Jamais je n'aurais pensé que l'expression sucre en pierre existât !
Sur ce domaine, la Franche-Comté est un coin passionnant. Le Haut-Doubs/moyen Jura, en particulier, dont je viens, région 1) plutôt accidentée (pas très haut, 1000 m, mais des monts infranchissables entre les vaux) 2) très enneignée et froide l'hiver (record de France de froid à Mouthe : -50 et des poussières. -15 à peu près tous les hivers à Morteau) est par conséquent, c'est un coin très conservateur (à tout point de vue d'ailleurs). Les expressions locales sortent de la bouche de certain comme une mitraillette ! Sans parler de l'accent (qui me revient parfois le soir quand je suis "fâtigué" [â très fermé et long]).
J'avais établi un questionnaire sur ces termes avec le dessin d'interroger lel max de monde, et puis j'ai pas eu le temps (sauf ma famille). Petit échantillon :
vainqueur toute catégorie : le chenil (prononcé chni) = la poussière.
Plus précisément, "le petit tas de poussière que l'on fait quand on balaie avant d'utiliser la pelle et la balayette". "Une pelle à poussière" dénonce l'étranger.
"passe-moi la tôle à tarte" ai-je un jour dit à une amie ébahie = le moule en fer.
"le pochon" est une louche
"le chausson" = la pantoufle, mais le chausson au pomme est inconnu
"affutiaux" = vêtement
"s'aimer" = se plaire (je m'aime à Besançon)
"greuviller" = faire un petit bruit (la souris greuville)
"déjeuner/dîner/souper" varie selon les lieux et les âges, impossible de s'entendre, avec ma grand-mère on dit "le repas du soir".
"le quatre-heures" est très courant, ce n'est pas qu'un mot d'enfant, mêmes les "vieux" prennent leur quatre-heures.
"une chiée" = un tas. Ben oui
"chouiner" = pleurer (ultra-courant)
"clairer" = émettre de la lumière. "tiens le panneau claire"
"déconnaître" = faire la différence entre deux choses ou personnes qui se ressemblent "ses jumeaux, je les déconnais pas".
"dédevenir" = intraduisible. Le bon terme en français serait "végéter" (ou plus clairement "ne rien foutre", mais sans jugement moral).
"venir" = devenir (il vient vieux)
"s'entamer" = se blesser, se faire des esquarres "il s'est entamé le genou"
"larmier" = soupirail
"se mâgner" = se dépécher. Tu te mâgnes !
"cornet" = sachet
"mouiller" = pleuvoir
"queue" = manche "la queue d'un rateau", le mot "manche" est exogène (mais il s'impose à cause de certains sous-entendus grivois

)
"queulotte" = vache
"raller" = aller de nouveau
"ressuyer la vaisselle" = laisser sécher puis essuyer
"rousti" = brûlé
"une taugnée" = une raclée
Sans compter les usages délirants de prépositions :
-à : la fille au Jean, le clocher à la mairie
-après : la clef est après la porte (sur), se mettre après son travail (à), la souris mange après le morceau de fromage
-chez : les chez Jean (la famille de...).
Les constructions directe ou indirecte au contraire du français :
-avoir mal les pied
-va leur aider
-causer quelqu'un
-marier quelqu'un (épouser)
...
Les auxilliaires aussi :
- j'ai resté, j'ai allé, mais je suis été
Et d'adorable expressions ou tournures archaïques restées vivantes : estourbir, esquinancie (grippe), elle s'en est allé, n'y rien comprendre, n'en pas vouloir
(j'arrête là, j'en ai 23 pages)...