Bon, j'ai engagé un débat, je suis obligé de le soutenir...
(Moon : nos posts se sont croisés)
Bon, je me dois de défendre ma formation car la psycho est très riche et très variées ... rien qu'à la fac de Toulouse le Mirail...
Qui n'est déjà pas n'importe quelle fac. Là encore, désolé d'être politiquement incorrect, mais il y a fac et fac.
il y a 8 DESS différents portant sur différents champs de la psychologie et 4 DEA ... il est vrai qu'il est préférable d'avoir un objectif, mais le problème de la psycho, c'est qu'on la découvre en première année. J'ai vaguement expliqué les 4 grandes maisons et celle à la quelle j'appartiens à Enora.
Il est difficile d'expliquer à une personne ce qu'est la psycho (surtout la psychologie cognitive car même la plus part des étudiants et professionnels l'assimilent au comportementalisme ... ) J'ai expliqué à Enora, que c'est très difficile car c'est extrêmement conceptuel et je concède que c'est une très jeune discipline mais de là à dire qu'il ne faut surtout pas y aller car c'est une voix de garage j'en suis désolée, mais je ne suis absolument pas d'accord.
Soyons bien clair : ma critique n'est pas d'ordre épistémologique. La psychologie, de quelque école qu'elle soit, est une science humaine comme une autre, avec la même légitimité que les autres, le même interêt, la même difficulté, etc. Je ne prétends d'ailleurs pas y fourrer mon nez, pas plus qu'en archéologie sumérienne ou en physique quantique.
Ma mise en garde est d'ordre stratégique : l'interêt intellectuel (qui du reste est loin de toujours exister) n'est pas suffisant. Il doit être la base, évidemment (rien n'est plus con que de faire du droit en espérant s'en mettre plein les fouilles quand on sera un grand avocat
et finir commis d'office au tribunal des baux ruraux ).
Le fait est que 45 % seulement des étudiants réussissent leur première année, que 50 % à peine bouclent leurs premiers cycles, dont une partie seulement (trouve plus le chiffre, ah si : 37 % ) dans les trois ans réglementaires. Sans parler des 20 % carrément éjectés.
Il faut bien comprendre une chose : le premier cycle est le tombeau de l'étudiant paumé, comme l'Afrique était le tombeau de l'homme blanc (ne voyez aucun colonialisme dans ma citation). C'est le problème de fond de nos facultés, surtout en province.
D'autres part, le projet d'Enora est de tenter le concours d'instit (si je me souviens bien) et personnellement je pense qu'avoir une licence en psycho peut être un avantage pas pour obtenir le concours mais pour avoir des clés pour appréhender certaines difficultés liés à l'enseignement. Je sais que dans le cadre des cours que je donne à des jeunes dyslexiques mes connaissances en cognition me servent pour mettre en place de nouvelles méthodes pédagogiques plus adaptées à leur mode particulier de fonctionnement.
Là encore, nous n'argumentons pas sur le même plan : je ne parle pas de science, je parle de réussite. C'est moins noble, plus égocentrique, mais hautement nécessaire.
Pour faire instit', il faut entrer à l'IUFM puis passer le CRPE. Il faut des maths et du français, une langue et des "connaissances générales". L'aspect didactique - quelque opinion qu'on ait à son sujet* - est précisément enseigné
à l'IFUM, c'est le reste qu'il faut acquérir avant.
Quant à l'utilité d'un savoir psychologique réel ensuite dans le métier d'institeur, je ne veux pas le nier (toute ma critique vis à vis des IUFM porte sur le mot "réel", pas "psychologique").
Alors d'accord, la grandeur scientifique, la noble volonté d'être le meilleur enseignant possible, et d'appréhender l'enseignement au primaire par une pédagogie nouvelle et fondée sur un large savoir scientifique (sauf qu'un PE ne décide pas de sa pédagogie, elle lui est imposée par l'Inspection, et il est interdit de s'en écarter). Mais avant il faut devenir instit. Pas de la tarte. La licence de psycho est un avantage scientifique, moral, intellectuel. Mais certainement pas stratégique (la licence de lettres l'est à peine plus, mais guère).
Il y a des ex-psycho qui réussissent l'IUFM (et des lettreux qui le ratent). Mais c'est pas la voix royale.
