un peu de nostalgie...
Re: [musique] un peu de nostalgie...
Roy Orbison un peu avant sa mort, entouré par une pléiade de vedettes (sur scène et dans la salle), lors d'un concert hommage. On peut notamment voir Bruce Springsteen jouer avec James Burton, et le "Boss" dira ensuite que c'était un très grand moment pour lui ("that's a dream").
Time is an illusion. Lunchtime doubly so.
Re: [musique] un peu de nostalgie...
(Préambule : Beaumont a ajouté ses messages pendant que je faisais les recherches pour celui-ci. Sinon, ce message-ci aurait dû venir tout de suite après le mien page précédente.)
HE TOUCHED ME
Toujours dans le domaine du Gospel, voici une même chanson : He touched me telle qu'exécutée (parfois dans "l'autre" sens du mot) par :
Elvis Prestley
Johnny Cash
The Isaacs
The Homecoming Choir (Ceux-là font TRÈS sérieux, le vrai Gospel chanté à l'office du dimanche!)
Le compositeur (Bill Gaither) et son groupe
le preacher très théâtral (et parfois hystérique) Benny Hinn
Mother Katherine Bynum (Très "negro spiritual")
Okwara Ezema Afro!
The Heritage Singers (Ultra-classique! ...avec une influence hawaiienne évidente. lol )
Willa Dorsey (TRÈS negro!!!)
Ceci vu, on voit non seulement que les Gospels étaient très populaires à l'époque de Gaither mais qu'il était sujet à des interprétations -disons- différentes (c'était un euphémisme...). À mes oreilles, certaines semblent authentiquement "spiritual", mues par une dévotion évangélique ; d'autres mues par un souci commercial et d'autres, évangéliques DANS un souci commercial (hélas!)
HE TOUCHED ME
Toujours dans le domaine du Gospel, voici une même chanson : He touched me telle qu'exécutée (parfois dans "l'autre" sens du mot) par :
Elvis Prestley
Johnny Cash
The Isaacs
The Homecoming Choir (Ceux-là font TRÈS sérieux, le vrai Gospel chanté à l'office du dimanche!)
Le compositeur (Bill Gaither) et son groupe
le preacher très théâtral (et parfois hystérique) Benny Hinn
Mother Katherine Bynum (Très "negro spiritual")
Okwara Ezema Afro!
The Heritage Singers (Ultra-classique! ...avec une influence hawaiienne évidente. lol )
Willa Dorsey (TRÈS negro!!!)
Ceci vu, on voit non seulement que les Gospels étaient très populaires à l'époque de Gaither mais qu'il était sujet à des interprétations -disons- différentes (c'était un euphémisme...). À mes oreilles, certaines semblent authentiquement "spiritual", mues par une dévotion évangélique ; d'autres mues par un souci commercial et d'autres, évangéliques DANS un souci commercial (hélas!)
Last edited by Anuanua on 16 Jun 2010 13:05, edited 3 times in total.
I te rahiraa o te taime, mea pāpū aè te reo ia taì mai i te mafatu, e mea haavarevare roa atoā rä o ia.
La langue est souvent plus éloquente, mais aussi plus trompeuse que le coeur.
La langue est souvent plus éloquente, mais aussi plus trompeuse que le coeur.
Re: [musique] un peu de nostalgie...
Orbison...Beaumont wrote:Ah, je suis content qu'on parle de Roy Orbison dans ce topic.![]()
Un de mes préférés!!!
De quels espaces traversés s'est blanchie cette voix
abîmée de pureté,
de quelles peines oubliées, de quel émoi?
Nul ne sait...
Chaleur d'où venue,
mélange d'un regard et de sa durée...
Nul ne sait...
Roy Orbison chante, et nulle consolation vient
ou, peut-être sa voix est-elle le seul effet possible
la seule trace de nos propres blessures?
