

Coûter bonbon. Pas d'étymologie claire et simple, en tout cas je n'ai rien trouvé dans mes livres. Je pense qu'on est au croisement de trois phénomènes :
- Une déformation expressive par apocope et redoublement de l'adverbe "beaucoup".
- Ajoutée à la tendance traditionnelle, plus ou moins apotropaïque, à l'idiotisme métaphorique dès qu'il s'agit d'argent : comme le blé, l'oseille, la brique ou la patate, on est dans l'unité soit quantifiable soit dénombrable. Le blé et l'oseille, quantifiables mais non dénombrables, désignent plutôt des sommes générales, l'argent en tant que besoin (faire son blé, manquer de blé, se faire de l'oseille...), alors que les unités dénombrables insistent plutôt sur une quantité précise, considérées comme trop élevées (ça va coûter une brique, deux patates). Le bonbon est entre les deux.
- Aidée par le fait que "bonbon" est utilisé de façon partitive jusqu'au XIXe siècle : "donner du bonbon". Comme du blé ou de l'oseille.
Du rab. Réduction (apocope derechef) de "rabiot", c'est la seul certitude. A. Rey propose deux étymologies : le gascon rabiot "rebut de la pêche que le distributeur s'adjuge", lui-même dérivé de rabe, forme occitane de rave, car une femelle poisson pleine a le corps en forme de rave... Ou alors, rebiot, "taxe en surcroît" ou "prime supplémentaire", qui viendrait d'un *ratabellum, "raclette" d'où "chose râclée" (en bon latin : rutabellum).
"Rab", de ce côté-ci de l'Atlantique, désigne toute forme de rajout par rapport à une quantité initiale. À la cantine d'un établissement scolaire, par exemple, c'est "ce qui reste de nourriture une fois que tous les élèves sont passés, et que le cuisiner redonne volontiers aux élèves encore en salle qui en font la demande" (on disait dans ma jeunesse "aller au rab").
véto. Vétérinaire. Les diminutifs et/ou appellatifs en [-o] se retrouvent étonnament dans beaucoup de langue indo-européennes. En latin notamment (Cicero, qqchose comme "pois-chichounet" !). Le cuistôt, le véto, l'hosto (hôpital), le gynéco, l'ophtalmo, l'oto-rhino (-laryngologiste), le proxo (proxénète), le gigolo, le clodo (clochard)...
C'était tangeant. Métaphore mathématique déjà bien expliquée par Patmos ! Je ne sais pas pourquoi, mais la tangeante du cercle a longtemps fait partie des "traditions pédagogique" des mathématiques en France, parfois dès l'enseignement primaire. Chaque matière a comme ça ses obsessions (en allemand, de mon temps, c'était je... desto, je crois ne l'avoir jamais utilisé ; en bio, c'était la digestion, en histoire 1515, en grec la règle "ta zôa trékhei" pas vraiment essentielle...). Jusqu'aux temps cadavériques des "maths modernes" (années 80), tout petit Français avait étudié un jour la tangeante. D'où aussi "prendre la tangeante" pour prendre la fuite...
gamelle, mot pénible car il ne désigne pas la même réalité dans tous les coins de la francophonie. Emprunt via l'espagnol au bas-latin "gamella", en latin plus classique "camella", dont l'étymologie est problématique... Seule certitude, cela fait partie des très rares mots que le grec a emprunté au latin et non l'inverse. "Gamelle" fait concurrence au mot "écuelle", sans toutefois le recouvrir. La gamelle est essentiellement identifiée comme une écuelle pour un usage inférieur (d'où le chien, mais je ne l'aurais pas employé pour un chat). Dans mon esprit, une "gamelle" est quelque chose en fer blanc, et d'une forme non-circulaire. Peut-être parce que je suis d'une région ouvrière et que le mot a longtemps désigné le repas que l'ouvrier se préparait pour midi (dans une gamelle, donc).