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ronfler

Posted: 04 Feb 2005 15:18
by ann
:-o je trouve dans mes bilingues français-italien (collins et garzanti) comme équivalent à ronfler borbottare qui signifie "grogner, raler". Et dans le Garzanti cet exemple:
2 (fam.) borbottare: il n'arrête pas de —, non la smette di lamentarsi
il n'arrete pas de ronfler qui signifierait "il n'arrete pas de se plaindre". Je suis allée chercher dans mes monolingues et aucun ne rend compte d'un tel sens du verbe ronfler.
Je connais : "il ronfle" pour "il ennuie / il est chiant" = il est ronflant mais ce "il n'arrete pas de ronfler" me semble une jolie création.
Est-ce que l'un de vous le connait?
merci pour vos commentaires! :hello:

Posted: 04 Feb 2005 15:44
by silverjew
jamais entendu un tel emploi de ronfler, désolé!

Posted: 04 Feb 2005 15:47
by ann
en effet, j'avais oublié de dire que si vous non plus ne le connaissez pas ça m'intéresse de le savoir puisque mon doute est justement qu'il s'agisse d'une création copiée de dictionnaires en dictionnaires...
:hello:

Posted: 04 Feb 2005 15:51
by silverjew
je suis content d'avoir pu t'aider très chère

Posted: 04 Feb 2005 15:52
by ann
merci merci !!!

ronfler

Posted: 04 Feb 2005 15:58
by meta
J'ai fait un petit sondage parmi mes collègues français spécialistes de langue et il semble que cet emploi soit absolument fautif. Tu es donc tombée sur un exemple forgé à la hâte...

Re: ronfler

Posted: 04 Feb 2005 17:23
by Nemo
ann wrote:Je connais : "il ronfle" pour "il ennuie / il est chiant" = il est ronflant mais ce "il n'arrete pas de ronfler" me semble une jolie création.
Est-ce que l'un de vous le connait?
merci pour vos commentaires! :hello:
Je ne connais aucune de ces deux expressions.

Ou alors gonfler/gonflant dans le sens où tu utilises ronfler/ronflant (où as-tu rencontré cet emploi de ronfler?)

ronfler

Posted: 04 Feb 2005 17:51
by GERY
j'écris de la part de de mon petit ami français - ce sens ne lui dit rien du tout :-o !!!

Posted: 04 Feb 2005 21:01
by Sisyphe
:D Pour ma part, l'expression ne me dit absolument rien.

Rien non plus en franc-comtois, j'ai vérifié.

Quant à Littré

RONFLER (ron-flé), v. n.

    
1° Faire le bruit nommé ronflement. Tout ronflait et de bonne sorte, SCARR. Virg. II. Il n'y avait pas longtemps qu'il dormait, ronflant comme une pédale d'orgue, ID. Rom. com. II, 16. Il dort le jour, il dort la nuit et profondément, il ronfle en compagnie, LA BRUY. VI. J'entends ronfler autour de nous, dit Leandro Perez, et je crois que c'est ce gros homme que je démêle dans un petit corps de logis, LESAGE, Diable boit. 16. Je n'osai jamais interrompre ma lecture, et continuai de lire tandis qu'il continuait de ronfler, J. J. ROUSS. Confess. IX.
    
2° Il se dit d'un cheval à qui la peur, la colère, etc. fait faire un certain bruit des narines.
    
3° Fig. et familièrement. Faire un bruit prolongé, en parlant de certaines choses bruyantes. Le canon ronflait de ce côté. Une toupie qui ronfle. Il faut entendre aussi ronfler les violons, Et je veux avec vous danser les cotillons, REGNARD, le Légat. II, 4. Et les échos de ces sauvages bois Où le dieu Mars fait ronfler son tonnerre, MARMONTEL, Polym. ch. I.
    Fig. Faire ronfler des vers, les déclamer avec emphase. Ils ne savent pas faire ronfler les vers, et s'arrêter au bel endroit, MOL. Préc. 10. Vingt poëtes épris Sur de sublimes tons font ronfler Melpomène, VOLT. Ép. 104.
    Il se dit de ce qui est ronflant. Je conviendrai qu'en effet, lorsqu'un vers ronfle bien dans la bouche d'un acteur, quelquefois le parterre ne demande rien de plus, D'OLIVET, Rem. Rac. 75.
    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

HISTORIQUE :

    XIVe s. Mais ceulx dormant à qui il s'aloit desraignant [parlant], Nul mot n'ont respondu ; aincois vont fort ronflant, Guesclin. 19474.
    XVe s. Et le cheval qui devant le duc alloit atout les deux escuyers, quand il sentit iceux derriere lui, il commença à ronfler et à avancer, MONSTREL. I, 36.
    XVIe s. Il ne vouloit point de soudards qui ronflassent plus fort en dormant, qu'ilz ne crioient en se battant, AMYOT, Caton, 17. ...Puis en le caressant [Bucéphale] un peu de la voix et de la main tant qu'il le veit ronflant et soufflant de courroux.... ID. Alex. 9. Ils faisoient ronfler leur contrat et ordonnances bien hautement de ceste qualité, CARL. III, 25. Après avoir faict ronfler [tirer] son artillerie.... ID. IV, 14. Barbare peuple, arrogant et volage, Vanteur, causeur, n'ayant rien que langage, Qui, jour et nuict dans un poisle enfermé, Pour tout plaisir se joue avec un verre, Ronfle à la table ou s'endort sur la terre, DESPORTES, Diverses amours, XLIII, Adieu à la Poloigne. [Caton, prêt à se tuer] se print si profondement à dormir, que ses valets de chambre l'entendoient ronfler, MONT. I, 340.

