
Je ne serais pas étonné qu'il y eût une thèse sur la question : c'es typiquement le genre de champ sémantique qui se décrit assez bien selon les principes de "l'analyse componentielle" : chacun de ces mots réalise un certain nombre de "sème" (unité de sens), qui peuvent être plus ou moins obligatoires ou plus ou moins accessoires (pour faire chic, on dit "inhérent" ou "afférent"). Je me lance :
Fort :
- Sèmes inhérents : défensif, conçu pour tenir un siège, en dur.
- Sèmes afférents : équipement poliorcétique* sommaire,
- Sèmes neutres : occupation provisoire / occupation permanente. Sur du plat / sur une éminence.
Forteresse :
- Sèmes inhérents : défensif, conçu pour tenir un siège, conçu pour être imprenable, en dur.
- Sèmes afférents : particulièrement clos, pouvant servir de prison, occupation plutôt permanente.
- Sèmes neutrees : sur du plat / en hauteur.
Citadelle :
- Sèmes inhérents : défensif, conçu pour tenir un siège, en dur, en hauteur
- Sèmes afférentes : équipements poliorcétiques développés, équipements pour la vie courante développés (chapelle, casernes, puits, etc. cf. l'étymologie : une petite cité).
Château
- Sèmes inhérents : présence d'une partie partiellement résidentiel
- Sèmes afférentes : luxe, antérieur à l'apparition de l'artillerie, relatif à une noblesse d'arme ou de titre.
- Sèmes neutres : équipements poliorcétiques nuls / sommaires / développées, résidence d'invidividus / groupes.
Château fort
- Sèmes inhérents : donjon, conçu pour tenir un siège, antérieur à l'apparition de l'artillerie moderne, partiellement résidentiel.
- Sèmes afférents : moyen-âge occidental, équipements typique de cette époque (pont-levis, mâchicoulis, etc.)
*
Un fort peut n'être occupé que de façon provisoire et être vide ou quasi-vide en temps de paix ou s'il est loin des opérations : le fort de Douaumont (qui n'était occupé que par une maigre escouade en 15). C'est le terme le moins marqué.
Un fort fait partie d'un ensemble poliorcétique : il y a plusieurs forts pour défendre une ville (et au besoin des fortins en avant de chaque fort). Alors que la citadelle est la pièce maîtresse de la défense d'une ville.
Une forteresse évoque quelque chose de foncièrement imprenable (y compris au sens figuré : une vraie forteresse). Alors qu'un fort ou un fortin n'offre qu'une résistance calculée (comme une porte coupe-feu). Une forteresse sert donc de place-forte y compris pour des activités non-militaires : prison, dépôt bancaire, etc.
Un château (fort ou non) suppose toujours une possibilité de résidence, pas forcément luxueuse à l'origine, mais qui dans l'histoire finit par supplementer la vocation défensive. De cette possibilité de résidence naît l'idée d'un pouvoir politique qui en dépend (du châtelain, sur sa châtelenie, etc.). C'est en ce sens que certains ouvrages de croisés en Terre Sainte sont des châteaux : ils permettaient le (maigre) pouvoir des souverains latins.
Pour l'explication de citadelle, fortin, redan, demi-lune, escarpe, contre-escarpe... Enfin bref, toute la beauté sublime de la poliorcétique vaubanienne (je viens de Besançon, je le rappelle

), il y avait un documentaire sur arte il y a quelque jour, certainement en replay sur le site.