cherche à comprendre citations latines lues dans une église

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Pany
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cherche à comprendre citations latines lues dans une église

Post by Pany »

Bonjour à tous.

Ma curiosité a été piqué au vif :-o , dans une église de l'est de la Belgique, où j'ai eu mon attention attirée par quelques citations sur les murs. Je vous les retranscris mot pour mot telles qu'elles sont rédigées, y compris l'emploi des majuscules (dont j'ai remarqué qu'elles correspondaient aux chiffres romains, sans en comprendre la raison) :

LeonarDo röMer aUCtore resUreXi ë CInere phœnIX

MarIae sIne Labe ConCeptæ Læte CUnCta psaLLIt eCCLesIa

teXtorUM Dona sUperIs fraCIsCo oUe gLorIa

Étrange, non? Certains mots sont évidents, mais je ne comprends rien au contexte ni à l'ensemble. Qui peut m'aider? D'avance merci. :zoum:
Olivier
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Re: cherche à comprendre citations latines lues dans une égl

Post by Olivier »

pas très cohérent en effet si c'est ensemble...
1e ligne: fait par Léonard Römer - le phénix est ressuscité des cendres
(-xit plutôt que -xi "moi le phénix j'ai ressuscité"?)
2e ligne: toute l'Église chante des psaumes pour Marie (bien)heureuse conçue sans tache
3e ligne je ne vois pas - TOM? (Francisco? ave?suae? que fait là superis?)
-- Olivier
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tom
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Post by tom »

Olivier a été plus rapide que moi : ce message fera donc en partie double emploi. Tant mieux pour vous, Pany : vous pourrez comparer...



Il me manque quelques infos pour répondre avec certitude. Ainsi,
1) l'existence de "¨" me surprend un peu : d'habitude, les artisans choisissent l'orthographe "oe" plutôt que "ö", etc ; êtes-vous bien sûr qu'il s'agit de cela, plutôt que de simples poinçons dans le mur (marque du tailleur de pierre, etc.) ?
2) quel est le cadre précis des inscriptions ? Peut-on envisager un sens funéraire ?

Il y a donc quelques hésitations possibles. Mais en gros :

"LeonarDo röMer aUCtore resUreXi ë CInere phœnIX"
Je suis ressuscité de mes cendres [tel le] phénix, par l'autorité (le savoir-faire ? le travail d'artisan ?) de Leonardo Römer

MarIae sIne Labe ConCeptæ Læte CUnCta psaLLIt eCCLesIa
Toute l'Eglise chante [les louanges de] Marie (bien)heureuse, conçue sans tâche [ = sans péché]

teXtorUM Dona sUperIs fraCIsCo oUe gLorIa
(je choisis de considérer que "superis" tient lieu de "superius") : Pour Franciscus Ove, le don de texte est [ou : fut] la plus grande gloire. On imagine bien là l'épitaphe d'un écrivain pauvre -ou radin ?-, qui n'a jamais fait d'autre don que ses écrits.

Reste l'emploi de majuscules... Votre observation selon laquelle ce sont les lettres-chiffres qui sont ainsi mises en valeur est très fine. Mais j'ai beau chercher, je n'arrive pas à un résultat cohérent (dans le cas du deuxième texte, par exemple, MIILCC est déjà une combinaison impossible...). Du coup, je ne vois que trois solutions :
- un code trop fin pour moi ;
- un effet de style ;
- l'hypothèse qui a ma préférence : il est probable que l'artisan disposait d'un outil préfabriqué pour les lettres servant à graver les chiffres. N'a-t'il pas ménagé sa peine, et employé ceux-là même dans un texte littéraire ?

