Ce matin, en venant au travail, j'arrive à un grand carrefour, où, comme d'habitude, ça bouchonne grave. Feu vert, je veux démarrer, mais le moteur de ma voiture s'éteint et elle ne bouge plus : elle est tombée en panne.
Derrière moi, ça commence à klaxonner comme des fous. Évidemment tout le monde croit que je m'extasie en admirant ce sublime paysage : les grands passionnés de grisaille, on en croise à chaque coin de rue, c'est connu. Et puis chacun sait également que le klaxon, c'est infaillibe pour remonter à rebours le cours du temps et contre les retards. Moi aussi, quand je suis en retard, je klaxonne à tout bout de champ, et spécialement à mon chef.
Sorti de ma voiture, j'ai encore droit aux insultes les plus poétiques sur le fond d'une gaie symphonie urbaine, pendant que je fais de mon mieux pour pousser ma fichue voiture hors du carrefour et ne plus gêner la circulation. J'aurais dû simplement la mettre dans ma poche, que je n'y ai pas pensé plus tôt !

Les gens, c'est très humain... et j'ai eu suffisamment d'occasions de réfléchir à la polysémie de cet adjectif...
Au bout du compte, j'ai eu
beaucoup de chance : je ne me suis pas fait écraser, je n'ai pas eu d'accident en dégageant la route et j'ai trouvé assez tôt un endroit, où "garer" la voiture (elle y est restée d'ailleurs, je m'en occuperais après le boulot). J'aurais pu me trimballer avec ce poids mort pendant plus longtemps, heureusement ça n'a pas été le cas. Mais ça m'a quand même un tout petit peu énervé.

Wir brauchen keinen Appetit, wir haben den Hunger. (Bertolt Brecht)