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Posted: 14 May 2004 15:36
by Sisyphe
ann wrote:
Car0line wrote:Je connais aussi chausson, se magner etc.. par contre je dis "mouillasser" quand il pleut légèrement.. vous savez la petite pluie fine particulierement énervante!
on l'appelle la bruine... (en Bretagne au moins, mais c'est surement du "standard")
Chez nous on dit "il pleuvotte".
Le suffixe "-otte" est aussi typiquement franc-comtois : pleuvotter, neigeotter, et d'une manière générale tous les mots en -et/-ette passent à "-ot/-otte" en FC : fillot/fillote. Et même "petiot/petiote".

Pour ce qui est du temps, il y a quantité de termes en FC pour désigner les différents états de la neige (elle tombe généralement fin septembre et y'en a encore en ce moment !) : la poudreuse et la collante, comme partout, mais aussi la mouillée, la foudue, la gelée et la soupe.

Tient, un dernier qui est très étonnant car c'est un souvenir du temps où la FC était occupée par les Espagnols :
"pequignot" = petit (il tend à disparaître mais il est encore compris des vieux, et c'est un patronyme hyper-courant).

Posted: 14 May 2004 15:47
by kokoyaya
J'utilise aussi "mouillasser" mais je crois que c'est plus par mes origines de Charente maritime. Le glossaire des parlers populaires de Poitou, Aunis, Saintonge, Angoumois (tome 2), publié par la société d'études folkloriques du Centre-Ouest donne comme définition à mouillasser : bruiner, pleuvoir légèrement de manière continue ou intermitante.
Terme repéré dans le 16, 17, 79, 85 et 86 (autant dire que c'est plutôt large).

Je connais et utilise également neigeotter mais pas pleuvotter.

Posted: 14 May 2004 16:47
by Franck
Car0line wrote:...quand vous êtes très étonnés vous dites "je suis vert" non?...
la peur, la colère, la honte, la jalousie ou la rage sont ici des sentiments qui peuvent nous faire changer de couleur, comme partout ailleurs je suppose, mais l'étonnement, non ! c'est assez peu chromogène comme truc ! :-o
En revanche, si je suis, non pas étonné, mais dépité, il peut m'arriver de m'exclamer : "Ah ! Je suis vert !" en marquant fortement le "V".

Posted: 14 May 2004 20:12
by Rónán
Je connaissais pas pleuvoter, personnellement je dis pleuvioter. Mais pour moi c'est plutôt qd il tombe qq gouttes, la bruine c autre chose: c'est beaucoup de petites gouttes. :D

Posted: 14 May 2004 21:25
by Enzo
Dans les régions stéphanoise et lyonnaise, nous avons aussi un bon nombre d'expressions. Il existe un dictionnaire du parler lyonnais et un autre du parler stéphanois (lesquels comportent beaucoup d'expressions communes). Quelques exemples :
- la bauge (pour désigner un sac ou un cartable)
- le gone (à Lyon), le gaga, le/la matru (e) (à St Etienne) pour désigner un enfant (et par extension, un natif de l'une de ces villes).
- "tomber quelque chose", "j'ai tombé mon sac"
- Fouilla ! (Oh la la !)
- Débarouler dans le gouilla (à St Etienne surtout, au lieu de tomber dans la boue).
Chez mes parents, nous allons chercher le lait à la ferme avec une berthe ou une biche, c'est à dire un pot à lait avec une poignée.

Ma grand-mère (lyonnaise), quand elle compte dit spontanément "septante", "nonante", comme quelques anciens originaires du Beaujolais.

Concernant les repas, le déjeuner pour moi, c'est le repas du matin, et le dîner c'est le repas de midi ou du soir.

