
c'est un bouquin sur l'importance du monde des émotions sur nos capacités cognitives générales aussi bien du point de vue inhibiteur que facilitateur.
Je suis justement en train d'entamer les premières pages de "La parfaite lumière". Je suis surpris de voir que d'autres ici s'intéressent aussi à ces livres.kamikakushi wrote:De mon côté c'est "la pierre et le sabre", roman d'Eiji Yoshikawa tiré à 120 millions d'exemplaires.
David Vincent les a vus, André Z. les a lus
3.2 milligrammes, 1.8 cm de long. Elles sont partout. Omniprésentes. Omniprésentes même dans nos têtes; Omniprésentes au point qu'on les oublie. Elles sont comme les étoiles: elles sont partie du paysage et si elles
disparaissaient du jour au lendemain, on ne s'en apercevrait pas? Pourtant, elles sont là et depuis longtemps. Elles sont apparues il y a 10 millions d'années, 7 millions d'années avant les premiers hominidés. Elles ont élu domicile partout à l'exception de la banquise. Elles sont résistantes aux explosions des bombes atomiques. Il y en a beaucoup. Immensément. Incommensurablement. Tellement plus que les humains, que si des extraterrestres venaient sur Terre, ils auraient beaucoup plus de chance de tomber sur elles que sur nous. Et si fortes...pouvant soulever jusqu'à 60 fois leur propre poids. Elles deviennent étouffantes tellement elles sont partout. Et pourtant...d'une infime pichenette on peut en massacrer des dizaines, des
fourmis!
C'est d'abord avec scepticisme que j'avais tourné la première page du premier livre de la trilogie des Fourmis, par Bernard Werber. Et c'est quand j'ai constaté que j'avais les yeux pleins de larmes à la fin de la lecture du dernier livre de la trilogie (livre intitulé La Révolution des Fourmis), à 5h du matin, dans la chaleur moite et obscure de mon lit, à la seule lueur de ma lampe de chevet, c'est là donc que je sus que B.Werber avait réussi là où tous les autres auteurs avaient échoué: m'atteindre droit aux émotions par
le simple biais de quelques taches noires de diverses formes, imprimées sur un morceau de papier, plutôt déjà jauni de par son ancienne appartenance à la bibliothèque. Ne vous méprenez pas; ceci n'est pas une nouvelle, mais bien une critique littéraire.
Tous, il y a déjà quelque temps, jasaient sur B.Werber et son incroyable trilogie sur le monde myrmécéen (myrmécéen: adj. -du grec murmêx, fourmi- relatif aux fourmis). Il était plutôt passé inaperçu à mes yeux - je sais aujourd'hui que j'ai raté quelque chose. Mais, soucieux d'étendre mon culturage et d'assouvir ma curiosité, je suis allé emprunter le premier volet: Les Fourmis.
Au début, on a du mal à accrocher. Après un tel brouhaha médiatique, on s'attend à être de sitôt plongé dans une action palpitante. Au lieu de ça, on nous fait traîner sur une sombre histoire d'héritage d'une maison de la
part d'un oncle excentrique. Rien à voir avec les fourmis, donc. Pour compliquer les choses, une seconde histoire est développée en parallèle à la première: celle - anodine - de la vie d'une fourmilière. Les recoins des galeries, les différents rôles des fourmis, etc...Rien de bien "adrénalisant". Et puis ça commence. Petit à petit. Maître Werber sait ménager son lecteur. Chez les humains, la fameuse "maison-reçue-en-héritage" se révèle être un cadeau empoisonné. Quiconque descend dans la cave ne remonte plus. D'abord le héros. Puis sa femme. Puis des policiers. Puis le fils. Etc...Du côté myrmécéen, le fronçage de sourcils se fait sentir également. Nos héroïnes, des fourmis rousses, ont vu toute une expédition de reconnaissance exterminée en un éclair par une arme mystérieuse et terrifiante, apparemment provenant de leurs ennemis de toujours: les fourmis naines. Le seul survivant, une fourmi rousse sexuée mâle - un prince - rentre à la fourmilière pour
donner l'alerte. Mais personne ne le croit. Pire encore, des fourmis essaient de le tuer, au sein même de la fourmilière protectrice. Non, les fourmis ne sont pas des petits trucs marrants à tripoter, à torturer. Elles ont leur société, leurs moeurs. Leur vie à part entière. Vie, qui, sous la plume de B.Werber, semble soudain si proche de nous. Plusieurs fois je me suis surpris à penser à elles comme à des humains, au cours de mes
lectures. Bien sûr, elles ne "parlent" pas. Elles n'ont pas de cordes vocales! Mais elles émettent par le truchement de leurs antennes des phéromones qui expriment tellement plus que les mots que nous utilisons nous, pauvres mortels.
