
Heureux de voir que le ton s'est un peu calmé ; il nous arrive tous d'être excessif malgré nous - je l'ai peut-être été sur la question de la laïcité dans le forum "actualité.
Bon, je vais pê passer pour un emmerdeur, mais si, il y a encore des très vieux qui ne savent pas parler français
OK. Je dois donc faire mon mea-culpa : dans mon argumentation à propos de l'école française par laquelle tous sont passé, j'ai peut-être un peu cédé au mythe de la "merveilleuse école de la troisième République" qui a éduqué tous les Français (les prétendus "zéro-faute" du certificat d'étude). Alors que moi-même je ne cesse de rappeler que c'est un mythe. Tant que j'y suis : tu parles de gens qui sont allé "jusqu'au certif" - oui mais l'ont-ils passé ? UN TIERS seulement des élèves de la communale le passait et tous ne le réussissait pas. Qui plus est, il se passait au niveau de notre cinquième actuelle, et non pas à la fin du CM2.
je dis ca parce que tu as pê pas le meme age que moi, alors pr toi "la génération de nos gd-mères" ne correspond pê pas à l'age auquel moi je pense
Ben, 23 ans depuis peu. Si tu es doctorant, comme tu le dis, tu ne dois pas être plus âgé de beaucoup.
Il ne faut pas croire que le breton n'a fait l'objet d'études que récemment: on a un manuel de grammaire latine en langue bretonne qui date du XVIIe siècle (si je me souviens bien).
Au temps pour moi.

Le pire, c'est que je l'avait déjà entendu dire (ou lu quelque part). En parlant du breton, je songeais surtout à l'alsacien.
les bretonnants créent eux-même des mots, ou bien empruntent au français (remarque, l'anglais emprunte aussi au français ou vice-versa
Certes, mais jusqu'ou reste-t-on dans l'emprunt et à partir de quand tombe-t-on dans le "code-shifting" (!) ? Si c'est comme l'arabe algérien de mon enfance : blablabla collège blablabla CPE blablabla conseil de classe blablabla ordinateur blablabla disquette blablabla carburateur (alors que tous ces mots doivent exister en arabe littéraire, voire dans les dialectes, mais sur place).
De nos jours, bcp de gens se penchent sur la néologie en breton; peu d'entre eux (pour ne pas dire aucun) sont réellement instruits sur le breton et la linguistique, et inventent des mots qui st mal construits en général et incompréhensible spontanément pour tout le monde à part pour eux-mêmes.
L'alsacien et le corse sur ce point sont aidés par la présence de l'allemand et des langues romanes.
Cela étant, Pwyll, la situation est la même que pour le grec démotique au milieu du XIXe siècle. C'est la katharevoussa qui a créé de nouveaux mots, à partir du grec ancien, termes dont les éléments constituants étaient sans doute incompréhensibles pour le peuple grec. Mais ces mots, aujourd'hui, sont rentré dans l'usage du démotique lui-même. L'absurdité de la katherevoussa, c'était plutôt de vouloir ressusciter la grammaire. Quel français du XIX aurait spontanément compris le sens de "automobile" (auto est un préfixe grec, "mobile" un suffixe directement emprunté au latin, le vrai terme français qui vient de mobile, c'est "meuble").
Je reviens au CAPES, qui ouvre la porte aux établissements bilingues publics...

Oh là là. Faut pas me brancher sur cette question ! Sur tout ce qui est question scolaire, je suis à cran !

Bon, on va essayer de faire court :
- JE NE SAIS ABSOLUMENT PAS CE QU'IL EN EST POUR LES DIWAN, ma remarque ne s'adresse pas à elle en particulier, mais tu dis une chose très juste : un recrutement direct par les établissement, c'est la porte ouverte aux préférences politiques et aux copinages de toute sorte. C'est bien par la voie des concours publics qu'ils faut régler la question.
- Le problème de fond est : va-t-on recruter des profs de breton uniquement, ou des profs bicompétents ? Faut-il enseigner les langues régionnales comme des langues étrangères ? Ou les intégrer à l'enseigement classique (faire des maths en breton, sur le modèle du Luxembourg).
Dans un monde idéal, il faudrait répondre par la deuxième solution. Sauf que je doute que nos têtes blondes, même les bretonnantes de naissance, s'y retrouvent vraiement (ce serait mettre en danger leur apprentissage des maths). Et à fortiori, je doute qu'on puisse trouver beaucoup de profs de maths réellement bretonnants.
-> Certains lycée (dont celui où je fus) se font mousser en parlant hypocritemenent de "section européenne", où le prof de physique enseigne en anglais (déjà : européen = anglais

). C'est pathétique.
Les années passées, certains ont été recus au CAPES alors qu'ils parlaient à peine breton, mais ils étaient amis avec des gens du jury. (je connais des gens qui ont passé ce CAPES récemment, c eux qui m'ont dit tout ca)
Si je puis me permettre : la parole pleine de rancoeur des recalés n'est pas forcément d'évangile.
Que des membres du jurys soient eux-mêmes préparateurs du concours n'est pas absurde, c'est presque inévitable. Mais en principe, si un juré connaît le candidat, il ne doit pas participer à la note. J'ose espérer que c'est ce qui se passe.
J'avais beaucoup entendu parler du CAPES de créole, qui a fait l'objet d'une vaste polémique : des gens qui avaient officiellement contesté sa création se sont retrouvé au jury. Et (disait-on), certains jurés ne parlaient pas créole : ils corrigeaint la version avec un corrigé tout fait. Le fond de l'affaire était aussi : créole martiniquais contre créole guadeloupéen.
Mon avis personelle, autant que je puisse connaître la question, c'est qu'il faut institutionnaliser réellement les langues régionnales. Ca passe par de véritables études universitaires de ces langues, des CAPES monovalent et même des agrégations. Et une clarification des exigences linguistiques.
Je reviens malgré tout une dernière fois à la question de l'exigence linguistique (parler réellement breton), car malgré tout je dois donner raison à Kokoyaya. Sortons des langues "régionnales". 80% des profs de langues ne sont pas des anglophones, germanophones, etc. "natifs". Ce qu'ils connaissent de l'allemand (par ex.), c'est quatre ou cinq ans d'études universitaires, plus une année à l'étranger. On peut poser je crois que 1 an d'immersion totale = 20 ans d'immersion relative (la grand-mère bretonnante à Noël). Pour autant, sont-ce de mauvais profs ? Non. Ce qu'ils doivent connaître, ce n'est pas la totalité de la langue allemande, mais l'essentiel de celle-ci et surtout, ce qu'ils doivent enseigner à leur tour. Tout prof le sait : il enseigne sa matière pour 2 élèves dans la classe (les deux qui feront de l'allemand au-delà du bac). L'important, c'est qu'il maintienne l'intérêt et un savoir limité mais juste pour ces deux élèves. Et qu'accessoirement il n'en dégoûte pas les autres.
Tu as raison de rester exigeant pour la langue, mais l'excès de purisme est presque dangereux dans l'état où elles sont.