En Belgique (où j'ai habité 5 mois), on dit :
- carte-vue (pour une carte postale, traduction littérale du néerlandais "ansichtkaart")
- s'il vous plait (quand quelqu'un vient de vous dire merci)
- un chicon (pour endive)
- un essui (pour un torchon ou une serviette en papier)
- un lavoir (pour une laverie automatique)
- savoir est souvent utilisé pour dire pouvoir ("on ne sais rien faire à ça"). Pouvoir signifie en général avoir la permission.
- le bourgmestre c'est le maire, est l'échevin c'est le conseiller municipal.

Sisyphe, bravo pour ton étude poussée du parler franc-comtois. Je trouve que c'est un parler très "croustillant".

Vive les patois, les accents !

Posted: 14 May 2004 22:10
by didine
Enzo wrote:- un chicon (pour endive)
- un lavoir (pour une laverie automatique)
Nous aussi on utilise ça dans le Nord! ;)

Posted: 14 May 2004 22:13
by Sisyphe
:love: Merci !

À Lyon, j'ai aussi noté très tôt le "c'est quelle l'heure ?" pour "quelle heure est-il ?"

Sinon, septante, octante et nonante sont aussi courants chez les vieilles gens du Haut-Doubs et du Jura mais il passe clairement pour un helvétisme. Malheureusement, mêmes les Suisses disent de plus en plus quatre-vingts. Septante et nonante ont l'air de mieux résister.

Vous savez, chez moi, on avec la TSR (télévision suisse romande) comme septième chaine hertzienne courante...

... Je m'étonne d'ailleurs qu'il n'y ait pas de Suisse sur ce Forum, d'habitude ils sont plutôt doués en langue.

Posted: 15 May 2004 00:29
by Guest
Enzo wrote:- la bauge (pour désigner un sac ou un cartable)
marrant... chez moi ça veut plutôt dire l'endroit où "dort" le sanglier (et je l'écris de la même façon)...



et tiens pendant que j'y suis:
en patois charentais (aunis, mais aussi du sud la saintonge )
une bauge = l'endroit où le sanglier fait sa couche
gauger = tremper/mouiller
une chau = une hache
giter = coucher
une pige = une mesure
une pallanqué = un tas de bois
une goûlle = un visage
(la célébre :P ) cagouille = escargot
un drôle = un gamin/enfant
grailler = manger
la palisse = la haie
beunaise = être bien
le cheune = le chien
poupion = peuplier
niger = noyer (le verbe pas l'arbre)

exemple de texte daraxtien:
Après une doure journée à avoir travaillé, avec la chau pour chér les poupions, pour pouvoir grailler, nous étions giter derrière la palanqué. Notre goûlle était plus gauger de sueur, qu'une cagouille. Vraiment au mitant de la journée nous étions beunaise près de la bauge, nous sourvaillons jouste le drôle pour qu'il se nige pas dans le ris (ruisseau).

cét'y pas asteùre que je me découvre bilingue!! :lol:


PS: j'ai écrit plus ou moins phonétiquement je pense pas qu'il y est de dico.

Posted: 15 May 2004 00:30
by SubEspion
Sisyphe wrote: Sinon, septante, octante et nonante sont aussi courants chez les vieilles gens du Haut-Doubs et du Jura mais il passe clairement pour un helvétisme.
Je le considérais aussi comme étant un belgicisme puisque j'ai entendu
beaucoup plus couramment des Belges dirent septante, octante et
nonante que soixante-dix, quatre-vingts et quatre-vingts-dix. C'est
peut-être mes fréquentations ;)

Néanmoins, ayant une amie suisse, il y a bien des mots spéciaux. Par
exemple, adieu pour dire salut. Le mot vingt est prononcé vinte et
ils disent de l'aluminioum, marrant quelque fois :P

Posted: 15 May 2004 00:32
by daraxt
Anonymous wrote:
Enzo wrote:- la bauge (pour désigner un sac ou un cartable)
marrant... chez moi ça veut plutôt dire l'endroit où "dort" le sanglier (et je l'écris de la même façon)...



