leo wrote:en parlant d'urine, vous me faites penser à mes dernière vacances en Italie et notamment à ma visite de Pompei où j'avais vu les bacs de lavage, le linge y était lavé à l'urine, il y avait même des collecteurs d'urine...
et aussi j'ai entendu parler des bienfaits de l'urine dans les temps antiques, il parait qu'elle avait bien des vertues... gag ?
D'abord, rappelons que l'urine est biologiquement stérile... Du moins quand vous n'êtes pas malade et on n'en est pas toujours conscient. En revanche, à peu près tout le reste dans les toilettes a une bonne chance de ne pas l'être, à commencer par votre propre peau. Donc, il faut se laver les mains.
Ensuite, souvenir de bio de classe de seconde : le corps transforme l'amoniaque en urée quand tout va bien, et l'urée se retransforme en amoniaque à l'air libre. Au passage, je ne sais plus s'il faut écrire amoniac ou amoniaque dans ce cas, je sais juste que c'est pas la même chose, mais abstraction faite de l'écriture : il y a de l'amoniac/que dans l'urine en décomposition, et l'amotruc, comme chacun sait, est un puissant détergent (la torture quand ma mère lavait ses peignes à l'ammoniaque, je suis me suis juré que jamais une bouteille d'amomachin n'entrerait chez moi de ma vie... Du coup, j'évite d'utiliser mes peignes).
Après, la question est de savoir ce qu'on entend pas "nettoyer" :
a) "déterger", c'est-à-dire étymologiquement enlever tout ce qui recouvre une surface (graisses, poils, etc.).
b) "désinfecter", c'est-à-dire illusoirement supprimer tous les vilains méchants microbes.
c) "faire sentir bon", ce qui est tout-à-fait autre chose.
Pour autant, ton affirmation m'étonne, car il y a bien d'autres manières d'obtenir ce que les Anciens appelait "nitrum" (un alcalin, un machin qui dissout les traces grasses), la plus simple étant la cendre, qui a constitué la base de toute lessive jusqu'au XIXe siècle, voire au-delà. Et ça sent nettement meilleur.
Pour la lessive de base chez les Anciens, je vous renvoie ici :
http://dagr.univ-tlse2.fr/sdx/dagr/feui ... &vue=image
Es-tu sûr de ne pas avoir confondu avec les bains des tanneurs, peaussiers, foulons, teinturier, enfin bref de toutes les professions qui traitent la peau animale ? Car celles-ci, de tout temps, ont utilisé les urines, effectivement pour dégraisser et assouplir les peaux. Mais je ne parlerais pas à proprement parler de "lavage", ça va plus loin.
Pour l'anecdote, les foulons et peaussiers romains avaient même l'habitude disposer dans les rues de la ville des jarres judicieusement placées "in angiportu" (= dans les lieux étroits et peu fréquentés, intraduisible, cela dit la pudeur romaine est relative : les vraies latrines étaient à plusieurs sièges) qui servaient d'urinoirs aux hommes pressés, et dont ils récupéraient le contenu quand elles étaient pleines. Vespasien a transformé cette habitude en privilège que les foulons ont dû payer ; c'est l'origine du fameux "l'argent n'a pas d'odeur" (pecunia non olet) que l'on attribue à cet empereur, et aussi du terme "vespasiennes"...
... Mais l'Histoire est injuste : ça n'a rien d'une radinerie. Vespasien avait aussi rendu les latrines publiques payantes, et les urinoirs constituaient un manque-à-gagner. Il s'agissait surtout de financer l'extension et la modernisation des égouts qu'il avait assurée, à une époque où, de sucroît, les latrines privées commençaient à apparaîtrent, et où la population de Rome croissait. Bref : une politique d'hygiène publique. On peut dire beaucoup de choses des Romains, mais sur ce plan-là, ils ont été des champions. Leurs adductions d'eau n'ont pas eu d'équivalent dans nos civilisation avant le XIXe siècle. Celles de Lyon parcouraient 70 km avant même de pénétrer dans la ville, et aurait pu suffir pour une population de 200.000 personnes, chiffre que la cité antique n'a certainement jamais atteint !
Ah oui, et pour terminer : l'urine ou les bouses (séchées !) de différents animaux entrait dans la composition de différents produits de beauté (j'imagine comme excipient). C'est toujours mieux que le mercure, dont les dames faisaient grand-usage. Oui, là, elles ont été moins brillantes.
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)