Je n'ai pas lu L'assommoir, mais je préfère largement lire du Zola que du Rousseau. Selon aymeric Zola avance à 2 à l'heure, Rousseau c'est du - 2...
Au lycée je n'ai absolument jamais lu le moindre texte de Rousseau en français/lettres, uniquement quelques courts extraits en philo... du coup j'ai abordé sans préjugé le seul livre de lui qui m'a ébouriffé (oui oui

), après j'ai essayé d'enchaîner sur les Confessions et pouf! Même rythme que Zola, les pleurnicheries en plus.
L'année d'après il y avait Hugo au programme. Après le bac, le prof, qui n'était pourtant pas du genre à livrer ses états d'âme, nous avait confié que ça serait difficile pour lui, il ne l'aimait vraiment pas.
J'ai passé mon bac de français en 2001 en 1e S et je n'ai AUCUN souvenir de ce qu'on a fait...
J'ai lu Les pérégrines de Jeanne Bourrin. J'ai bien aimé l'idée de départ, des femmes pendant les croisades, c'est vrai qu'on en parle jamais. On évoque toujours les preux chevaliers mais alors les madames qui faisaient la popotte et soignaient les blessés, jamais. J'ai appris des choses mais le bouquin aurait pu être plus passionnant, parfois on sent vraiment trop le côté livre d'histoire, surtout dans certains dialogues pas naturels parce que trop explicatifs.
Elle a été citée à plusieurs reprises sur ce fil, je me disais tiens pourquoi ne pas essayer... c'est une constante chez elle, où elle s'est juste loupée dans ce bouquin-là ?
Sinon, j'ai une question concernant le Génie du christianisme de Chateaubriand... J'en ai lu un extrait dans un manuel de littérature ; c'est la description d'un crépuscule près du Niagara, et c'est suuuuuuuper beau. Alors je me demandais si le passage en question est représentatif, ou si c'est le seul de tout le pavé ?
Un soir je m’étais égaré dans une forêt, à quelque distance de la cataracte de Niagara ; bientôt je vis le jour s’éteindre autour de moi, et je goûtai, dans toute sa solitude, le beau spectacle d’une nuit dans les déserts du Nouveau Monde.
Une heure après le coucher du soleil la lune se montra au-dessus des arbres, à l’horizon opposé. Une brise embaumée, que cette reine des nuits amenait de l’orient avec elle, semblait la précéder dans les forêts, comme sa fraîche haleine. L’astre solitaire monta peu à peu dans le ciel : tantôt il suivait paisiblement sa course azurée, tantôt il reposait sur des groupes de nues qui ressemblaient à la cime de hautes montagnes couronnées de neige. Ces nues, ployant et déployant leurs voiles, se déroulaient en zones diaphanes de satin blanc, se dispersaient en légers flocons d’écume, ou formaient dans les cieux des bancs d’une ouate éblouissante, si doux à l’œil, qu’on croyait ressentir leur mollesse et leur élasticité.
La scène sur la terre n’était pas moins ravissante : le jour bleuâtre et velouté de la lune descendait dans les intervalles des arbres, et poussait des gerbes de lumière jusque dans l’épaisseur des plus profondes ténèbres. La rivière qui coulait à mes pieds tour à tour se perdait dans le bois, tour à tour reparaissait brillante des constellations de la nuit, qu’elle répétait dans son sein. Dans une savane, de l’autre côté de la rivière, la clarté de la lune dormait sans mouvement sur les gazons ; des bouleaux agités par les brises et dispersés çà et là formaient des îles d’ombres flottantes sur cette mer immobile de lumière. Auprès tout aurait été silence et repos sans la chute de quelques feuilles, le passage d’un vent subit, le gémissement de la hulotte ; au loin, par intervalles, on entendait les sourds mugissements de la cataracte du Niagara, qui, dans le calme de la nuit, se prolongeaient de désert en désert et expiraient à travers les forêts solitaires.
La grandeur, l’étonnante mélancolie de ce tableau ne sauraient s’exprimer dans les langues humaines ; les plus belles nuits en Europe ne peuvent en donner une idée. En vain dans nos champs cultivés l’imagination cherche à s’étendre ; elle rencontre de toutes parts les habitations des hommes ; mais dans ces régions sauvages l’âme se plaît à s’enfoncer dans un océan de forêts, à planer sur le gouffre des cataractes, à méditer au bord des lacs et des fleuves, et, pour ainsi dire, à se trouver seule devant Dieu.