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Interprétation de Keller

Posted: 17 Sep 2007 06:37
by SubEspion
Bonjour !

Je bloque sur un passage d'un bouquin. Je ne parviens pas à comprendre clairement ce que l'auteure veut dire en citant Helen Keller, voire même ce que Helen Keller dit elle-même :
La grande auteure et éducatrice Helen Keller, devenue aveugle et sourde très tôt dans son enfance, a dit un jour de l'odorat que c'était « l'ange déchu des sens ». Pourtant, bien qu'il paraisse rudimentaire par comparaison à celui d'un chien de chasse, notre odorat, ou olfaction, est en réalité assez bon — et beaucoup plus utile qu'on ne le pense.
Que veut-elle insinuer par "ange déchu des sens" pour désigner l'odorat ?

Merci beaucoup ! :hello:

Posted: 17 Sep 2007 09:11
by svernoux
Je ne sais pas trop, ange déchu, ça signifie quelque chose qui a été glorieux et est tombé en désamour (en gros). Donc, a priori, je comprendrais que ça signifie qu'à une époque, on prêtait beaucoup d'attention à l'odorat, mais plus maintenant.
Ceci dit, ça n'a pas beaucoup de sens je trouve, à moins que le contexte t'éclaire là-dessus.

Je pense que ça peut aussi être simplement une erreur, peut-être Keller voulait-elle dire que c'était le "parent pauvre" des sens ?

Posted: 17 Sep 2007 09:43
by Vikr
peut être dans le sens, où par rapport à une époque lointaine où l'espèce humaine s'en servait plus que maintenant, ce sens paraît moins utile e nos jours comparativement à l'utilisation qu'on en fait de nos autre sens

Posted: 17 Sep 2007 15:01
by SubEspion
svernoux wrote:Je pense que ça peut aussi être simplement une erreur, peut-être Keller voulait-elle dire que c'était le "parent pauvre" des sens ?
Vikr wrote:peut être dans le sens, où par rapport à une époque lointaine où l'espèce humaine s'en servait plus que maintenant, ce sens paraît moins utile e nos jours comparativement à l'utilisation qu'on en fait de nos autre sens
C'est sûr que l'époque du Parfum est lointaine ! Merci beaucoup ! :hello:

Posted: 17 Sep 2007 17:09
by Latinus
N'y a-t-il pas également le fait que les odeurs fortes perdent leurs lettres de noblesse ? C'est du moins une impression qui me semble dépasser le simple niveau de la supposition.
Je ne compte plus les personnes qui affichent le dernier des masques d'horreur lorsqu'un fromage un petit peu odorant (ok, un peu plus "qu'un petit peu") s'invite à table. Dans mes souvenirs d'enfance, c'était quand même moins partagé que cela.
De même, y'a-t-il encore beaucoup d'individus -hors intolérance cutanée- qui ne se mettent pas un peu de déodorant pour "bien commencer la journée" ou en guise de prérequis à toute activité sportive ?

De plus, même les odeurs sont "victime de la mode" (voilà un nom original pour un parfum...). De ce fait, on en arrive à "lisser" les odeurs qui peuvent être véhiculées dans notre environnement. Tout le monde sens les mêmes choses, avec quelques nuances chez soi... Ce qui, en semaine, ne représente de toute façon pas la majeure partie du temps "éveillé".

Peut-être qu'il y a donc de ça, dans cette l'expression. Que ce sens, pourtant très sensible aux parfums les plus subtils, n'est plus utilisé qu'à des fins somme toute très basiques en regard de ce dont il est capable.

... Fin de la pause café et du parfum qui l'accompagne ;)

Posted: 17 Sep 2007 21:09
by Nephilim
je rejoins un peu Vikr sur son interprétation. on n'est jamais que des mammifères - évolués, certes (encore que...) - qui se sont adaptés à leur habitat avant d'adapter leur habitat à eux-mêmes. ainsi, notre odorat a très probablement régressé depuis les temps où - à l'instar des grands singes - on se promenait recouverts de fourrure avec tous nos sens en éveil pour pas se faire bouffer par un carnivore.

je pense que Helen Keller, ayant perdu la vue et l'ouïe devait se reposer malgré elle sur les sens qui lui restaient : odorat et toucher, principalement. ainsi, elle a dû voir son odorat exacerbé à cause de (grâce à?) la privation de deux autres sens, émettant la constatation qui fait buter SubEspion.

car bien que d'autres mammifères sentent l'empreinte olfactive d'une proie à des mètres/kilomètres, l'odorat de Homo Sapiens lui permet tout juste de repérer l'odeur d'un MacDo à quelques mètres (et c'est hélas pas une prouesse de son odorat). en ce sens, l'odorat peut être vu comme l'ange déchu des sens : il est dédaigné et relégué derrière la vue et l'ouïe et on ne se rend pas compte de toute l'importace qu'il devrait avoir. Keller, bien malgré elle, si.

de manière plus empirique, je le constate assez bien en jouant de la guitare. suffit que je ferme les yeux (que je me prive de ce sens-là) et je me concentre davantage sur 1) la mélodie et le rythme, donc l'ouïe et 2) sur les déplacement de mes doigts, donc le toucher.

Posted: 17 Sep 2007 21:51
by Latinus
Nous utilisons moins consciemment notre odorat mais il n'en reste pas moins un sens essentiel.
Des méthodes pour faire (ou tenter, selon les cas) retrouver la mémoire à des amnésiques exploitent la mémoire olfactive qui est extrêmement riche.
Sans odorat, nous n'avons que peu de goût, alors que sans goût, nous avons toujours l'odorat. Il entre d'ailleurs en grande partie dans ce qu'on appelle le phénomène de "nos madeleines de Proust" (topic récemment initié dans Loka-Blabla à ce sujet)