et tiens pendant que j'y suis:
en patois charentais (aunis, mais aussi du sud la saintonge )
une bauge = l'endroit où le sanglier fait sa couche
gauger = tremper/mouiller
une chau = une hache
giter = coucher
une pige = une mesure
une pallanqué = un tas de bois
une goûlle = un visage
(la célébre :P ) cagouille = escargot
un drôle = un gamin/enfant
grailler = manger
la palisse = la haie
beunaise = être bien
le cheune = le chien
poupion = peuplier
niger = noyer (le verbe pas l'arbre)

exemple de texte daraxtien:
Après une doure journée à avoir travaillé, avec la chau pour chér les poupions, pour pouvoir grailler, nous étions giter derrière la palanqué. Notre goûlle était plus gauger de sueur, qu'une cagouille. Vraiment au mitant de la journée nous étions beunaise près de la bauge, nous sourvaillons jouste le drôle pour qu'il se nige pas dans le ris (ruisseau).

cét'y pas asteùre que je me découvre bilingue!! :lol:


PS: j'ai écrit plus ou moins phonétiquement je pense pas qu'il y est de dico.
:evil: rhhaaa
c'était moi :) .
On essaye déjà de censurer la voix de la Charente-maritime indépendante! :lol:

Posted: 15 May 2004 00:43
by kokoyaya
Anonymous wrote:gauger = tremper/mouiller
Tiens, je ne le connaissais que dans le sens "je gauge" = "j'ai de l'eau dans mes chaussures et ça fait flotch flotch" ou 'j'ai les pieds dans l'eau".
giter = coucher
Sans oublier jhouquer :) (avec jh = h très fortement aspiré)
grailler = manger
Euh, c'est du charentais ça ? J'ai l'impression de l'entendre un peu partout :-?
beunaise = être bien
être beunaise = être bien
poupion = peuplier
popion chez moi
niger = noyer (le verbe pas l'arbre)
nijher même (avec toujours le jh = h fortement aspiré)

Si je peux me permettre de pinailler sur ton texte (ou du moins de l'adapter la variante du charentais à laquelle je suis plus habitué).

Après ine dur jhournée à avoir travaillé, avec la chau pour faire chér les popions, pour pouvoir grailler, jh'étions giter derrière la palanqué. Not goûlle étiant pus gaughée de sueur qu'ine cagouille. Vraiment au mitant d' la jhournée, jh'étions beunaise près d'la bauge, jh'sourvaillons jhouste le drôle pour qu'y s'nigheant point dans le ris (ruisseau).

cét'y pas asteùre que je me découvre bilingue!! :lol:

Pff, j'ai eu du mal (j'ai du me répéter les phrases deux ou trois fois avant d'adapter). Faudrait que je m'y mette sérieusement... :roll:

Posted: 15 May 2004 01:03
by SubEspion
Je vous donne ici un texte en québécois. Je vais laisser poirotter le texte
une nuit et je metterai la traduction en bon français demain. Si certains
veulent se risquer à le comprendre, c'est un texte de Linda Lemay, une
chanteuse.

J'aimerais ben mieux rester assises sur mon steak à maison devant un
vidéo avec une poutine pis une liqueur que de me ramasser dans un trou
à me faire crouser par un raisin de la pire espèce qui me collerait comme
une mouche à marde tout l'esti de veillée. Mais qu'est-ce que tu veux ?
Ça a l'air que je pogne qu'avec des colons pas de classe qui ont même
pas assez de bacon pour me payer un drink qui a de l'allure. Pis de
toutes façons, tout ce qu'ils veulent les câliques d'épais, c'est faire des
cochonneries avec moi sur la banquette toute décâlissée d'leu'vieille
minoune de BS.

Traduction

Je voudrais mieux rester assise chez moi à ne rien faire devant la
télévision avec une poutine et une boisson gazeuse au lieu de me rendre
dans une vieille taverne pour me faire séduire par n'importe quel idiot
qui ne me lâcherait pas d'une semelle toute la putain de soirée. Que
veux-tu ? On dirait bien que j'attire seulement des imbéciles impolis qui
n'ont même pas assez d'argent pour m'acheter une boisson alcoolisée
qui a du bon sens. De toute manière, ce qu'ils veulent les gros cons,
c'est de faire des choses explicites avec moi sur la banquette toute
déchirée de leur vieille voiture qui ne vaut rien.