Vous choisirez entre ces trois hypothèses, dont la première est évidemment bien plus romantique, mais -hélas- un peu moins vraisemblable ). :c-com-ca:
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svernoux
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Post by svernoux »

tom wrote:MarIae sIne Labe ConCeptæ Læte CUnCta psaLLIt eCCLesIa
Toute l'Eglise chante [les louanges de] Marie (bien)heureuse, conçue sans tâche [ = sans péché]
Juste une remarque de pure logique, car je n'y connais strictement rien en latin : ça serait pas plutôt "Marie concevant sans tache" ? Parce que ce n'est pas Marie qui a été conçue sans tache, mais c'est Marie qui a conçu le Christ sans tache.
Auquel cas on pourrait traduire par "l'Immaculée Conception", non ?
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Olivier
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Post by Olivier »

svernoux wrote:Parce que ce n'est pas Marie qui a été conçue sans tache, mais c'est Marie qui a conçu le Christ sans tache.
Auquel cas on pourrait traduire par "l'Immaculée Conception", non ?
Si si, l'immaculée conception c'est Marie qui a été conçue sans tache.
-- Olivier
Last edited by Olivier on 27 Apr 2005 15:13, edited 1 time in total.
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svernoux
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Post by svernoux »

Ah oui, je savais pas dis donc... Sorry alors !
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Sisyphe
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Post by Sisyphe »

svernoux wrote:
tom wrote:MarIae sIne Labe ConCeptæ Læte CUnCta psaLLIt eCCLesIa
Toute l'Eglise chante [les louanges de] Marie (bien)heureuse, conçue sans tâche [ = sans péché]
Juste une remarque de pure logique, car je n'y connais strictement rien en latin : ça serait pas plutôt "Marie concevant sans tache" ? Parce que ce n'est pas Marie qui a été conçue sans tache, mais c'est Marie qui a conçu le Christ sans tache.
Auquel cas on pourrait traduire par "l'Immaculée Conception", non ?
;) et grammaticalement parlant, "conceptae" est bien un participe passé passif. Les participes passés du latin se caractérisent par un -t-, avec divers accidents phonétiques, mais que l'on retrouve en italien (-to) et en espagnol (sonorisés : -do), et d'ailleurs aussi en anglais (-ed) et en allemand (-t, le "ge" n'est pas, à l'origine, une marque de participe, mais d'aspect). "concevant" ce serait "concipientis".

Concernant l'immaculé conception, effectivement, c'est Marie. j'ai le souvenir d'une querelle dans Libération entre cathos progressistes, cathos conservateurs et purs mécréants pour savoir si cela impliquait ou non la virginité de Sainte Anne, la mère de Marie
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Post by Guest »

Mille mercis à vous tous ; vous avez été très prompts à me donner vos conclusions et toutes les conclusions auxquelles vous arrivez réunies me donnent une interprétation qui satisfait pleinement ma curiosité.

Pour ce qui est de l'emploi du "¨", aucun doute possible ; c'est bel et bien l'Umlaut allemand vu que nous nous trouvons là en région de langue allemande. Leonard Römer serait donc l'artisan, d'origine germanique. Pour faire court, j'ai dit que ces citations étaient murales ; en fait, elles sont peintes en lettres dorées au frontispice du jubé et d'autres ornements en bois ; nul poinçon, nul outil employé car la facture de chaque lettre est différente car visiblement réalisée sans gabarit, à main levée. Franciscus me semble être Saint François d'Assise vu la morphologie caractéristique de la statue que surmonte cette citation (on l'a tous vu sur "photos d'époque" ;) ).

Merci encore ; je n'entrerai plus dans cette église torturé par ma curiosité, laquelle est maintenant satisfaite! Si vous passez par Eupen, en Belgique, à quelques kilomètres d'Aix-la-Chapelle, entrez donc dans cette église Sainte-Marie, dite "église du Couvent" ; vous y retrouverez ces citations et penserez à nos sympathiques échanges!
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tom
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Post by tom »

tom wrote: teXtorUM Dona sUperIs fraCIsCo oUe gLorIa
(je choisis de considérer que "superis" tient lieu de "superius") : Pour Franciscus Ove, le don de texte est [ou : fut] la plus grande gloire. On imagine bien là l'épitaphe d'un écrivain pauvre -ou radin ?-, qui n'a jamais fait d'autre don que ses écrits.
Me voilà réduit à me citer moi-même... pour signaler que ça ne colle pas du tout, ce que j'ai proposé plus haut.
Si François est saint François d'Assise, "Ove" ne peut pas être son nom de famille comme je le pensais. Du coup, faut-il y voir le qualificatif d'agneau attribué à François ? Ce serait un peu curieux, parce qu' "ovis", en latin médiéval et moderne, a pris un sens dépréciatif ("le mouton, le simplet") : c'est pousser un peu loin la description de l'humilité évangélique...

