Ci-dessus j'ai promis "Patience, ça s'en vient" Chose promise chose due. Alors voici.
La densité de l'eau est à son plus haut à 4°C sous une pression de un bar (une atmosphère). Si, à partir de là, la température monte ou descend, elle diminue. Mais relativement peu : avec un écart de 20° (donc à +24 ou à -16), elle passe à 0.9973. C'est à dire une variation de 0.27%. Vu que le volume est inversement inverse, il varie dans la même proportion. Est-ce à dire que le raisonnement de Koko et de Sisyphe est exact? Koko a raison disant
De ce que j'ai lu, la fonte des banquises, glaciers et autres est vraiment minime dans la montée des mers, c'est plutôt l'augmentation du volume de l'eau avec la température qui joue.
Si on parle des glaces flottantes, il y a une action, oui, et minime. En effet, un iceberg flotte : il partie de son "eau" est donc hors de l'eau liquide. Et, pour flotter, il doit déplacer son POIDS, et non son VOLUME d'eau liquide. Il déplace donc un volume plus petit que le sien, incluant la partie émergée. En fondant, toute son eau se retrouve liquide et le volume du liquide aura un peu augmenté, n'en déplaise à Sisyphe. De plus, le volume de l'iceberg aussi va augmenter après avoir fondu. De sorte que si, dans l'expérience de Sisyphe, le verre est rempli de façon que le niveau du LIQUIDE soit à ras bord (ainsi, les glaçons dépasseront), le verre risque effectivement de déborder. Je dis "risque" parce que cet effet est si petit que l'évaporation qui a lieu en même temps risque de le compenser. Sinon, le ménisque serait peut-être assez fort pour retenir ce qui dépasse.
Brèfle, ce n'est pas la fonte des glaces flottantes qui fait monter le niveau des mers (si, un peu, mais c'est négligeable).
Par contre, Sisyphe a tout à fait raison en parlant de la fonte des glaces qui recouvrent des terres. (Quoique l'effet, présentement, soit plus fort dans l'Artique que dans l'Antartique, mais ça va venir.) Ces glaces ne font pas partie du volume des mers et, en fondant, s'y écoulent. La QUANTITÉ d'eau dans les mers augmente ainsi, et cette fois, la proportion est loin d'être négligeable! C'est à ce phénomène que je faisais allusion dans mon post.
Concernant le Gulf Stream, El Niño et autres grands courants, Patmos néglige un effet ici, un effet pas très souvent pris en considération mais loin d'être négligeable. Il a raison en parlant des vents d'ouest. Ce qu'il néglige est que ces vents ont la même cause que les grands courants marins : la combinaison des différences de température et l'effet Coriolis. Et si cette cause est altérée, les vents le seront autant que les courants. Je sais que nos lecteurs ne sont pas tous géographes ou physiciens (c'est plus un forum de traducteurs, voyez-vous?) et, à l'intention de ceux-là, permettez-moi d'expliquer l'influence de ces effets. Ceux qui en sont déjà familiers n'ont qu'à sauter
le texte en vert ci-dessous.
La différence de température fait que les liquides et les gaz se contractent si la température diminue et se dilatent si elle augmente. Imaginez une Terre où les océans seraient vides mais où il y aurait déjà les trous pour y mettre l'eau. Un dieu (ou un hypergéant) arrive avec un immense sceau et y déverse l'eau pour remplir les mers. L'eau, à ce moment, a la même température partout. Croyez-le ou non, ceci s'est déjà produit! Enfin, c'était pas tout à fait un dieu avec un sceau mais le fait que la température de surface de la Terre, dépendant plus des réactions encore en cours sur la Terre elle-même (restants de réactions nucléaires, volcanisme intense, chaleur des collisions très nombreuses avec d'autres corps durant la formation du système solaire, etc.), la différence de température entre pôles et équateur était alors minime, comme on peut encore l'observer sur certaines planètes. Ces phénomènes étant passablement complexes (et ce topic étant le Club des Noctambules et non l'Université de Lokastronomie) (et ma capacité d'expliquer raisonnablement clair dans un texte concis étant très limitée comme plusieurs on déjà pu le constater), tenons-nous en à l'eau de température uniforme qui vient d'être versée par un dieu.
Avec le temps, l'eau des pôles deviendra plus froide que l'eau entre les tropiques. Ceci provoque une différence de densité, l'eau des pôles se contractant (et celle des tropique se dilatant), aspirant l'eau des tropiques vers les pôles. Il se créera donc des courants tropiques->pôles, c'est à dire vers le nord dans l'hémisphère nord et vers le sud dans l'hémisphère sud. L'eau chaude des tropiques se refroidit en cours de route et, refroidie ou non, n'ira pas beaucoup plus loin que les pôles où elle se heurte à l'eau qui arrive de l'autre côté. Là, tôt ou tard, elle va refroidir. Et devenir plus dense. Et donc couler à pic dans l'eau plus chaude qui arrive des tropiques. Et, l'eau des tropiques fuyant les tropiques pour se ramasser aux pôles crée un appel (différence de pression) en profondeur, causant un courant pôle->tropiques au fond des mers. C'est le courant froid du fond des mers. Revenant aux tropiques elle se réchauffe et remonte en surface et tout recommence.
