Le lyonnais selon moi
Je me base sur deux ouvrages :
Dictionnaire du français régional du Lyonnais
de Gilbert-Lucien Salmon
et
Des mets et des mots lyonnais, à l'usage des étrangers qui sont pas d'ici
De Pierre Grison, "Protonotaire de l'ordre du mérite de Gnafron, Secrétaire perpétuel de l'Académie du Tablier de Sapeur"
Je me suis inspirée de ces ouvrages et de ma propre expérience pour vous proposer cette liste de lyonnaiseries qui ne reflète que mon usage personnel. Je veux dire par-là que je n'ai pas recopié tout ce qui se trouvait dans ces bouquins, mais seulement ce qui me semblait pertinent, et aussi que cette liste est perfectible. J'ai distingué entre plusieurs catégories de vocabulaire et surtout, à la fin, je vous livre la liste des mots prétendus lyonnais par Salmon, mais sur lesquels j'ai de forts doutes. En effet, ce monsieur précise bien qu'il a constitué son dictionnaire sur la base de témoignages recueillis sur le terrain, qu'il transcrit tels quels (faute de les trouver dans un dictionnaire standard) par souci d'authenticité. Or, je pense fortement que ce monsieur a pu noter dans son dictionnaire lyonnais toutes les expressions qu'il aura entendues à Lyon et qui ne correspondaient pas à du français académique, catégorisant ainsi des expressions comme "lyonnaises" alors qu'elles ne sont peut-être pas du tout lyonnaises, mais simplement populaires, familières ou argotiques. Je vous expose ce point de vue d'abord en réaction aux questions d'ann sur les québécismes, car je ne serais pas étonnée qu'on ait là un phénomène général : des linguistes qui recensent des expressions que, faute de trouver dans leur dictionnaire standard, ils attribuent à un parler de la région où ils sont en train d'enquêter, faisant ainsi passer des expressions qu'on trouve un peut partout pour des québécismes, belgicismes, lyonnaiseries, ou autres… Deuxièmement, comme je l'ai dit, la liste est perfectible et je serais très heureuse si vous preniez le temps de réagir à ce post en me disant quels mots vous connaissez, ce qui permettra peut-être de corriger la liste en faisant passer des mots que je pense lyonnais dans la catégorie des non lyonnais et vice-versa. (j'espère que vous suivez toujours, là…). Pour l'instant, je ne vous donne pas la signification des mots (sauf ceux qui portent trop à confusion) afin de ne pas vous influencer. Ce serait sans doute rigolo aussi d'essayer de deviner le sens des mots que vous ne connaissez pas (je pense que les sonorités doivent évoquer à priori des choses, ce serait intéressant de voir si ces impressions correspondent à la réalité ou non…)
J'arrêt là mon intro et je commence en vous citant un passage de la préface de Salmon :
"Il n'est plus possible de recueillir comme régionaux des mots comme abouler, bourratif, cabosser, cartable, chiottes, fignoler ou mille-pattes comme chez Puitspelu, balayette, blette, dégobiller, enquiquiner chez Vachet ou boulodrome, courge, percerette, pique-feu, soyeux chez Miège."
...ce qui laisserait penser que ces mots sont d'origine lyonnaise… J'aurais jamais cru ! Et vous ?
***
Les mots spécifiques aux réalités lyonnaises :
bouchon
canut
ficelle
gone
soyeux
traboule
le vin : jarlot, paradis
la gastronomie : bugnes, cervelle de canut, clapotons, grattons, quenelle, pogne, rosette, jésus, sabodet, tablier de sapeur,...
Les mots que je connais mais n'utilise pas :
bachut
carotte rouge
ecquevilles
groin d'âne
mâchon
petasser, rapetasser
Les mots que j'utilise :
à bouchon
bugner/embugner
catolle
caton
chougner/chouiner
coinche (j'apprends à l'instant que c'est lyonnais !)
corgnole/corgnolon
débarouler
flûte (pain long de 400 g)
faire flique ("ça me fait flique !")
foutraque
gabouille
grolles
matefaim
mistifriser
pignocher
vogue
Les expressions, tournures, incorrections lyonnaises :
le passé surcomposé ("un petit Brouilly qui leur a vite eu rendu le souffle") : usité dans tout le Sud de la France, il me semble.
y (en guise de complément d'objet direct : "mets-y sur la table")
dîner (pour déjeuner)
souper (pour dîner)
"c'est l'hôpital qui se fout de la charité !"
plier (au sens de "emballer, empaqueter" : à Lyon, dans les magasins, on vous propose de plier les bouteilles, et les fleurs aussi ! Mes parents étant fleuristes, j'ai utilisé ce mot toute ma vie, jusqu'à ce que je me rende compte lors de mon exil dans l'Anjou de l'incorrection de cet emploi… C'est alors que j'ai commencé à mieux comprendre les regards effrayés des clients (ceusses qui sont pas d'ici) lorsque je leur proposais gentiment de plier leurs fleurs…

Mots recensés par Salmon mais que je soupçonne d'être utilisés ailleurs en France :
aimer autant ("j'aime autant que t'ailles coucher à la cuisine")
bavasser
berthe à lait
besson
bourron
boutasse
cabochon
cornet de poêle (= tuyau de poêle)
daube, daubé
dégraisser (= nettoyage à sec)
se dépouponner
s'économiser
d'équerre
gnaquer
pois gourmands
kiki (= nœud, ruban)
moellon
patte (= chiffon), patte mouille
plan-plan
poque, poquer
rique-raque
prendre du souci
sous-tasse
avoir meilleur temps de
tourner de l'oeil