
Alors, profitant des quatre heures de repos que je m'accorde avec la venue des vacances scolaires, et avant le retour à la thèse, j'ai un peu cherché pour le latin, et on trouve des
ova frixa, donc oeufs frits, chez Apicius (XIX, 1 = 327), avec cette seule indication : "oenogarata", ce qui signifie "au garum et au vin". Le
garum, étant, je le rappelle, une sauce à base de poisson fermenté, assez semblable au nuoc-mam, que les Romains mettaient absolument dans tout.
Accessoirement, on notera que "frixa" est un participe pas très très classique (qui serait fricta). Mais le sens exact pose problème, comme souvent avec les verbes de cuisinie d'une langue à l'autre (braten en allemand n'est pas tout-à-fait "griller", et schmoren est intraduisible)
frigere a un sens plus large que "frire" : en gros, c'est dessécher quelque chose par la cuisson. Cela dit, il semblerait que les Latins aient préféré le participe "frixum" quand on entendait "frchchchchtt" dans la casserole... Mais Pline l'ancien parle également de "ex oleo fricta terna, totis ouis pridie maceratis in aceto" : jaunes d'oeuf frits dans l'huile, après que les oeufs entiers ont macéré depuis la veille dans le vinaigre (recette contre la dyssenterie, j'ai des doutes). Donc là, il parle bien d'huile (mais qu'il le précise pourrait signifier que ce n'est pas immédiat pour les "ova frixa/fricta" tout court).
Pas mieux.