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orthographie : montparnasse bienvenue

Posted: 01 Feb 2006 01:20
by ANTHOS
Quelqu'un sait pourquoi il y a deux points au-dessus de la lettre u puor le nom de cette gare?

Cette marque diacritique existe dans la langue française?

Merci d'avance.

Posted: 01 Feb 2006 01:24
by didine
Ton post me permet de rajouter une deuxième question que je voulais poser ici!

Pourquoi écrit-on L'Haÿ-les-Roses (ville du Val de Marne)? Comment se prononce Haÿ?

:hello:

Posted: 01 Feb 2006 01:28
by ANTHOS
Ca y est ! C'est une nuit blanche pour moi à moins que quelqu'un aie la réponse.

:hello:

Posted: 01 Feb 2006 01:30
by Hartza
Demat dit,

Parce que Fulgence Bienvenüe, Breton de son état et père du métropolitain...

:hello:

Posted: 01 Feb 2006 02:42
by Maïwenn
Hartza wrote:Demat dit,

Parce que Fulgence Bienvenüe, Breton de son état et père du métropolitain...

:hello:
Oui, mais ça n'existe pas pourquoi il y a un tréma sur son ü... Fantaisie d'officier d'état civil ?

Posted: 01 Feb 2006 02:42
by Sisyphe
Le nom de la station vient effectivement de Fulgence Bienvenüe, ingénieur qui a conçu le métro.

Pour la petite histoire, il y avait à l'origine deux stations : Montparnasse et Fulgence Bienvenüe. Lors de la construction du centre commercial de Montparnasse et du hideux symbole phallique qui le caractérise, les deux stations furent reliées entre elles, bien qu'elles soient relativement distantes l'une de l'autre. D'où le gigantesque tapis roulant et sa dernière version en super-vitesse où tout le monde se casse la figure. Mais je m'égare, revenons à l'orthographe.

Le tréma en français a toujours eu pour fonction, depuis qu'il existe, de séparer les lettres. C'est le cas dans Noël que nous prononçons [noεl] et non pas [nøl]. Et c'est le cas dans l'Haÿ-les-Roses, qui se prononce bien [a|i-le-roz] (ahi) et non pas [ε-le-roz] (è).

Mais jusqu'à au 18e siècle, il a aussi eu pour fonction de distinguer les U et les V, les I et les J.

En effet, jusqu'au 15e siècle, J et V n'existe tout simplement pas - ce qui est cause que l'on a également écrit "huit" et "huile" avec un h qui n'a aucune origine latine, autre moyen de séparer les deux sons, pour ne pas confondre avec "vit" et "vile".

Même après l'invention de J et V par le typographe Ramus (on les appelle donc "lettres ramiques"), u/v et i/j resteront relativement indifférenciées dans l'écriture manuscrite, car ce n'est pas facile de les faire avec une plume d'oie. Essayez, vous verrez.

C'est la raison pour laquelle jusqu'à l'invention du porte-plume, donc, on écrira "salüe" ou "saluë" pour différencier de "salve", "eüe" ou "euë" pour différencier de Eve...

... Avec même une tendance à étendre la graphie -uë un peu partout, même quand il n'y avait aucune possibilité de méprise : vuë, suë.

C'était particulièrement vrai dans les noms propres qui n'avaient pas de sens : Bienvenüe en est un exemple (à l'écrit on aurait pu lire "Bienvenve").

On peut en citer d'autres : un écrivain aujourd'hui oublié du 19e s'appelait Leconte du Noüy (et non pas Novy). Un célèbre médiéviste, aujourd'hui décédé, s'appelait Boüard (et non Bovard), etc.

Bien sûr, c'est un pur archaïsme dans le nom de cet ingénieur et des autres, mais ils devaient y tenir.

Posted: 01 Feb 2006 09:52
by didine
Merci pour ces explications! :drink: