
Quel régal, tout cela !
trés intéressant! merci pour la réponse.
nous pensons que la forme avec -at- de laquelle vous parlez peut être trouvé en le même verbe bhū. la forme bhavant- du participe présent actif est seulement le pratipādikā du nom. ses formes nominatives masculine, féminine et neutre, sont, respectivement, bhavan, bhavat et bhavantī (f.). en les deux premières formes --bhavan, bhavat--, seulement une consonne (la "n" ou la "t") se manifeste, et ne pas le "nt" entier, parce que deux consonnes ne peuvent rester ensemble au fin d'un mot. en bhavantī, le "nt" apparaît, parce que il y a la "ī" au fin du mot.
Exactement. Je pensais pour ma part aux verbes de la troisième classe, comme "hu", sacrifier, qui fait je crois "juhvat".
Le [n] est ce qu'on appelle en linguistique indo-européenne une sonante, c'est-à-dire un son qui est intermédiaire entre les voyelles et les consonnes, et peut suivant les situations se réaliser complètement comme consonne [n], complètement comme voyelle [a], ou bien dégager un voyelle avant lannconsonne [an]. Cf. aussi les terminaisons de la troisième du pluriel (qui n'ont aucun rapport étymologique) : "bharanti" mais "juhvati".
Les sons [m], [r], [l] sont dans la même situation. Vous-mêmes prononcez certainement la fin du mot "Brazil" presque comme une voyelle ou une diphtongue [ɨu] ou [ɨw], là où un Portugais prononcerait distinctement un [l] consonne.
mais la question du participe parfait passif est très intéressante. nous pensons que en la majorité des langues indo-européennes, on aussi trouve formes de participe parfait passif similaires au latin et au sanscrit (que, basiquement, ajoutent -t- au verbe, sans compter la désinence de genre et nombre).
par exemple, le portugais: comer ("manger") - comido ("mangé"), comida (mangée).
ou aussi falar ("parler") - falado, falada.
l'affixe commun à toutes les participes passés reguliers est ce -d-, très similaire au -t- du latin et du sanscrit.
Les langues romanes ont naturellement toutes hérité de la marque -tus, a, um du latin.
lat. comeditus > ptg. comido, esp. comedo
lat. fabulatus > ptg. falado, esp. hablado
lat. manducatus (-a) > it. mangiatto (-a), fr. mangé* (-ée)
lat. finitus > it. finito, fr. fini*
lat. reductus > it redutto, fr. réduit
En français, ça se voit beaucoup moins, car la langue a :
1. Dans un deuxième temps, fait passer tous les [t] intervocaliques à [δ] puis à rien du tout. C'est la raison pour laquelle on a au féminin -ata > -ée.
2. Dans un deuxième temps, fait passer une partie des [t] finaux à [θ] puis à rien du tout. Dans la Chanson de Roland, on a encore écrit "il manget" (prononcé [mãndȝeθ]), mais très vite, même en ancien français, on écrit et prononce "il mange".
Donc, pour les verbes réguliers, on a "chanté(e)" ou "fini(e)"... Mais certains verbes irréguliers ont gardé le -t : "écrit(e)", "réduit(e)"... C'est même parfois assez compliqué : le verbe "bénir" a deux participes : "béni(e)" et "bénit(e)" (et même trois avec "benoît", et quatre avec "benêt", qui ont pris un sens différent).
Cela étant, le mot anglais "faith", par exemple, est directement emprunté à l'ancien français archaïque "feid" < lat. fidum, et il se prononce exactement comme il se prononçait en français au douzième siècle, alors qu'aujourd'hui on écrit "foi".
ou aussi l'anglais, que fait les participes reguliers ajoutent -ed au verbe, mais nous ne savons pas si ça dérive du participe en latin.
Non, c'est une ressemblance fortuite.
Les formes de prétérit des verbes faibles germaniques (anglais -ed, allemand et néerlandais -te, suédois -de, etc.) sont en fait à l'origine des formes composées qui se sont agglutinées, la deuxième moitié étant la racine du verbe "faire" (anglais do, all. tun, néerl. doen, suédois ?).
Ah c'est intéressant, alors c'était une forme nominale qui est devenue adjectivale (participe) du verbe, comment ça c'est fait ?
C'est beauuuucoup plus compliqué que ça !
Et de toute façon, en diachronie indo-européenne, adjectifs et substantifs se distinguent peu morphologiquement, on parle uniformément de la classe nominale (ce sont les langues filles qui ont développé des marques proprement adjectivales). On doute s'il a existé ou non des marques proprement adjectivales en indo-européen, mais le meilleur argument "pour", c'est de dire qu'il existe des adjectifs dans les langues filles qui utilisent tous une marque
différente, ce qui serait la preuve qu'à l'origine il y avait la
même marque ! Ce qui est plus que paradoxal (l'exemple-type, c'est l'adjectif signifiant "nu" : gum-nos, nu-dus, na-ck-(ed/t) etc.).
Bon, promis, je vous explique les mystères du "to" indo-européen demain.