La jeune fille mystérieuse se tient devant nous
par la force de sa voix qui l'appelle et la crée en même temps
Chaleur d'où venue, rêve surgi d'un espace oublié
Nul ne sait. Nul de doit savoir
La voix de Roy Orbison est sans retour.
(Alain Suied)

Orbison est un de mes préférés, parfois pour son rythme de vrai rock, parfois pour le fait qu'il a toujours refusé d'être avant tout la star préfabriquée par les bussinessmen de Nashville ou de Memphis, et qu'il a exprimé non pas les rêves chromés de l'American Dream mais la réalité de l'américain moyen... Ce qui fait qu'il a touché les jeunes ...deux générations plus tard!
Orbison avait une voix qui convient mal au style "Country". Pas assez "mâle", comme celle de Johnny Cash. Pas assez "sexy" comme "Elvis pelvis"... Il ne fut pas vraiment reconnu dans le Tennessee, là où il avait pourtant débuté , ou au "Grand Ole Opry" (la Mecque du Country and Western). Il a travaillé d'arrache-pied pendant des années.
Travaillant à journée longue, et le soleil ne brille pas
Essayant de percer, mais je ne fais que tuer le temps
("California Blue")
Il connut une certaine popularité, puis, difficilement, devint star internationale. Pas pour longtemps. Graduellement, il retomba dans l'oubli.
Mais il continua. Il SAVAIT qu'il transmettait un message qui toucherait le coeur de plusieurs. Ce message, c'était non pas les belles chansons d'amour d'Elvis ("Can't help fallin in love") ou de rythme (Blue suede shoes), mais ce que nous vivons sans en parler. Les peines d'amour, l'inquiétude, l'insécurité... notre fragilité, notre vulnérabilité quoi. Mais à l'époque, en Amérique, ça c'était l'affaire des femmes comme Connie Francis ("I was such a fool", "We'll alway be together", "Many tears ago"...). Mais pas des hommes qui, eux, devaient être heureux, forts et sexy, comme l'image des cowboys texans ou les danses d'Elvis. Ça n'allait pas à un homme de se sauver, d'avoir peur, de Just running scared!
Fuir... fuir de peur partout où nous allons
Effrayé qu'il se montre
Oui, fuyant : que ferais-tu
S'il revenait et te désirait...?
Fuyant... me sentant si bas...
Effrayé : tu l'aimes tant!
Fuyant, vivant dans la peur de perdre
S'il revenait.. lequel choisirais-tu?
Et tout à coup, il était là!
Si sûr de lui, l'air hautain...
Mon coeur se brisait, lequel serait-ce?
Tu t'es tournée, et tu es partie avec moi.
Et, en Amérique, un homme, ça pleure pas! Alors, "Crying" (pleurer), ça "fittait" pas..
Alors, malgré son manager, malgré la popularité des Elvis, des Jerry Lee Lewis, des Johnny Cash, des Hank Williams... Roy demeura lui-même, parfois rêvant -comme nous- à l'amour qu'il n'aura jamais : How long must I dream?. (Les femmes d'aujourd'hui n'aimeront peut-être pas l'expression "Sweet dream baby", mais cette expression était alors très acceptée et absolument pas péjorative. À chaque époque son langage.)
L'amour inaccessible, c'était tout simplement pas la mode, voyez-vous? C'était plutôt la mode, en cette époque de l'American Dream, d'avoir la poupée de nos rêves... Comme dans les films, qu'ils soient familiaux ("Father knows best", "The Waltons"), western (la femme de rêve dans "High noon" ("Le train sifflera trois fois")) ou dans les surfin' safaris... Alors, privé ainsi des fonds de ceux qui décidaient des succès et qui "faisaient" les artistes (ce qui fut tout à fait le cas d'Elvis et des Beattles qui furent "faits" par leur manager), il resta dans l'ombre de ces vedettes fabriquées à coups de millions de $$$ de publicité y compris des "ententes" avec les stations radio. C'est ainsi que Cash, qui insistait aussi pour demeurer lui-même, demeura toujours derrière Prestley (mais fit carrière plus longue...). Et qu'Orbison, moins conforme à l'image chromée du superman de l'American Dream (mais plus conforme à l'américain réel), demeura derrière les autres...
