
Je savais bien que cela t'étonnerait ! Tu n'es pas la première lyonnaise que je rencontre qui ne s'en était même pas rendu compte. Pourtant je te jure que la première fois que je l'ai entendu, je n'ai rien compris. Et encore aujourd'hui, j'ai toujours du mal.
J'ignore si on le trouve ailleurs, mais en tout cas je ne l'ai jamais entendu qu'à Lyon, et de la part de vrais lyonnais. On dit "quelle heure est-il ?" ou plus simplement "il est quelle heure ?".
Sisyphe wrote:"cabochon" est aussi franc-comtois.
Dans le même sens qu'à Lyon ? En lyonnais, cabochon = tête et par extension, caractère, mauvais caractère, personne têtue, etc...
Autant que je sache, le cabochon ou camechon en franc-comtois, c'est la maîtresse-bûche d'un feu, la grosse bûche que l'on met au milieu du foyer pour "tenir" le feu. Par extension, "cabochon" désigne n'importe quel "truc" un peu gros.
La "flûte" se trouve dans une partie de la Franche-Comté, mais dans l'autre on dit "ficelle"
pour la même taille (en-dessous de la baguette, donc 200 g) et je ne pourrais pas vous dire qui dit quoi. Il m'est arrivé souvent de demander l'un ou l'autre à Besançon ou à Morteau et de m'entendre répondre qu'on ne savait pas ce que c'était.
Pour le "y", c'est comme je l'ai dit un archaïsme avant d'être un régionalisme. Dans l'ancien français et jusqu'au français classique, il remplace à peu près n'importe quoi : "M. Le Prince n'aurait pas couservé pour elle la tendresse qu'il y conserva toujours" (=lui), "j'y pense" (= lui), etc.
Cela étant, cet emploi lyonnais est signalé par Grevisse §635.
Ma grand-mère, elle, a des "en" pléthoriques (et toujours antéposés, comme en français classique : "n'en rien savoir" - tous les comme les "y" df'ailleurs : "n'y rien voir, n'y pas penser" (moi je dis "pour n'y penser pas", mais c'est que j'ai trop lu les auteurs du Grand Siècle

).
Enfin, pour ce qui est du passé surcomposé, c'est une vieille querelle de grammairiens. Je pense que beaucoup de profs de français le sanctionneraient comme étant faux (tout en l'utilisant eux-mêmes), alors que toutes les grammaires s'obstinent à répéter qu'il est juste et qu'il a de très bons auteurs pour lui (dans le même genre, vous avez "malgré que" qui fait couler des pages).
En tout cas il faut séparer deux usages :
1. Celui, à mes yeux assez légitime, de perfectif du passé : "quand elle a eu fini, elle est sorti". Dans la mesure où le passé antérieur n'est plus utilisé que par des zigotos antérieurs dans mon genre, et que même ceux qui connaissent le passé simple ouvrent de grands yeux quand on leur parle du passé antérieur (il eut mangé), et que même beaucoup de journalistes (est-ce une référence ?) le confondent avec le conditionnel passé deuxième forme (il eût mangé), on peut considérer que le passé surcomposé est une forme presque inévitable si l'on veut marquer l'antériorité face au passé composé.
Pour résumer, la théorie du français c'est :
présent = présent absolu
passé composé = antériorité du présent (j'ai mangé, donc je n'ai plus faim)
passé simple/imparfait = passé absolu
passé antérieur/plus que parfait = antériorité du passé (j'avais mangé, donc je n'avais plus faim / j'eus mangé, donc je n'eus plus faim).
Et la réalité, c'est :
présent = présent
passé composé = antériorité du présent.
passé composé/imparfait = passé absolu
passé surcomposé/plus que parfait = passé antérieur (j'avais mangé, donc je n'avais plus faim/j'avais eu mangé, donc je n'avais plus faim).
2. Par contre, l'usage du passé surcomposé comme passé lointain absolu me semble nettement plus régional : "je l'ai eu su" (=je le savais, il y a très longtemps).