Jusqu'ici, ceci est facile à comprendre : la différence de température cause des courants tropiques->pôles en surface et pôles->tropiques en profondeur. Donc des courants de surface sud->nord dans l'hémisphère nord, comme l'illustre si bien le Gulf Stream dans la partie sud du golfe du Mexique (il y est effectivement presque rigoureusement sud->nord). Ainsi, puisqu'il se dirige vers le nord, l'est du Québec, Terre-Neuve, le Labrador et le Groenland jouiront d'hivers doux et cléments, alors que l'Europe, loin à l'est, ne pourra pas en bénéficier et aura des hivers très rigoureux comme chacun peut le constater n'est-ce pas?
Euh non? C'est pas ça? C'est même le contraire? J'aurais tout faux?
Non : je n'ai pas tout faux concernant le fait que LES COURANTS SONT CAUSÉS PAR LA DIFFÉRENCE DE TEMPÉRATURE. Mais je n'ai pas tenu compte l'effet Coriolis.
C'est quoi ça? C'est ce qui fait tourbillonner l'eau autour du trou d'échappement quand vous videz votre bain. C'est ce qui fait tourbillonner les galaxies autour de leur trou noir central. C'est ce qui fait les grands tourbillons, marins ou aériens, ceux qui engouffrent des navires comme ceux qu'on appelle ouragans et tornades.
Regardons un homme (ou une femme si vous préférez, comme ce serait le cas pour leo et iubito) debout immobile à Kiribati (au milieu du Pacifique), à Quito (en Ecuador), à Libreville (au Gabon) ou n'importe où sur l'équateur. (Ceux qui préfèrent pourront regarder Maïwenn ou Beaumont car le sud de la Thaïlande est près de l'équateur.) Cette personne est-elle immobile? Pas tout à fait car la rotation de la Terre autour de son axe l'entraîne à presque 463 mètres par seconde! Ce qui fait 1667 Km à l'heure, presque la vitesse du Concorde. C'est pas tout à fait négligeable! Si nous regardons maintenant un homme (ou une femme si vous préférez, comme ce serait le cas pour leo et iubito) (ce serait probablement un militaire américain ou canadien ...ou russe) debout immobile au pôle nord : la rotation de la Terre l'entraîne à la vitesse de ...zéro Km à l'heure. (Ce serait aussi le cas au pôle sud.)
C'est donc à dire que le courant qui part de l'équateur vers un pôle a une vitesse longitudinale (ouest->est) de 1667 Km à l'heure et doit, en arrivant au pôle, avoir une vitesse longitudinale de zéro. Or, ça ne s'arrêtera pas tout seul ces milliards de tonnes d'eau avançant à une telle vitesse! Prenons pour illustration le Gulf Stream (le raisonnement serait le même pour un courant dans l'hémisphère sud). Quittant les Caraïbes et le Golfe du Mexique, il remonte vers le nord. Ce faisant, il avance vers des zones où la Terre va moins vite ayant un diamètre de plus en plus étroit. Il réagit comme vous le faites si vous êtes debout à bord d'un TGV qui met les freins : vous avez tendance à continuer et aller vous buter sur la première chose (ou personne) devant vous. Semblablement ces milliards de tonnes d'eau ont tendance à continuer à 1667 Km/h et n'iront donc pas vers le pôle mais de plus en plus vers l'est, décrivant une spirale de plus en plus serrée autour du pôle. Comme ceci. Pourquoi vers l'est? Parce que la Terre tourne d'ouest en est (ce qui fait qu'on croit voir les étoiles (incluant le Soleil) tourner autour de nous d'est en ouest), ce qui donne à ces masses d'eau une immense inertie vers l'est. Et qu'y a t-il à l'est de l'Atlantique au nord des tropiques? L'Europe. De sorte que les européens recevront un courant chaud venant de l'ouest et un peu du sud.
Notez que le même raisonnement tient pour l'hémisphère sud : les terres qui reçoivent un courant tropical le voient donc venir du nord ouest. Vu que notre tête pointe dans l'autre sens (vers le sud plutôt que vers le nord), on a l'impression que tout tourne dans l'autre sens.