Mais les californiens l'aimèrent. Eux, ils étaient loin des images macho du Texas, beaucoup plus loin que la géographie le laisse supposer. Il y présenta plusieurs spectacles. Ses succès en re-firent une (pâle) étoile internationale.
Puis le style "Country and Western" passa, au profit du British rock, les Beattles, les Rolling Stones... Et l'étoile d'Orbison redescendit.
Mais il savait... Il savait que ce message était durable. Jour après jour, effort après effort, le soleil ne brillait pas pour lui, mais il savait. Il savait que son message porterait tôt ou tard.
Working all day, and the sun don't shine
Trying to get by and I'm just killin' time
...
One sunny day, I'll get back again
Somehow, someway, but I don't know when
Travaillant à journée longue, et le soleil ne brille pas
Essayant de percer, mais je ne fais que tuer le temps
...
Par un beau jour, je reviendrai
Je ne sais ni quand ni comment...
Par un beau jour je reviendrai. Comment, quand, je ne sais pas.
J'ai vécu ma vie en pensant à toi. Ce fut si long...
J'ai fait tout ce que j'ai pu pour te revenir
Chaque jour je priais, gardant mon amour pour toi...
Mais, par un jour ensoleillé, je ne sais ni quand ni comment...
...mais je te reviendrai.
Il changea de style, s'adapta à un style moins "western"... Son étoile remonta au fur et à mesure que s'estompait le rêve (et l'illusion) américain pour faire place à la réalité que nous sommes des humains, pas des personnages de posters d'Hollywood. Et il redevint une vedette internationale. Puis il s'estompa à nouveau. Mais son coeur avait été conquis par ceux qui avaient décidé de vivre leur vie et non d'être des superman ou des rêves ambulants. Et il enregistra ce que plusieurs considèrent son chef d'oeuvre, du moins sur le plan musical. Le style est tout à fait différent. California blue.
("California blue" est un jeu de mots intraduisible. La Californie est surnommée "The Blue State". Mais "California blue" signifie aussi "je m'ennuie de la Californie". Ci-dessous, j'ai mis "California Blue" mais ça doit aussi être compris dans le sens de "Je m'ennuie de la Californie" ou "La Californie me manque".)
Travaillant à journée longue, et le soleil ne brille pas
Essayant de percer, mais je ne fais que tuer le temps
Transi de pluie, tout au long de la nuit
Loin de toi... California Blue
Je rêve tout seul... je ne peux faire rien d'autre
California Blue...
Chaque jour je prie de pouvoir reprendre la route
Je garde mon amour pour toi, California Blue
Un beau jour, je le sais, je te reviendrai
Quand? Comment? Je ne sais pas
California Blue... California Blue
Je vis toujours avec toi en tête
Pensant à tout ce que j'ai laissé derrière...
Ce fut si long, j'ai fait tout ce que j'ai pu
Pour te revenir... California Blue.
Un beau jour, je le sais, je te reviendrai
Quand? Comment? Je ne sais pas
California Blue... California Blue
Je m'ennuie de toi, California Blue
Je m'ennuie de toi, California Blue
Je m'ennuie de toi...
Califoooooornia Blue


Il reviendra effectivement en Californie... quinze ans après sa mort! Et c'est la Californie qui ressuscitera sa réputation et sa célébrité. Car une nouvelle génération le découvrit. Les jeunes qui comprenaient son message et rejetaient les images chromées et publicitaires d'Hollywood. Son réalisme, son humanité, son humilité les toucha. Et il reçu un Grammy Award posthume (c'est extrêmement rare) et un "Golden State Star" (où l'âne démocrate porte des lunettes Orbison).

Depuis, surtout en Californie, toute une génération se souvient de lui. Et de son message ENFIN d'actualité!
