Andergassen wrote: ↑14 Jul 2024 14:13
Pour ma part, elle ne me choque pas. Comment voudrais-tu l'exprimer, sans alourdir la phrase ?
Contrairement à ce à quoi il s’était attendu.
Certes c’est lourd, mais l’alternative n’est pas simplement plus légère, elle me paraît carrément bancale, pour ne pas dire fautive. Il ne me semble pas que ce soit du bon français moderne en tout cas. Je me demandais donc d’où ça pouvait venir...
D’ailleurs en français moderne je pense que la plupart des lecteurs attendraient instinctivement un complément au verbe s’attendre (contrairement à quoi, il s’était à attendu à telle ou telle chose - à supposer que "contrairement à quoi" soit en usage).
"Contrairement à quoi Don Alvare s'était attendu" est une formulation qui ne me choque pas du tout. Ni du côté des tendres années passées en Belgique ni du côté des années passées du côté de Toulouse (je me rends compte, écrivant cela, que la balance est à l'équilibre Fichtre c'est passé vite !).
Il me semble que l'alternative "Contrairement à ce dont Don Alvare s'était attendu" est tout sauf harmonieuse et elle aurait peut-être été préférée si l'autrice avait employé le pronom personnel il en suivant.
Je suis davantage perturbé du conduit auditif en lisant "à ce à quoi" C'est pas très "fluide".
J'avais spontanément pensé à "à ce à quoi" comme construction "correcte", mais ça fait lourd. Aussi le simple "à quoi" m'arrangeait-il, en quelque sorte. Je ne peux juger plus en détail sur les procédés de style de l'autrice, vu que Yaourt noir, c'est pas tellement ma tasse de thé...
Par de bons mots foudroyons la sottise, craignons le sang ; ne versons que le vin.
Non, totalement d'accord avec toi : cette forme est fautive, et la forme correcte est lourdingue.
Elle aurait pu se casser un peu plus la nénette pour faire une phrase correcte et belle, Yourcenar. (Et puis son éditeur aussi en passant, parfois on se demande ce qu'ils font ceux-là...)
Sonka - Сонька
I'm a father and I am a son but I don't know how to tell them that I have come undone
Je me disais bien !
En y réfléchissant un peu plus, il me paraît évident que "contrairement à" est une unité indivisible, et "s’attendre à" en est une autre. On ne peut donc pas utiliser un seul et même "à" pour satisfaire les deux constructions. En tout cas ce genre d’économie, même s’il est astucieux en théorie, ne semble pas du tout accepté par l’usage. Dans l’intervalle, je suis tombé sur un article étudiant la stylistique "archaïsante" de Yourcenar, et dont l’auteur interprète ce tour comme archaïque (sans plus de précisions). Et Gaffiot mentionne précisément cette phrase dans son "Bon Usage" en guise de contre-exemple, comme une espèce d’hapax syntactique qu’aucun autre auteur connu de Gaffiot n’a donc jamais utilisé.
Il paraît que Yourcenar a publié Anna, Soror une première fois dans les années 30, puis l’a retravaillé et republié plusieurs décennies plus tard aprèse en avoir modifié des mots et des tours de phrase. Je pense donc que ce choix était délibéré et mûrement réfléchi, ce qui est encore plus surprenant.