Maiwenn wrote: Mais qu'est ce que tu vas faire avec ton breton ?" Quand je répondais que je ne voulais pas être prof les gens me regardaient avec un regard désolé, l'air de dire, "ma pauvre, t'es mal barrée". Et maintenant je m'apprête à partir enseigner le français dans une université de Bangkok. Comme quoi, on sait d'où on part, on ne sait pas où on arrivera. Je n'aurais jamais parié là dessus il y a 6 ans. Alors autant faire quelque chose qui nous plaît, et garder confiance en l'avenir !
Oui, toutes les réorientations sont possibles, toutes les ouvertures aussi, à condition de bien chercher.
Mais il faut en être conscient dès le début. Parce que c'est pas la fac qui vous y aidera.
Je suis peut-être d'une nature pessimiste.
Miguel wrote: enora, sisyphe t'a brossé un tableau très noir de la fac, beaucoup trop noir par rapport à la réalité. je suis d'accord avec lui à environ 2 %, pas plus.
Je crains, Miguel, que tu sous-estimes l'état de déshérence intellectuelle des petites facs de province. Il y a un monde, pour ne pas dire un univers, entre ce que j'ai vécu à Besançon et ce que je vois à Lyon. Et pourtant tout n'est pas rose dans les premiers cycles de Lyon.
C'est une différence, si je puis dire, de "densité". Paris attire les étudiants de la France entière (on dit qu'un quart des étudiants parisiens sont provinciaux) - et moindrement, Lyon de l'Est tout entier. Dans quelque filière que ce soit, la part des étudiants "passionnés", ayant
réellement décidé de faire cette matière est beaucoup plus importante qu'en province (de même qu'elle l'est beaucoup plus à Lyon qu'à Paris), et le niveau d'exigence, presque mécaniquement se fixe beaucoup plus haut - et plus important, surtout, "l'horizon" des étudiants n'est pas le même. A Besançon, les étudiants de lettres considèrent comme un maximum presque inespéré de décrocher un capes, à Lyon, ils croient tous naturels d'avoir un jour l'agrégation
Ouais, je sais, je peu causer. A Paris, ils me parlent tous de l'EPHE ou de l'école Française d'Athènes comme d'un avenir évident.
Les étudiants parisiens ont sous les yeux des "grands" universitaires (qui sont parfois, aussi, des grands cons), or le prof est toujours l'idéal-type de sa matière : c'est à lui qu'il "faut" ressembler, c'est psychologique, sinon psychanalytique ! Et en tout cas, institutionnel ...
ce genre de témoignage ne doit pas t'empêcher de vouloir aller en fac
Loin de moi l'idée de lui barrer le chemin de la fac. Voire même de la fac de psycho. Mais il faut être vraiment conscient de ce que c'est.
Ne pas dire - mais Enora est loin de cela - comme cette camarade de terminale : "oh de toute façon, la première année de fac, c'est une année sabatique, c'est pour ne rien faire".
Blood wrote: Sisyphe a quand même surtout parlé de certaines filière de la fac et pas de la fac en général. Et force est de constater qu'il a raison, je connais pas mal de personnes, qui après avoir échoué deux fois dans le cursus qu'il entreprenaient, se dirigent alors en droit, comme ça, pour faire joli.
Ou en lettres après avoir échoué en pharmacie, ou en socio après avoir planté l'ethno, ou en histoire de l'art après avoir raté l'histoire (encore que ce sont surtout les filles de bourge qui vont en histoire de l'art, ça meuble) ou en "connaissance du monde contemporain" quant c'est trop juste en droit (sic, ça existe : un bout de droit, un bout d'histoire géo, un bout d'économie, un bout de lettres, dans l'espoir de passer les concours B de la fonction publique. Sauf qu'aujourd'hui les lauréats des concours B ont des maîtrises de droit et des DEA d'histoire). Sans parler de cette fille qui m'avait dit benoîtement vouloir faire "une licence de rien" - une quoi, demandé-je ? - je sais pas trop, peut-être sciences de l'éducation, en tout cas il me faut une licence".
Certains points mériteraient d'être nuancés mais ce site donnent de bonnes choses : http://www.ccr.jussieu.fr/urfist/wilu/wilu00.htm ; j'en ai des milliards d'autres mais aussi la flemme de faire le tri dans mes favoris - si je puis dire [/quote]