Aujourd'hui, on peut se plaindre que son style n'est pas très... Mozart, ou "grand Art", mais sa musique, comme ses paroles, avaient saisi l'âme d'un peuple. Des années à l'avance!
Les paroles de Roy Orbison et le poème d'Alain Suied étaient-ils visionnaires ou prémonitoires? Difficile à prouver. À vous de juger...
One sunny day, I'll get back again
Somehow, someway, But I don't know when
California Blue... California Blue
Last edited by Anuanua on 12 Jul 2010 20:27, edited 1 time in total.
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Re: [musique] un peu de nostalgie...

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- leo
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Re: [musique] un peu de nostalgie...
suis pas forcément d'accord avec vous, mais je développerai plus tard... pour moi l'artiste (Elvis en l'occurance) c'est une voix, une gestuelle, une musique qui fait vibrer, le reste, sa vie privée je n'en ai rien à faire... je ne suis pas sûr que tout ce qu'on peut prêter comme superbes intentions à certains soit bien de leur propre initiative et conviction...
le Travail c'est bien une maladie, puisqu'il y a une Médecine du Travail (Coluche)
Re: [musique] un peu de nostalgie...
Je crois qu'il y a quiproquo ici. JAMAIS je ne nierai l'immense talent d'Elvis! (Oui j'suis blond mais quant même!) Mais pour moi, Elvis, le vrai, c'est le gamin de Memphis, celui qui s'amusait avec ses amis musiciens, qui avait le diable au corps question rythme, et qui aimait une belle mélodie (comme Can't help falling in love). Qu'il soit devenu une étoile c'est juste et pleinement mérité.
Je respecte ce gars aussi qui était croyant (catholique) et qui aimait chanter des Gospel le dimanche dans des églises rurales parce qu'il y croyait. Plusieurs (particulièrement son ami de longue date Joe Esposito) ont fait mention que ses prestations alors étaient radicalement différentes de celles qu'il faisait en spectacles. (Chose sûre, il ne devait pas y porter son costume blanc brodé or...) Tu ne sais pas combien j'aurais aimé pouvoir être dans une de ces églises et entendre ces représentations bénévoles, volontaires, vraiment "soul" (venant de l'âme quoi)!

Et je deviens triste, sachant qu'on a affaire à ce gars (trop) sensible, de savoir qu'à cause de sa voix qui faisait "negro", et se prêtait de ce fait à la mode d'alors avec la recrudescence de gospels, spirituals et jazz, qu'à cause de cette voix donc, on le parachute presque du jour au lendemain au célèbre Sun Studio d'où les rubans partiront pour la Radio Corporation of America (RCA) pour être diffusés par les postes radio de l'Atlantique au Pacifique. En effet, malgré le succès (local à cette époque : surtout en Louisiane) des Ray Charles, Satchmo Armstrong, Johnson etc., il n'était pas question de mettre un vrai noir sur les grandes scènes. L'Amérique profonde : la Droite, les "fundamental Christians", les WASP (White Anglo-Saxon Protestants) incluant les KKK, et les Rednecks, ceux qui votent GOP ("Good Old Party", le parti Républicain), le rejetteraient immédiatement. Or ce sont eux qui avaient l'argent (ce qui, dans le fond, intéressait la RCA).
Était-ce cet Elvis-là qu'on entendait dans "Rock around the clock", "Blue suede shoes" et autres "rolls"?
"Rolls" : le "rock and roll" était alors un mélange de deux styles empruntés aux noirs : les complaintes ("blues") lentes et berçantes (comme la superbe You were always on my mind, Blue moon, Can't help fallin' in love et, évidemment, Love me tender ) qui étaient des "rocks" (du verbe "to rock" : bercer, des berceuses, quoi) ; et les "rolls" (tourner, tournoyer) qui étaient des rythmes endiablés comme (I'm gonna sit right down and cry over you, "A song that really makes a lot of sense" (selon l'introduction humoristique d'Elvis) : Baby let's play house et Tutti Frutti, Blue suede shoes, et la très célèbre Hound dog "...) En grande partie à cause de la popularité d'Elvis (et des chansons "Rock around the clock" et "Jailhouse Rock"), les deux termes seront mêlés en un : rock and roll. Aujourd'hui, c'est le "roll" que nous appelons "rock".