:hello:

Posted: 15 May 2004 01:30
by Sisyphe
SubEspion wrote:
Sisyphe wrote: Sinon, septante, octante et nonante sont aussi courants chez les vieilles gens du Haut-Doubs et du Jura mais il passe clairement pour un helvétisme.
Je le considérais aussi comme étant un belgicisme puisque j'ai entendu
beaucoup plus couramment des Belges dirent septante, octante et
nonante que soixante-dix, quatre-vingts et quatre-vingts-dix. C'est
peut-être mes fréquentations. Néanmoins, ayant une amie suisse, il y a bien des mots spéciaux. Par exemple, adieu pour dire salut. Le mot vingt est prononcé vinte et ils disent de l'aluminioum, marrant quelque fois :P
En fait, moi aussi je dis "vinte" - du moins "à 'l'état naturel" :lol: Quand je surveille mon langage, je dis "vin".

Septante, octante et nonante sont les "vrais" mots français (< lat. septuaginta, octoginta, novaginta). On parle encore de "la septante" pour désigner la traduction grecque de l'Ancien Testament, que "septante" personne auraient traduit exactement de la même manière, par un miracle. Comme toujours, les traits les plus archaïques sont repoussés sur les marges : Suisse, Belgique, parfois le Québec.

"quatre-vingts" (:prof: oserais-je rappeler qu'on écrit "quatre-vingts" mais "quatre-vingt-trois, c'est absurde, c'est comme ça) c'est un système de calcul dit "vigésimal", cad par 20, qui était très courant autrefois : trois-vingts, six-vingts. Il existe encore un vieil asile pour aveugle fondé je crois par Saint Louis, devenu depuis un centre médical ophtalmologique qu'on appelle "les quinze-vingts", parce qu'il était censé acceuillir 300 aveugles.

"adieu" = au revoir ; oui, ça aussi c'est courant dans le Haut-Doubs, et je pense tout le long de la frontière. Ma grand-mère termine ainsi tous ses coups de fils, ça fait toujours peur. Mais moi aussi je l'utilise !

Par contre "aluminioum" je l'ai jamais entendu ?! T'es sûr que c'était pas un Suisse-allemand ?

Autre mots suisses :

"la panosse" = balayette pour laver la vaisselle
-> L'inénarrable Marie-Thérèse Porchet avait composé un hymne à la Panosse sur l'air de "la bohême" d'Aznavour, c'était tordant.

"poutser" = faire le ménage ! Allemand putzen

Posted: 15 May 2004 06:19
by SubEspion
Je devrais réviser les nombres effectivement :roll:

Si, si :P Elle disait, du moins, elle, aluminioum, maximoum, minimoum.
C'est peut-être par rapport au suisse allemand, je me renseignerai lundi
(qui est la prochaine fois que je la verrai).

J'aime le son du septante, octante et nonante... J'écoutais la télévision
belge l'autre fois et ça me faisait sourire. Ici, les termes sont moins
originaux... restant encore dans le quatre-vingts et les autres
(que je ne nomme pas pour ne pas faire des erreurs ;))

:hello:

Ah oui, en passant... :sleep:

Posted: 15 May 2004 08:57
by Maïwenn
voici une phrase typique d'ici :

celle-ci est partie drôle (celle-ci se prononce cèssi et drôle avec un o ouvert). C'est en fait une traduction littérale du breton.
On utilise celui-ci et celle-ci beaucoup plus qu'en français standard, assez souvent dans un sens péjoratif, mais c'est pas toujours le cas. Est ce que vous dites "être parti" pour "être devenu" ou quelque chose dans ce genre là ?
Et drôle ici veut dire bizarre/de mauvaise humeur