Anuanua wrote:Et c'est sensé vouloir dire quoi?
Que parler de bilinguisme pour tous à la fin du lycée est non seulement démagogique, mais aussi parfaitement irréaliste (je parle du contexte continental hors zones dialectales ; dans les COM et les territoires où le français voisine effectivement avec une autre langue, c'est un autre problème. Mais je ne crois pas que notre ministre parlât du thaïtien ou du breton).
... Même avec des élèves carrément excellents, gentils et bénéficiant d'un héritage culturel gigantesque (les miens l'an passé), vous ne ferez jamais d'un adolescent un bilingue si sa seule motivation pour faire l'exercice 12 page 34 c'est que le professeur a donné l'ordre de faire l'exercice 12 page 34. Même s'il le fait très bien, sans faute et avec bonne volonté.
J'ai connu les meilleurs élèves, dans une des meilleurs sections d'allemand de France où les élèves faisaient facilement 8 heures d'allemand dans la semaine. 8 heures d'une matière, c'est énorme pour un ado. Et je crois pouvoir affirmer la qualité du professeur, qui bossait directement avec la KMK. Certains élèves étaient
très bons en allemand. Mais la marge qui sépare le
très bon du bilingue est celle qui sépare le technicien de l'ingénieur, le pianiste de bar de Martha Arguerich, ou même le traducteur de l'interprète (tous deux "bilingues"), un savoir bien maîtrisé parmi d'autres à l'investissement d'une vie (et le paniste de bar, le technicien ou le traducteur ont d'autres compétences qui manquent à l'ingéneur, à l'interprète ou à Martha Arguerich).
Tout le monde se plaint d'avoir "rien appris", ou plus honnêtement "tout oublié" de son anglais de lycée, en accusant les profs ou les méthodes - qui ne sont certes pas au-dessus de toute critique. Mais personne ne se plaint d'avoir "rien appris" ou plus honnêtement "tout oublié" des mathématiques ou de la bio. Il n'y a aucune raison pour qu'il en aille différemment d'une matière à l'autre.
Le meilleur lycée du monde ne peut pas faire des bilingues et ce n'est pas son but. Pas plus qu'il ne peut former des biologistes, des historiens ou des DRH directement. Ils peut apporter tous les éléments pour pouvoir démarrer au mieux de véritables études dans un domaine spécialisé, mais pas plus.
Et encore cet objectif n'est-il une réalité que pour une partie des élèves dans une partie des établissements. Il y a des états de choses bien plus graves. Ce que j'ai écrit plus haut n'est même pas une exagération.
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)