La structure de chaque livre (Les Fourmis, Le Jour des Fourmis, la Révolution des Fourmis) est semblable. Deux histoire parallèles. Puis trois. Parfois c'est deux histoires dans le monde des fourmis, une autre fois c'est une histoire chez les fourmis et deux dans le monde des humains. Je sais ce que vous pensez. "Dans ce cas, les histoires doivent être difficiles à suivre, à s'enchaîner, à retenir, à comprendre...". Erreur. Dans le même style que Raymond Queneau dans "Les Fleurs Bleues", B.Werber lie avec un talent et un choix des mots incroyables les différentes histoires. Trois différentes histoires. Différentes? Pas tant que ça, car elles finissent toujours par se recouper entre elles, et ce de manière vraiment inattendue et à couper le souffle. B.Werber est conscient de son talent et il le maîtrise avec force dextérité. Et je sais de quoi je parle, peu peuvent se targuer de m'avoir tiré des larmes avec un livre!
Et l'allure va exponentiellement. "La Révolution des Fourmis" clôt en beauté la saga. Les histoires sont bien sûr du domaine de la science - fiction et pourtant...L'auteur a su amoindrir la facette "sciences", si bien que tout semble si plausible. Bien sûr dans les 2è et 3è livres se trouvent des petits "clins - d'oeil" au premier livre ou aux deux autres, ainsi qu'à des passages antérieurs du livre lui-même, comme si ce dernier n'était pas une succession de faits et d'actions, mais un ensemble homogène, cohérent...une "soupe"!
Je vais arrêter là mes louanges, car en dire plus serait gâcher votre plaisir à la lecture des livres. Une dernière chose tout de même: ne faites SURTOUT pas, comme moi, la connerie (il n'y a pas d'autre terme) de sauter les pages et ne lire qu'une des trois histoires jusqu'à la fin. Si vous arrivez à un point plus avancé des fourmis (premier du nom, donc), vous ressentirez cette envie, forcément. Résistez. Car succomber serait synonyme de perte de ces forts plaisir et émotion de découvrir LA fin, les mêmes plaisir et émotion qui moi m'ont ému jusqu'aux larmes à la fin du dernier volet de cette trilogie. Vous vous dites que j'en faites trop. Prenez du temps. Lisez les trois livres. Et vous verrez. Vous vous surprendrez à rire quand, dans les 2è et 3è volets
vous retrouverez des environnements, des personnages si familiers. Lorsque vous verrez ressurgir la sempiternelle énigme d'Edmond Wells "Comment faire 4 triangles équilatéraux avec 6 allumettes ?". Vous vous surprendrez à écarquiller les yeux au moment de tourner la page pour savoir quelle est cette persistante phéromone que notre chère fourmi 103 683è perçoit tout à coup dans l'air. Vous vous surprendrez à faire une moue dubitative quand vous entendrez les jeunes exploratrices belokaniennes fabuler sur les monstrueuses
boules roses tueuses. Vous vous surprendrez tard dans la nuit; non plus possédant ce livre, mais possédé par lui. Impossible de le lâcher. Je veux savoir. Que se passe-t-il ensuite? Vous vous surprendrez.…
Depuis combien de temps ne vous êtes vous surpris à être émus par un livre?
André Z