ÉTYMOLOGIE :

    Provenç. ronflar ; toscan, ronfiare ; sicilien, runfuliari ; vénét. ronflar ; ce sont, d'après Diez, des onomatopées. On a dit ronchier, qui vient de rhoncare : XIIIe s. Vos me ronchiez lez l'oïe, Cant je dor leis vos costeiz, Arch. miss. scient. 2e série, t. V, p. 240.
Rien du tout non plus donc.

Le TLF est muet je pense.

:loljump: Bref, je pense que tu as raison : c'est une invention de dictionnaire. Approximation à partir de "ronflant" = "ennuyeux" ou "il ronfle", copié et recopié de dico en dico...

:-? Les dictionnaires de thème de grec ancien sont spécialistes de ce genre de choses : il faut dire que le plus récent date de 1956, et qu'ils étaient fabriqués de manière assez "artisanale" par des profs de lycée. Les deux présents sur le marché se copient l'un l'autre, jusque dans l'ordre des exemples ! Et en bon rat de bouquinerie, je peux même te dire que le plus ancien encore disponible (Feuillet) copie éhontément un plus vieux désormais introuvable mais que je possède (Defaucompret) qui avoue lui-même à mots couverts reproduire un plus ancien encore, qui n'était qu'une traduction de l'allemand. Et c'est ainsi qu'un "Parthênometôr" comme traduction de "Sainte Vierge" (qui existe, certes, mais en grec byzantin !) se promène ici et là.

Les dicos français-latin, eux, inventent carrément.

Mais ces amuseries ne sont pas limitées aux dicos de langues mortes. Si un jour tu tombes dessus, lis donc l'introduction du récent dictionnaire français-grec moderne (de Kauffman, si je ne me trompe) : il règle ses comptes avec certains précédents, et la liste des fautes est à se tordre.

Posted: 04 Feb 2005 21:08
by ann
merci :hello: j'avais lu déjà tout l'article du TLF et vu qu'il n'y avait rien... Super j'ai pris en flagrant délit de copie de faute euh qui a copié qui est-ce Garzanti qui a copié Collins (surement pris du Robert et Collins( ou le contraire!!!
on pourrait ptet faire un post intitulé "erreurs de dictionnaires"?

Posted: 05 Feb 2005 01:15
by ka
A Marseille on dit: "il fait le ronflant" pour dire que quelqu'un se donne de l' importance, se vante.

Posted: 05 Feb 2005 01:34
by ka
Et pourtant en anglais: snore: ronfler et snort qui pour un humain peut signifier grogner ronchonner ont la même origine. (cf SOED)Le son émis par une personne qui ronfle est très proche de celui émis par une personne qui ronchonne.

Posted: 05 Feb 2005 01:46
by Nemo
Sisyphe wrote::loljump: Bref, je pense que tu as raison : c'est une invention de dictionnaire. Approximation à partir de "ronflant" = "ennuyeux" ou "il ronfle", copié et recopié de dico en dico...
Je renouvelle la remarque que j'avais faite à Ann : je n'ai vu ni entendu nulle part ronflant utilisé avec le sens de ennuyeux.

Tu peux m'éclairer à ce sujet? :hello:

Le TLF donne pour ronflant dans son sens figuré trois significations qui ont toutes un sens péjoratif mais ne se rapportent pas à l'ennui : 1. Grandiloquent (style ronflant) 2. Qui laisse espérer beaucoup, mais souvent déçoit (promesses ronflantes) 3. Ostentatoire

Posted: 05 Feb 2005 02:29
by Sisyphe
... Celui qui s'approche d'ennuyeux dans mon esprit était le sens un, grandiloquent, mais appliqué à un être humain. Un être ronflant est dans mon esprit quelqu'un d'ennuyeux à force de loquacité mal placée et forcément prétentieuse comme moi oui je sais .

Ex. : es films "intellos" français ont une certaine tendance à être ronflants ;)

Le sème "ennui" n'y est pas premier, mais dans mon esprit il était indissociable.

Cela n'enlève rien cependant au fait que "ronfler = ennuyer" est une pure bafouille de dictionnaires.

@Ann : le sujet que tu proposes est très intéressant et j'aurais sans doute des choses à y dire. Je te laisse l'honneur de l'ouvrir.

Posted: 05 Feb 2005 10:17
by ann
Excuse moi Nemo de ne pas t'avoir répondu mais Sisyphe l'a fait amplement. POur le sujet, je m'en occupe aujourd'hui ;)