Effectivement, ετυμος signifie vrai - mais ce n'est
pas le même que le grec moderne έτοιμος, qui existe d'ailleurs en grec ancien dans le même sens.

La prononciation moderne brouille parfois les choses !
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Le mot ετυμολογια apparaît relativement tardivement en grec : chez les rhéteurs de l'époque impériale (Denis d'Halicarnasse) puis chez les grammairiens (Apollonios Dyscole). Et ce n'est pas un hasard car son sens est un peu plus large que ce que nous nous entendons.
En effet, au alentours de la naissance de JC, les Grecs ont derrière les deux énormes pavés littéraires que sont Homère (sept siècles avant eux) et la 5/4e siècle athénien (Eschyle, Sophocle, Euripide, Platon etc. etc. etc. ; tous les "grands" auteurs, cinq siècle avant eux). Or à cette date la langue grecque a changé, comme il est naturel, beaucoup de mots ont changé de sens, voire ont disparu.
Ouvez une page de Montaigne ou de la Comnyne, et vous verrez à peu près dans quelle situation ils se trouvaient.
Donc, en gros, "étymologie" à cette époque désigne à peu près ce que nous appelerions "lexicologie" ou "sémantique". Les rhéteurs (qqchose comme "prof de lettres de lycées") et les membres du Musée d'Alexandrie (en gros, l'ancêtre d'un labo du CNRS) commencent à faire des "dictionnaires d'ancien grec" (le plus célèbre étant celui d'Hésychius), ou des "éditions commentées" d'Homère etc.
Ca se poursuivra très longtemps, notamment dans l'empire Byzantin, avec la publication des "etymologica" ("etymologicum magnum", "etymologicum genuinum" etc.), qui sont en gros des espèces de gros dictionnaires encyclopédiques.
Il est vrai cependant que l'étymologie, au sens moderne, occupe une très grande place dans leurs réflexions, jusqu'à l'absurde assez souvent. Les Grecs ont inventé beaucoup de choses, mais ils ont été de très très mauvais linguistes ; la notion d'évolution leur était notamment assez étrangère, ils ont du mal à comprendre qu'un mot puisse changer de sens et surtout, par quel mécanisme. Ils raisonnaient beaucoup en terme de "juste" et de "faux"... Ils n'ont jamais séparés non plus le fond et la forme, le "signifié" et le "signifiant".... D'où leur obsession à croire, en effet, que ce qui était originel était forcément juste.
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Tom wrote: Marrant, cette conviction d'une bonne partie de l'humanité, selon laquelle le sens d'origine serait le vrai sens... comme si nos jours, un musulman était ncessairement soumis, une monnaie nécessairement de grand poids, un esclave nécessairement slave, etc., etc...
Je ne comprends pas ta deuxième allusion : dans mon esprit, "monnaie" vient de "<Junon> Moneta", c'est à dire "Junon qui prévient", dans le temple de laquelle on entreposait le trésor publique (d'où l'argent par métonymie)...
