La période des
épreuves est la plus feignasse de l'année, pour moi : la seule où je n'ai aucune copie ! Je me sens d'ailleurs inexpliquablement honteux... N'en resterait-il pas une, quelque part ? Les ai-je toutes entrées dans la machine ? Et si je recorrigeais une copie que personne n'est venue chercher, même si elle est déjà corrigée ?
En revanche, fatigué, oui : 4h de surveillance de philo, c'est en réalité 5 heure 30 de présence dans la salle (45 minutes avant pour "faire la salle", 45 minutes après pour ranger les copies, rapporter les copies, finir les six rapports et signer 41 fois à chaque moment du processus). Et en plus, cette année, on a le droit aux déctecteurs de portable, qui ressemblent à des "mini-aspirateurs" de cuisine... Je sens qu'on va avoir l'air idiot.
ElieDeLeuze wrote:leo wrote:je me demande toujours s'il est aussi sévère que dans ses pots...

Il n'y a pas de correction sévère, sinon, on n'atteint pas les chiffres plus ou moins imposés, au moins attendus. Personne ne me fera croire qu'un prof qui fait une journée d'oraux à 6,7 de moyenne ne verra pas ses notes bidouillées pour faire remonter tout ça même si les élèves étaient effectivement aussi nuls.
Je nuance ce commentaire : le principe, inscrit dans la loi, est que le correcteur est souverain.
Personne, pas même le ministre, ne peut sur le moment me contraindre à monter mes notes si je dis "non" - ce qui n'est pas le cas à l'étranger. Dans les cas de double-correction, il y a un processus décisionnel très précis (à moins de x points de différence, les deux correcteurs discutent et se mettent d'accord, à plus de x points il y a automatiquement troisième correction, si celle-ci est à son tour distance de plus y point de l'une ou l'autre note c'est le président du jury qui tranche ; mais ce n'est jamais la moyenne). Mais ce n'est pas le cas au baccalauréat. Où il n'y a seconde correction : a) qu'en dessous de six, b) à la demande du premier correcteur, quand il a un "doute".
Contrairement à ce que pensent les élèves, le processus docimologique est très encadré aux examens. Un fou-furieux peut-il mettre une note démente ? Question à laquelle je réponds : un avion de ligne peut-il s'écraser ? Oui, il peut, mais jamais à cause d'un seul problème : il y a des mécanismes de protection, de surveillance, etc. Et dans le fond, c'est statistiquement très réduit. Idem au bac : tout, dans le processus, favorise la cohérence. Parfois de façon un peu
désobligeante pour les profs (j'aurais des anecdotes à raconter, mais je ne le fais pas ; quand je serai en retraite, soyez patiente, plus que 52 annuités

), mais l'auto-discipline du corps enseignant est bien plus forte que toutes les contraintes imaginables.
Je n'ai jamais eu honte des notes que je mettais aux examens et on n'a jamais fait pression sur moi, en ce sens que je n'ai jamais surnoté un élève par rapport aux exigences que j'aurais eu avec la classe toute l'année durant. Si l'on doit discuter, c'est du niveau général, et ça c'est un plus vaste débat.
Et pour rassurer les candidats : aucun prof, si sadique parût-il, n'hésitera jamais, un jour d'examen, à mettre la meilleure note s'il "hésite" entre deux.
J'aurais un peu plus à dire sur les "repêchages", mais là je préfère me taire, devoir de réserve...
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)