Voilà j'ai trouvé une explication. ça vient de
ce forum.
Pour ceux qui aiment les chiffres et se torturer l'esprit, comme dans ma boîte quoi...
Comme disait mon collègue, il aurait pu faire plus simple, une petite augmentation de la CSG ça serait passé tout seul, mais là, gros tracas administratif... bref lisez, désolé c'est un peu long mais c'est bien expliqué.
La journée de solidarité est une mesure tout à fait contestable. La solidarité ne portera que sur la partie de la population salariée et crée encore des discriminations au sein même de cette population. La plupart des salariés sont, sous couvert de présence les jours entourant un jour férié, rémunérés à hauteur de 7h par jour chômé (dans les entreprises passés aux 35H). Dans quelques années ces salariés iront peut-être jusqu’à oublier le temps où la Pentecôte (ou un autre jour selon les accords dans l’entreprise) était férié. Ils travaillaient moins de1600 heures par an et travailleront moins de1607 heures dorénavant. Plus précisément le nombre de jours fériés chômés pour un salarié en repos le samedi et dimanche allait de 7 à 11 jours avec une moyenne de 8, années bissextiles comprises. En enlevant un jour automatiquement chômé on passe d’une moyenne annuelle de travail de 1595.25 heures à une moyenne de 1602.25 heures. Outre le fait qu’il faille aller au travail un jour où on avait l’habitude d’être au repos, il n’y aura généralement pas de modifications de salaire pour les salariés mensualisés qui (s’ils ne sont pas absents) seront toujours rémunérés 1820 heures par an en intégrant les congés payés. Mais je n’ai pas trouvé la solution à un petit problème. Puisqu’il faut consacrer une journée à la solidarité ; que se passe-t-il si on est absent de façon injustifiée le lundi de Pentecôte ? Pas de salaire ce jour et l’obligation de rattraper le jour de solidarité sur une ou plusieurs journées, heures qui ne devraient alors pas être rémunérées. Si on rattrape les heures, donc en travaillant 151.66 heures serait-on payé 144.66 ou 137.66 heures (double peine) ? A voir. Ceci me conduit à aborder le problème des salariés qui sont déjà lésés par le fait qu’ils travaillent dans des branches peu avantageuses. Je pense à ceux qui sont mensualisés mais dont les entreprises ne sont pas fermées le dimanche. Ces entreprises ne chôment pas les jours fériés et dans certains cas sont en activités 7 jours sur 7. Je travaille dans une grande chaîne de restauration rapide ouverte 365 jours par an. Cependant nous avons la chance de bénéficier de 2 jours de repos hebdomadaires, qui plus est, consécutifs. De plus un accord interne nous permet de compenser l’absence de jours fériés par une double rémunération ces jours là. (Notez que cet accord a une clause discriminatoire car il ne concerne que les employés de plus d’un an d’ancienneté. Etant donné le turn-over élevé et le recours généralisé au temps partiel il n’est pas difficile de privilégier l’emploi des derniers arrivés sur ces jours là. Mais cela reste un accord intéressant pour améliorer l’ordinaire sans faire d’efforts supplémentaires). Pour autant que je sache l’obligation de doubler la rémunération ne porte que sur le premier mai.
Imaginons maintenant que tout le monde soit aux trente cinq heures. Tous ceux qui ne chôment aucun jour férié et ne sont pas payés double en dehors du premier mai seraient rémunérés 1827 heures pour une moyenne de 1651,25 heures, soit, à taux horaire égal, la nécessité de travailler 6 jours de plus pour gagner le même salaire. Sachant que chacun doit se soumettre à la journée de solidarité, ces salariés se voient dans l’obligation de travailler une journée supplémentaire. Paradoxe ultime : mes collègues à temps plein, qui comme moi, travaillent du lundi au vendredi continueront à être payés double le lundi de Pentecôte. Mais ils devront une fois par an venir travailler le samedi ou le dimanche sans être rémunérés, au mépris de leur contrat de travail qui stipule qu’ils ont deux jours de repos hebdomadaires. Etant à temps partiel je fais toujours suffisamment d’heures complémentaires pour ne pas me préoccuper de cela. Bien que travaillant sur 5 jours j’aurai sans doute la possibilité de « donner » n’importe quel jour du moment qu’il comporte suffisamment d’heure travaillées (je dois donner un peu plus de 5h30 du fait que j’ai un contrat de 120 heures). Ça n’est pas l’idéal mais comment se plaindre quand on pense à ceux qui travaillent déjà 6 jours sur 7, sans jours fériés chômés.. Devront-ils travailler 13 jours d’affilés une fois par an pour satisfaire les lubies du premier ministre ? Sans compter qu’ils sont souvent dans des secteurs où les 35 heures sont un doux rêve et où on s’assoit parfois sur le code du travail (si vous ne connaissez pas de salariés à qui il arrive régulièrement d’enchaîner 10, 15 ou 30 jours de travail sans aucun jour de repos redescendez sur terre, le travail au noir en France est une réalité largement sous évaluée et qui encourage tous les abus).
