
Et c'est parti pour un petit cours du professeur Sisyphe.
Bon, arrêtez de discuter et ouvrez vos cahier. Titre de la leçon : les accents et autres signes diacritiques du grec.
Les accents ont été inventés par le grammairien Aristophane de Byzance, qui vivait à Alexandrie au IIe siècle avant JC. Mais leur usage n'est que partiel pendant toute la période antique (on les met pour différencier des mots quand c'est nécessaire, sinon, non). Ils ne se généralisent que pendant la période bzyantine, avec l'invention de la minuscule.
Le grec ancien était une langue à ton : comme le chinois, mais moins développé. Disons plutôt comme les Suisses romands quand ils causent. Car il n'y avait que deux hauteurs, que nous allons symboliser par 1 et 2 - 1 étant le ton de départ.
- l'accent aigu : marque que la voix monte de 2
- l'accent grave : ne sert que la voix reste à 1 là où l'on s'attendait à ce qu'elle montât vers 2. Car dans l'enchaînement de la phrase les tons s'annullent.
ex. mikrós (petite) -> tò mikròs oîkos (la petite maison)
- l'accent circonflexe : qui peut se faire comme le nôtre ^ ou sous la forme d'un tilde ~ marque que la voix fait 2-1.
Par conséquent, l'accent circonflexe ne peut se trouver que sur des longues, qui valent deux brèves. Entre autre, comme l'a dit KKYY, sur les datifs.
On le trouve aussi sur les contraction, ce qui est logique, car dans "agapao" "j'aime", on avait originellement áò = 2-1 -> agapỗ (o long (omega) accent circonflexe) avec ỗ = 2-1.
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Pour savoir où se trouve un accent en grec et quel il est, il faut.... l'apprendre pas coeur. Hélas ! Cela étant, les accents ne remontent jamais en deçà de l'antépénultième syllabe (trois avec la fin).
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Il ne faut pas confondre les accents avec les esprits (au sens latin du mot ! Spiritus = souffle), qui se trouvent uniquement sur une voyelle de début de mot (ou à la rigueur sur la consonne r).
- L'esprit rude, qui se fait comme une parenthèse ouvrante " ( ", indique qu'il y a un souffle, un H, au début du mot, qu'en latin on transcrit par un h : hippos "cheval".
- L'esprit doux marque simplement l'absence de ce souffle.
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Il y a enfin des iotas souscrits (mais les Grecs ne les écrivaient pas ainsi, c'est une habitude byzantine). Ce sont des iota, la lettre i, mais tout rabougris, comme une petite cédille, que l'on met sous des voyelles longues. L'ensemble formait une diphtongue à premier élément long, le i était à peine prononcé. D'ailleurs il ne l'est plus et je crois qu'ils ont disparus aussi.
Enfin il y avait des trémas : ¨, pour séparer deux lettres comme en français : aïdreïa = a-idre-i-a et non pas aidreia (ai, ei = diphtongues).
Voilà, vous pouvez remballez vos affaires. La semaine prochaine, interrogation écrite.