Ce qui est vrai pour l'eau est vrai aussi pour les vents (et même plus: moins de frictions et de viscosité). Différence de température et effet Coriolis causent aussi les grands courants aériens. C'est ce que Patmos attire à notre attention : l'influence des vents. Les côtes ouest, d'Europe ou d'Amérique, recevront de l'ouest des courants chauds, marins (comme le Gulf Stream et El Niño) et aériens. Comme les courants marins refroidis reviennent par les zones froides des océans (le fond), les courant aériens reviendront par les zones froides de l'atmosphère (la stratosphère) : ce sont les
Jet Streams qui créent ces
grandes traînées de nuages dans nos ciels de printemps et d'automne. La raison pour laquelle cet effet "semble" moins marqué dans l'hémisphère sud n'est pas que, comme le prétend Patmos, les vents viennent de l'est, mais la forme des continents. Il parle de l'Amérique du Sud et de l'Australie. Si on regarde
une carte des Amériques centrale et du sud on voit qu'il y a un très fort déport vers l'est de l'Amérique du sud par rapport à l'Amérique équatoriale. L'effet Coriolis rabattra les courants (et vents) chauds surtout en Ecuador et au Pérou, laissant le Chili frissonner l'hiver. De là, refroidis, ils remonteront (vers l'est puisqu'ils vont vers les tropiques) vers le milieu du Pacifique créant les rafraîchissants Alizées.
Concernant l'Australie, ce n'est pas exactement comme le décrit Patmos quoique j'admets que la chaleur qu'on trouve sur sa côte est peut prêter à quiproquo.

Les courants qui pourraient réchauffer la côte ouest proviendraient surtout de l'Océan Indien. C'est la flèche bleue. Ils n'auront pas le volume nécessaire pour jouer un rôle aussi important qu'un Gulf stream, ni la température nécessaire, originant de trop près des terres. Les grands courants, originant dans l'immense Pacifique, auront plutôt tendance à passer au large de la côte est australienne (courant rouge 1), refoulés par la Nouvelle Guinée vers la Mélanésie (où il fait effectivement très chaud) et passant au sud de la Polynésie ("Tahiti" sur la carte) et perdant leur chaleur en se dirigeant vers les Australes. De là, refroidis, ils remonteront vers le nord apportant un climat clément à la Polynésie occidentale (à partir des Îles sous-le-vent), à Fidji et Samoa et même à Kiribati où le climat est clément même si celle île est pile sur l'équateur. Une partie, faible, heurtera les îles les plus occidentales et les hauts fonds de Mélanésie et sera déviée vers la côte est (courant 2). Ça aura un effet, c'est certain, mais ce n'est ps ce qui explique la température chaude de la côte est. Car, contrairement à ce qu'affirme Patmos, la force de Coriolis pousse les courants et vents d'ouest en est dans l'hémisphère sud comme dans l'hémisphère nord. Ça peut sembler paradoxal à première vue mais ce qui réchauffe la côte est est bel et bien des vents de l'ouest! En effet, ils viennent de balayer les déserts brûlants du centre de l'Australie!
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Bon : tout ça est intéressant mais revenons au climat européen puique que c'est de là que nous étions partis pour parler des différences de température et de l'effet de Coriolis. Ceci su et compris (n'est-ce pas? En effet, je demanderai à Sisyphe de réviser votre résumé que vous lui remettrez pour lundi matin), on peut plus facilement comprendre qu'en diminuant la différence de température entre tropiques et pôles, les courants tropique->pôles auront moins de pression pour les accélérer. Ils iront moins vite dans la direction sud->nord (pour l'hémisphère nord) ou nord-sud (pour... mais vous avez compris). Mais pas dans la direction ouest->est car ces températures n'affectent pas vraiment la vitesse de rotation de la Terre. Il dévieront donc vers l'est bien plus tôt (donc plus au sud). Si on parle de l'Europe, cela signifie que l'Irlande, l'Écosse, l'Angleterre, les Pays-Bas, le Luxembourg, la Belgique et le nord de la France vont avoir une idée des hivers québécois. Et qu'au sud de la France, en Espagne et au Portugal ils risquent de trouver qu'on n'a plus les hivers qu'on avait... Ça explique donc les remarques de Chryso. (Prépare-toi, Chryso, c'est parti pour durer ...et même empirer! Collectionne mitaines, foulards, bougrines...)
Paradoxalement, ici au Québec, il fera plus chaud. (Ceux qui désirent savoir pourquoi peuvent m'écrire incluant des honoraires de 50 euros : il me fera plaisir de leur expliquer. En effet, ce post est déjà assez long. Et même trop diront certains.)
En conclusion, nous avons vu que oui, le réchauffement planétaire fait monter le niveau des mers et que la cause du Gulf Stream (et non le Gulf Stream seul) explique que les hivers soient (ou aient été jusqu'ici) plus doux que les hivers québécois.
C.Q.F.D.
(Ce Qui fait Dormir)