Outre ces contingences liées à des particularités sectorielles il faut s’interroger sur les implications économiques et sociales de cette loi. Les politiques et les entrepreneurs s’élèvent souvent contre le niveau élevé des jours non travaillés en France. Outre les congés payés qui n’impliquent généralement pas d’arrêt de l’activité, les jours fériés sont plus embêtants car ils freineraient l’économie avec parfois des mois totalement morcelés (mai). La suppression d’un jour férié implique une hausse potentielle du PIB. Mais elle ne doit pas être surévaluée car un jour férié est aussi source d’activité, en particulier la Pentecôte souvent consacrée à des festivités traditionnelles et sportives.
Cette mesure est donc normalement bénéfique à l’activité des entreprises mais
elles verront les charges patronales augmenter car elles doivent verser 0.3 % du salaire brut au fond de solidarité. Pour un salarié au 35H payé au smic la contribution sera de l’ordre de
43 euros par an, moins d’une journée de salaire. L’impact sur l’entreprise sera donc fonction des bénéfices liés à une heure de travail. J’ose prétendre que mon employeur, qui ne fait pas loin d’un euro de bénéfice par euro de salaire versé, ce n’est pas une mauvaise nouvelle. Pour les entreprises en difficulté c’est une autre histoire sauf à considérer qu’un week-end prolongé soit vraiment préjudiciable à son activité.
Tout ceci amène à se dire que c’est beaucoup de complications pour pas grand chose. Pour les salariés c’est une perte (de temps) sèche. Certaines entreprises seront satisfaites, d’autres moins. Incorporer une ligne supplémentaire sur la fiche de paie semble anodin. Mais les secrétaires administratifs pourraient bien se tirer les cheveux à partir du 16 mai 2005. Car une mesure plus intelligente aurait cherché la simplicité. On peut (ou pas) accepter le principe de la suppression d’un jour férié pour tous. Le lundi de Pentecôte serait un jour comme un autre. Ceux qui ne chôment pas à la Pentecôte cesseraient d’être payer double quand ils le sont mais n’auraient pas à faire plus d’heures. Ceux qui ne sont pas payés double ce jour ne seraient pas concernés par cet effort. Cela ne serait pas une injustice puisqu’ils restent largement défavorisés par rapport aux autres salariés. On peut aussi considérer que ceux qui travaillent du mardi au samedi sont généralement perdants puisque jusqu’ici il y avait toujours au moins trois jours fériés tombant le lundi et donc une moyenne annuelle de jours travaillés supérieure pour eux. Qu’ils ne soient pas concernés par cette mesure ne serait en soit pas très scandaleux. Le fond constitué serait alors un peu moins conséquent mais il y a bien d’autres mesures pour ponctionner sur les salaires à commencer par la hausse de charges préexistantes. Cela éviterait bien des tracas administratifs car nous nous retrouvons avec un jour férié qui en théorie reste un jour férié tout en ne l’étant plus en pratique. Il y a pleins de points à éclaircir notamment en ce qui concerne les absences durant ce jour là et les entorses aux contrats de travail pour certains salariés obligés de rattraper cette journée sur leurs jours de repos. Il est étonnant de voir qu’un homme comme Raffarin, (membre de « démocratie libérale », parti toujours enclin à critiquer les lourdeurs du système), parvient à nous pondre une mesure totalement farfelue et dont les coûts indirects pourraient bien vite dépasser les gains. Après la CSG, le RDS... une nouvelle ligne à ma fiche de paie, qui depuis quelques mois contient non plus une mais deux pages (ce n’est pas dû à la hausse de mon salaire, malheureusement). Et on a tellement parlé de la redevance télévisuelle comme un impôt inefficace, tant il est lourd à gérer, qu’on ne s’étonnerait pas d’en entendre autant en ce qui concerne ce fond de solidarité.
Il s’agit donc d’un effet d’annonce visant à marquer de façon durable les esprits. Tout cela pour faire oublier l’incompétence avec laquelle ce gouvernement a répondu aux urgences de la canicule de l’été 2003. Si monsieur Raffarin voulait rentrer dans l’histoire de la cinquième république comme étant le moins compétent de tous ses premiers ministres, il ne s’y prendrait pas autrement. Et s’il se soucie tant de la solidarité entre les générations qu’il mette des micros dans les entreprises. Jamais on n’avait entendu autant de vulgarités à l’égard de nos aînés ; un aperçu entendu hier : « Rien à foutre de ces vioques qui s’accrochent à la vie comme des ventouses, la plupart ont plus de tunes que nous ! ». Charmant, et on n’est même pas en mai.
Les vieux vous disent merci monsieur Raffarin !