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"Dangling modifiers" en français

Posted: 11 May 2024 12:28
by aymeric
Bonjour,

En anglais les "dangling modifiers", des subordonnées qui ne sont pas régies par le sujet de la principale dont elles dépendent, sont décrits comme une faute courante. Ex: Without knowing his name, it was difficult to introduce him. Ou encore : To be excused from class, a doctor’s note is required.

Est-ce que cette règle est d’application aussi stricte en français ? Je lis surtout en anglais, et j’ai été frappé par la phrase suivante, que j’ai lue dans la préface d’un dictionnaire Larousse des synonymes de 1974 : Les mots, en laissant de côté leurs affinités d’origine ou de sens, leur date d’apparition dans la langue, sont rangés dans l’ordre purement alphabétique, le plus commode pour la consultation. La syntaxe m’a tout de suite semblé bancale, mais peut-être parce que je suis trop influencé par l’anglais (d’après la logique de cette phrase, ce sont les mots qui laisseraient de côté leurs affinités etc.). Comment serait-elle jugée selon la grammaire prescriptive française traditionnelle ?

Merci d’avance.

Re: "Dangling modifiers" en français

Posted: 12 May 2024 01:58
by Sisyphe
:meuh: Assises sur la barrière, les vaches nous regardaient :meuh:

:meuh: En allant à l'école, les vaches nous regardaient :meuh:

On parle parfois d'anacoluthe participiale (j'ai un autre nom avec les élèves ;) ), au moins dans des articles universitaires.

Mais Grevisse §328 reconnaît qu'il y a beaucoup de contre-exemples, surtout avec les gérondifs et quand il n'y a pas d'ambiguïté possible, et l'usage était encore mal fixé en français classique. Techniquement parlant, un proverbe comme l'appétit vient en mangeant devrait être analysé comme une erreur.

Re: "Dangling modifiers" en français

Posted: 12 May 2024 22:34
by aymeric
Merci Sisyphe !
Sisyphe wrote: 12 May 2024 01:58anacoluthe
Un terme qui nous est si familier, mais pas dans le même contexte :lol:
Sisyphe wrote: 12 May 2024 01:58 Mais Grevisse §328 reconnaît qu'il y a beaucoup de contre-exemples, surtout avec les gérondifs et quand il n'y a pas d'ambiguïté possible, et l'usage était encore mal fixé en français classique. Techniquement parlant, un proverbe comme l'appétit vient en mangeant devrait être analysé comme une erreur.
Intéressant ! C’est drôle de constater parfois cette intransigeance sur la syntaxe qu’affichent certains anglophones (surtout américains, je dirais ?) alors que l’imprécision sémantique effarante de l’anglais actuel ne semble pas les embêter plus que ça. Mais en l’espèce, il faut bien avouer qu’ils sont plus cartésiens que nous pour une fois.

Re: "Dangling modifiers" en français

Posted: 13 May 2024 17:35
by Andergassen
C'est vrai, il me semblait bien avoir vu ce terme quelque part dans ma lointaine jeunesse, proféré par un marin barbu et râleur. Je m'imaginais alors quelque chose comme un insecte bizarre.
Merci Sisyphe ! :jap:

Re: "Dangling modifiers" en français

Posted: 17 May 2024 18:45
by svernoux
Je suis étonnée que tu trouves les anglophones intransigeants à ce sujet, car cette tournure est si courante en anglais que j'ai toujours pensé qu'elle était considérée comme correcte en anglais !

En français, c'est une erreur, et personnellement elle me choque partout où je la rencontre, mais malheureusement on la rencontre beaucoup !

Re: "Dangling modifiers" en français

Posted: 18 May 2024 21:47
by aymeric
svernoux wrote: 17 May 2024 18:45 Je suis étonnée que tu trouves les anglophones intransigeants à ce sujet, car cette tournure est si courante en anglais que j'ai toujours pensé qu'elle était considérée comme correcte en anglais !
Alors bien sûr, je ne parle pas de l’anglophone moyen qui utilise ces tournures quarante fois par jour. Je parle des anglophones un minimum prescriptifs qui connaissent ces règles et sont très pointilleux quand il s’agit de les appliquer et de dénicher les erreurs des autres. Je l’ai beaucoup remarqué à la fac aux États-Unis où, quelque soit la matière (même en éco, en gestion, en communication d’entreprise, etc.), il était impensable de laisser traîner des "dangling modifiers" et autres incorrections dans nos devoirs écrits. J’y ai connu aussi de jeunes adultes qui répondaient au téléphone par un "yes, this is I", ce que je n’ai d’ailleurs absolument jamais entendu en Angleterre. Et de manière générale, quand je lis des manuels d’enseignement américains, j’ai souvent cette impression d’hypercorrection (et de politiquement correct) que je n’ai pas du tout ressentie pendant la suite de mes études à Londres.
En français c’est peut-être une erreur, mais j’ai l’impression qu’elle est beaucoup moins diabolisée quand il n’y a pas d’ambiguïté.