Pour ma part, je sèche donc sur ce dernier point. Si mes autres suggestions ont pu rendre service, tant mieux. Dans tous les cas, merci pour l'énigme ! :jap:
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Sisyphe
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Post by Sisyphe »

tom wrote:
tom wrote: teXtorUM Dona sUperIs fraCIsCo oUe gLorIa
(je choisis de considérer que "superis" tient lieu de "superius") : Pour Franciscus Ove, le don de texte est [ou : fut] la plus grande gloire. On imagine bien là l'épitaphe d'un écrivain pauvre -ou radin ?-, qui n'a jamais fait d'autre don que ses écrits.
Me voilà réduit à me citer moi-même... pour signaler que ça ne colle pas du tout, ce que j'ai proposé plus haut.
Si François est saint François d'Assise, "Ove" ne peut pas être son nom de famille comme je le pensais. Du coup, faut-il y voir le qualificatif d'agneau attribué à François ? Ce serait un peu curieux, parce qu' "ovis", en latin médiéval et moderne, a pris un sens dépréciatif ("le mouton, le simplet") : c'est pousser un peu loin la description de l'humilité évangélique...

Pour ma part, je sèche donc sur ce dernier point. Si mes autres suggestions ont pu rendre service, tant mieux. Dans tous les cas, merci pour l'énigme ! :jap:
:) Est-ce que ça ne serait pas la traduction de son nom de famille ? Le monsieur en question s'appelerait donc "Franz Lamm". Il me semble qu'il n'est pas rare dans ce genre de texte de voir des noms de famille traduit ou partiellement latinisés , par exemple des Schwarz devenir Niger ou des Müller devenir Molinarius (de même que Descartes devient Cartesius).

:( Moi ce qui me gêne, c'est que si c'était "pour François Lamm", donc un datif, on devrait avoir "ovi", non pas "ove" (mais bon, un graveur capable d'écrire "superis" pour "superius" n'est certainement pas un bon latiniste).
Olivier
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Post by Olivier »

tom wrote:"LeonarDo röMer aUCtore resUreXi ë CInere phœnIX"
Je suis ressuscité de mes cendres [tel le] phénix, par l'autorité (le savoir-faire ? le travail d'artisan ?) de Leonardo Römer

MarIae sIne Labe ConCeptæ Læte CUnCta psaLLIt eCCLesIa
Toute l'Eglise chante [les louanges de] Marie (bien)heureuse, conçue sans tâche [ = sans péché]

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(je choisis de considérer que "superis" tient lieu de "superius") : Pour Franciscus Ove, le don de texte est [ou : fut] la plus grande gloire. On imagine bien là l'épitaphe d'un écrivain pauvre -ou radin ?-, qui n'a jamais fait d'autre don que ses écrits.

Reste l'emploi de majuscules... Votre observation selon laquelle ce sont les lettres-chiffres qui sont ainsi mises en valeur est très fine. Mais j'ai beau chercher, je n'arrive pas à un résultat cohérent (dans le cas du deuxième texte, par exemple, MIILCC est déjà une combinaison impossible...). Du coup, je ne vois que trois solutions :
- un code trop fin pour moi ;
- un effet de style ;
- l'hypothèse qui a ma préférence : il est probable que l'artisan disposait d'un outil préfabriqué pour les lettres servant à graver les chiffres. N'a-t'il pas ménagé sa peine, et employé ceux-là même dans un texte littéraire
Si ce sont des chronogrammes (cf autre fil), ce serait alors:
LDMVCVXCIIX = MDCCLXXVVII = 1782 l'année où quelque chose a été reconstruit, peut-être bien le jubé
MIILCCLCVCLLICCLI = MCCCCCCLLLLLVIIII = 1859 l'année où cela a été commémoré, en chantant Marie puisque l'église s'appelle Sainte-Marie
XVMDVICICVLI = MDCCLXVVVIII = 1778 l'année où (quelques années avant le travail de Léonard Römer) quelque chose a été donné... peut-être pas des textes mais des tissus (tapisseries?), ou bien un don des tisserands remis par Franz Lamm ? (avec textor et ove ablatif)
Une jolie énigme presque résolue :)
-- Olivier
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