Pixel wrote: Moi j'aimerais bien poser une question : à partir de quand peut-on dire qu'une langue est une langue ?
Quand je vois des traductions de suédois et danois, je me dis : mais ça se ressemble vachement ! et pourtant ce sont des langues différentes... Le serbe et le croate, ça doit se ressembler aussi...
La différence langue/dialecte/patois, nous en avions déjà beaucoup discuté sur un autre topic (je ne sais plus lequel), mais peut-être était-ce avant ton arrivée. Là j'ai pas trop le temps, et puis quitte à dévier un sujet, autant ne le dévier que dans un seul sens

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Ann wrote: Pour le Québécois j'avoue que je ne comprends pas pourquoi on se fait autant de problèmes alors qu'il y a bien longtemps que les dictionnaires de langue espagnole et de langue anglaise accueillent toutes les variétés des différents pays hispanophones et anglophones, et s'ils marquent les mots appartenant à ces différentes variétés en notant l'origine (et on trouve aussi des marques "britanniques" pour l'anglais d'angleterre) ils ne se demandent pas s'il s'agit de la meme langue. Pourquoi sommes nous aussi frileux dans nos dictionnaires, et n'intégrons les mots des différentes variétés que dans des dictionnaires "francophones" comme si les autres variétés de français que le français de France devaient etre considérées comme hors langue française!!!
Oui mais la faute n'en revient-elle pas en partie aux Québécois eux-mêmes ? Je trouve les Québécois un peu schizophrènes sur la question de la langue. D'un côté ils donnent dans l'hypercorrection notamment lexicale, et de l'autre ils sont très larges vis-à-vis de la grammaire, d'un côté les autorités poussent à la francisation maximale, et de l'autre certains disent "moi je parle pas le français de France" et commettent anglicisme sur anglicisme, d'un côté ils maudissent les Français et de l'autre j'ai l'impression qu'il se réfèrent toujours à la France comme modèle linguistique.
Mon oncle a plusieurs copains québécois, et deux en particuliers, qui curieusement ne s'aiment pas beaucoup. L'un est indépendantiste québécois et va faire ch** les "dépanneurs" au beau milieu de la nuit pour vérifier que TOUTES les étiquettes sont bien écrites dans les deux langues ; l'autre est "pro-Canada" et son discours est truffé d'anglicismes.
Je vais me faire lyncher par les Québécois, là... Mais je le fais un peu exprès
C'est pour provoquer
Quant à ce que tu dis des dicos anglophones qui intègrent les variantes contrairement aux dicos francophones, je nuancerais un petit peu : un "petit" unilingue comme le Collins que j'ai chez moi donne US et UK, certainement pas les Antilles ou l'Afrique. Et si ce dictionnaire
britannique donne les variantes US, je doute un peu que ce soit par noblesse linguistique et souci scientifique... C'est tout simplement que l'anglais UK est de plus en plus bouffé par l'anglais US. Un mode d'emploi de friteuse fabriquée en Chine aujourd'hui écrit d'autorité "color", pas "colour", etc.
Les relations entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis sont des relations de domination culturelle ; c'est un peu "gros" de le dire comme ça, mais c'est une réalité : presque 90 % - chiffre exact dans l'un des "Monde 2" de ces derniers mois, mais la flemme de le retrouver - des films distribués en Angleterre sont américains (nous, nous n'en sommes "que" à 50 %). Alors que les relations entre le France et le Québec sont plutôt des relations d'ignorance, plus ou moins bienveillante. C'est vrai qu'il y a une frilosité mutuelle - mes propos précédents pourraient passer pour son illustration. "Nous sommes trop européens, ils sont trop américains", en gros. Bien sûr il serait bon, du point de vue scientifique, que nos dictionnaires français intégrassent les locutions québécoises ; mais de ce côté-ci de l'Océan, ça ne va pas changer grand-chose de savoir ce que veut dire "magasinage", du moins tant qu'il n'y aura pas une littérature québécoise au programme dans les classe des lycées. Il me semble par contre beaucoup important qu'au Québec même les dictionnaires soient
québécois, sans qu'ils éprouvent le besoin d'être adoubés par le "Français de France" ; et sans pour autant donner dans un anti-normisme libéral ("moi je parle le québécois comme tout le monde cause"), qui tournera immanquablemnet à l'avantage de l'anglais.