Ils ont l'air bien gentils comme ça, les Polaks, mais en réalité, ce sont de dangereux sadiques, pour peu que l'on ait affaire à une femme consciencieuse, jolie de surcroît, qui prend à coeur de vous initier dans les arcanes de sa langue natale...
Déjà, avec le tchèque, je savais que j'évoluais en terrain glissant, mais avec le polak, c'est la super-glissade dans des abîmes insondables...
Comme si 7 cas de déclinaison ne suffisaient pas (avec 3 genres, mais ça, on est habitués), il faut encore qu'il y ait 3 désinences différentes pour le génitif pluriel masculin (je m'étais toujours étonné de voir des pièces de 5 grosz
y, alors qu'avec 5, on serait en droit d'attendre un génitif en ów et non pas une forme semblable au nominatif pluriel), et avec le locatif, on touche vraiment le fond ou on atteint les sommets du nirvâna soluble (surtout que les Polonais sont de fervents adeptes de la palatalisation

).
En fait, c'est très simple, il faut procéder au cas par cas, et apprendre à se trouver dans chaque ville avec la désinence adéquate.
Hanower---> w Hanowerze
Madryt----> w Madrycie
Berlin---> w Berlinie, Szczecin---> w Szczecinie (là, le cas typique qu'on serait en droit d'attendre, mais attention, ça se complique :
Rzym (Rome) ---> w Rzymie, Kraków ---> w Krakowie, et avec les terminaisons féminines Moskwa et Warszawa idem.
Mais Bruksela ---> w Brukseli, Łódź ---> w Łodzi (ce qui se prononce tout autrement qu'au nominatif

)
Gdańsk ---> w Gdańsku, Wiedeń (Vienne) ---> w Wiedniu, Poznań ---> w Poznaniu.
Le plus beau, c'est quand on vous demande quand vous êtes né. En bon Français (ou en bon Allemand), vous répondez machinalement : en 1951. Mais pour un Polak, c'est trop simple : Il faudra dire quelque chose comme "je me suis né en l'année mille neuf cent cinquantième première". Pour un Polonais, ça coule si fluide que ça fait peur, rien qu'en l'écrivant :
Urodziłem się w roku tysiąc dziewięćset pięćdziesiątym pierwszym. Et avec le jour et le mois, n'en parlons pas, il faut simplement mettre au génitif (évidemment, il faut apprendre le calendrier "révolutionnaire", autrement dit, "païen").
Ma vengeance sera terrible : "Ogniem i mieczem", par le fer et par le feu. Mais comment ne pas pardonner à une jolie femme...
Des fous, je vous dis, des fous, qui en sont restés au Moyen âge... Je me prépare des nuits blanches... des migraines... des "nervous breakdown" comme on dit de nos jours... On n'en revient jamais intact de ce genre d'expédition.
