n'auraient pas compris, mais les différences de points de vue entre ce que les deux ont clairement compris. Là où il y aura désaccord, là est le quiproquo. N'expliquez pas : reformulez. Redites la même chose mais en employant des mots différents. La deuxième partie s'exclame souvent alors "Ah! C'est ÇA que tu voulais dire! Moi j'avais compris #######". Et le conflit se termine souvent avec un éclat de rire. Si, dans l'exemple précédent, j'avais parlé de "joint mural" au lieu de "talon", je n'aurais pas eu à clarifier de quiproquo. Ceci illustre bien l'utilité de la reformulation plutôt que de l'explication.
Si ce post peut t'être utile, Maïwenn, j'en serai heureux.
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* foin : expression québécoise désignant l'argent, comme, en marseillais, l'oseille. "Avoir du foin" signifie "être riche" ; "faire du foin" signifie "gagner de l'argent".