
Bon, je commence... Mais ce genre de documents, 'faut y aller petit à petit
Pierre Matille, fils de feu Perrod Vuillot de la [.....] (1), homme qui se prétend sain d'esprit (2), jure par le présent serment, qui a été fait devant les saints ouvrages de Dieu (2), qu'il détient et posséde pour lui, pour ses hériters et pour ses futurs ayant-droit, de la part du très-redouté et souverain seigneur Monseigneur Louis d'Orléans, marquis de Routhelin, prince de Chastellallin [Chastelvallon ?], comte de Neuschatel du Charrolais, Visconte de Mollin, ainsi que des héritiers et successeurs de ce denier (quels qu'ils soient) les terres, possessions et héritages qui suivent :
1. Il y a manifestement un problème dans le texte, très vraisemblablement une "reprise du même au même" de la part du scribe : l'individu s'appelle "Perrod Vuillot de la Saigne", et cet homme est "saichant et bien adviser" (en gros : il a toute sa tête), "comme il afferme = comme il le prétend". Le scribe s'est emmêlé les plumes dans ces deux mots commençant par "Sai-" et à écrit un mot pour rien.
2. Tout ce document est une affirmation par serment, destinée sans doute à faire preuve en justice. Je ne sais pas très bien comment prendre le "fait & corporellement donné"... S'agirait-il d'une ordalie ? En plein seizième siècle, ça ferait un peut tard, mais ça n'est pas impossible. Ou plus vraisemblablement, il l'a fait
de vive voix, devant la croix, une Bible ou toute autre bimbeloterie religieuse censée donner force à son serment.
Premierement, ledit individu possède en indivision (1) avec Claude, fils de Pierre Mathille le Grand (2) et avec Blaise et Pierre, neveux (3) de ce deniers, le quart d'une accensation (4),
1. "partis et devis" signifie deux-fois la même chose (cf. "partition" en franglais moderne) = coupé en deux. La logique de la phrase serait qu'ils possèdent
ensemble un quart de l'accensation. Le fait qu'il soit mentionnés ensemble (Pierre II + Claude + Blaise + Pierre III), alors que plus loin son mentionnés les autres héritiers, me laisse penser que c'est une part indivise, et non pas un seizième chacun. Reste à déberlificoter l'arbre généalogique, ce qu'on ne pourra faire que lorsque l'on aura traduit tout le document...
2. le grand Pierre Matille : il faut sans doute comprendre qu'il y en a au moins deux, et qu'on parle ici du plus vieux ("P.M. senior") ; mais comme ils sont copossesseur d'une part de l'accensation, il est peu probable qu'ils soient père et fils (à moins qu'ils aient hérité de leur épouse et mère respective ; à voir).
3. "neveu" peut à cette époque
aussi bien signifier "neveu" que "petit-fils". Et à ce stade, on commence à se ronger les ongles.
4. Une accensation, c'est le fait de mettre une terre à cens, c'est-à-dire de faire payer un droit à quelqu'un pour qu'il l'occupe et la cultive. C'est-à-dire soit un affermage (le locataire paie en argent la location de la terre) soit un métayage (il paie en nature, une part de sa récolte).
Nos gugusses disent "posséder" cette accensation, donc je comprends qu'ils sont les
loueurs de cette terre, et qu'ils touchent indivisement un quart du loyer, qu'il soit en nature ou en monétaire ;
Reste à savoir, du reste, si pour autant cette terre leur appartient, parce que sous l'Ancien Régime, la propriété est une chose compliquée (on peut avoir le fructus et l'usus sans l'abusus ou l'inverse...). Toooooom ! Viens vite nous expliquer l'accensation parce que là je fatigue !
Enfin bref : notre Pierre Matille de la Saigne affirme qu'il possède une partie d'un quart d'un loyer sur une terre.
[La suite plus tard, parce que ça devient compliqué...]