J'ai fini il y a peu
Le coeur cousu de Carole Martinez.
Au départ, une réflexion lancée sur un forum de couture que je fréquente. Il existe peu de romans qui mettent en scène l'activité de couturière.
Mais il y a celui-là. Déjà, le titre est intrigant.
Puis le premier paragraphe :
Mon nom est Soledad.
Je suis née, dans ce pays où les corps sèchent, avec des bras morts incapables d'enlacer et de grandes mains inutiles.
Ma mère a avalé tant de sable, avant de trouver un mur derrière lequel accoucher, qu'il m'est passé dans le sang.
Ma peau masque un long sablier impuissant à se tarir.
Nue sous le soleil peut-être verrait-on par transparence l'écoulement sableux qui me traverse.
LA TRAVERSÉE
Il faudra bien que tout ce sable retourne un jour au désert.
C'est l'histoire de Frasquita Carasco, dans l'Espagne de la fin du XIXe siècle, couturière hors du commun qui hérite d'une boîte à couture enchantée et de dons extraordinaires. Elle qui n'avait eu jusque là que des fils blanc et noir, elle découvre la couleur et se met à broder. Grâce aux fils hérités, les chiffons deviennent des robes somptueuses et elle recoud tout, même les plaies et les âmes. On la qualifie de sorcière dans le village.
Jouée et perdue lors d'un combat de coq par son mari, cette femme humiliée quitte son village sans un regard en arrière avec ses six enfants et fait route vers le sud.
On croise un vieux meunier qui réduit la montagne en poussière dans son moulin, un ogre (vous aurez peur), un homme qui compte les oliviers pour tenter de rattraper son ombre, et d'autres personnages.
Ses enfants se voient aussi dotés d'étranges pouvoirs, et c'est la dernière née, Soledad, qui raconte ces histoires maudites.
L'histoire semble très réelle et bascule régulièrement dans le fantastique, sans crier gare. J'ai été littéralement envoûtée par ce livre.
Je viens de découvrir qu'il avait eu le prix Renaudot des lycéens. S'il y a un prix auquel je fais confiance, c'est celui des lycéens.