Oh là oh là, du calme ! Peace and Love les gars !
Bon
POUR PWYLL 1 : je voulais dire : il n'y a plus personne en Bretagne qui ne parlerait QUE le breton et absolument pas le français. Sauf à avoir 140 ans, tout le monde même plus veilles paysannes dans les coins les plus reculés de la campagne bretonne sont passé par l'école française.
On a reparlé récemment de l'affaire Dominici : une des choses dont je me souviens était que Gaston Dominici ne parlait quasiment que le patois. Un cas pareil, à ma connaissance, n'existe plus.
Maintenant, que dans certains familles l'usage du breton soit encore grand, sans doute, j'en sais rien, j'habite de l'autre côté. En Alsace, par exemple, il arrive encore que des jeunes gens parlent Alsacien (essentiellement pour ne pas se faire comprendre des autres). Mais ce qui est paradoxal, c'est que ce sont de moins en moins des gens de la campagne et de plus en plus des gens "instruits"..
... Nan, c'est mal dit, on va croire que je traite les agriculteurs d'imbécile.
Je recommence : soit le facteur urbain/campagnard et le facteur niveau d'instruction bas/ niv. d'instr. élevé (par ex. bachelier/non bachelier). Avant, le noyaux dialectal était : campagnard, peu instruit. Aujourd'hui, il se déplace vers : urbain/instruit. Les catégories qui abandonnent le plus les dialectes sont les deux autres : campagnard/instruit (parce qu'ils veulent quitter cette identité campagnarde qu'est le dialecte) et urbain/peu instruit (parce qu'ils veulent ressembler à ce qu'ils croient être "l'idéal urbain".
POUR PWYLL 2 : Tu soulèves un problème juste dont je n'ai pas eu le temps de parler dans mon message, mais (si je puis me permettre) avec un sarcasme qui n'est peut-être pas nécessaire.
Effectivement, qui parle réellement breton ? Essentiellement de vieilles gens de la génération de nos grand-mères. Qui sont reçus aux CAPES, des jeunes, dont le contact avec le breton est déjà "dégradé", il y a une génération (nos parents, sauf les militants soixanthuitardo-régionalistes) qui a "perdu" le breton, l'alsacien, etc. - Kokoyaya a raison de proposer le service de "location de vieux" (dit comme ça c'est un peu comique

).Nous nous sommes intéressé à ces langues un peu tard.
Et puis il y a un autre problème : le français a cinq siècles de grammairiens derrière elle. Le breton pas. Je crois savoir que même la simple question de l'orthographe n'est pas tout à fait réglée.
Et de manière connexe : le breton (ou les autres) possède-t-il réellement un vocabulaire complet ? Bien sûr, l'argument "jacobiniste" qui consiste à dire que "de toute façon ces langues ne peuvent pas exprimer des concepts modernes" est biaisé, car toute langue a des capacités néologistiques (cf. l'hébreux, ex langue morte). Je sais très bien qu'on peut dire des choses très technique en breton (perso j'ai quelque par un vinyl dont la pochette est entièrement en breton, y compris "disque microsillon 33 tours. Dépôt légal 3e trimestre 73. Pressage au usines de Machin-Biduleg sur Kevlar triphosphaté, procédé breveté" - mais le vieux pêcheur breton y comprend-il quelque chose ?)
(je dis "breton", j'aurais pu dire "corse" ou "alsacien")
POUR KKYY : il serait bon que la constitution donne une forme aux langues régionnales, ne serait-ce que pour l'aérer un peu. Mais je doute que cela change tout. Les langues régionnales ont surtout besoin d'une autorité claire et reconnue ; j'ignore s'il existe une académie du breton et si elle est reconnue, mais si j'en juge par les messages précédent, y'a comme un problème !
Pour ce qui est des écoles Diwan ; je suis d'accord dans le fond, mais dire "y'a qu'à" est peut-être un peu simple. Le concours de recrutement de l'éduc' nat' sont publiques, nationaux et anonymes - et c'est un principe pour lequel je suis prêt à combattre usque ad mortem. Comment faire pour recruter sereinement des profs de maths bretonisants ? Organiser un CAPES de math réservé ? Mais alors on s'expose aux sarcasmes de Pwyll : un franc-comtois bûcheur qui aura bien révisé risque d'être plus facilement recruté qu'un vrai locuteur du breton.
Pour que vraiment le breton (le corse, l'alsacien...) se maintienne avec la même vigueur que le français, il faudrait que non seulement l'enseignement se fît dans ces langues, mais qu'encore il y eût des télés dans ces langues (et pas vingt minutes consacrées à la pêche à la sardine sur France 3 à 18h30 ; il faudrait que les Feux de l'Amour et autre Star Academy soient doublés en breton !), voire que l'administration des instances locales utilisât en partie au moins ces langues. C'est pas gagné.
Mais bon, c'est peut-être pas la peine de se taper dessus non plus.