Était-ce l'Elvis que j'ai décrit ci-haut qu'on entendait dans ces rolls? Oui et non : oui car le rythme, il l'avait (c'est un euphémisme) ; mais non car on lui a commandé d'être le nouveau Jerry Lee Lewis. En effet, l'immensément populaire Lewis enregistrait toujours pour Sun Records (où Elvis avait d'ailleurs débuté), maintenant concurrent de la RCA, ce qui ne plaisait pas trop à la RCA...

Elvis avait un contrat. Et, tout en ayant la liberté de chanter des chansons qu'il aimait (des gospels et plusieurs superbes rocks), ses patrons exigeaient qu'il interprète des rolls à la façon de Lewis. Il s'agissait d'utiliser le talent extraordinaire d'Elvis, talent qui avait plus d'une facette très "mode" (comme des superbes rocks (berceuses) et Gospels) pour voler la vedette à Lewis aussi dans les très rentables rolls. Ce qui a été réussi d'ailleurs. C'est pourquoi, aujourd'hui encore, on peut faire entendre certains rolls de Lewis et plusieurs gens croient que c'est Elvis tellement c'est semblable (quand on ne le voit pas comme dans une vidéo, évidemment!).
Puis, de plus en plus, Elvis dut être conforme à l'image qu'on lui avait fabriquée. Il aurait pu, bien sûr, comme d'autres artistes qui ont commencé comme leur coach le leur avait commandé puis, une fois leur nom fait, sont devenus eux-mêmes (ce qui fut le cas de plusieurs, comme Gilbert Bécaud, les Beattles, Johnny Cash et autres) redevenir lui-même étant devenu célèbre. Mais il n'a pas su. Ou il n'a pas pu. Et ça, c'est très triste!
Car le spectacle le plus long qu'il nous ait donné fut de voir ce génie sombrer et s'éteindre année après année dans une interminable agonie. Lewis, qui n'avait jamais cessé d'être lui-même (car c'est lui qu'on imitait : il ne gagnait rien à imiter les autres), est visiblement beaucoup moins ravagé dans ce spectacle en 1981 qu'Elvis 10 ans plus tôt!!! (Il vit toujours, d'ailleurs, et aura 75 ans en septembre.)
_____________________________________________________________
Un homme heureux ne se suicide pas. Plus on avance dans le temps, plus on voit un Elvis qui n'est plus lui, de plus en plus alco puis drogué. J'accuse les hommes d'affaires de la RCA et les metteurs en scène des grandes scènes étasuniennes d'avoir assassiné un génie de la musique, comme j'accuse Howard Hugues d'avoir assassiné une grande actrice (Marilyn Monroe). Les deux se sont suicidés pour la même raison : il et elle étaient déjà morts, n'ayant plus le droit d'être eux-mêmes!
Oui j'ai aimé et j'aimerai toujours Elvis Presley. Mais pardonne-moi de ne pas aimer Elvis RCA. Ce sont deux personnes différentes, TRÈS différentes! Le premier était un artiste, un vrai! Et le second était une marionnette, dont le metteur en scène s'appelait "Businessmen" et les cordes s'appelaient "Dollar".

Je respecte ce gars aussi qui était croyant (catholique) et qui aimait chanter des Gospel le dimanche dans des églises rurales parce qu'il y croyait. Plusieurs (particulièrement son ami de longue date Joe Esposito) ont fait mention que ses prestations alors étaient radicalement différentes de celles qu'il faisait en spectacles. (Chose sûre, il ne devait pas y porter son costume blanc brodé or...) Tu ne sais pas combien j'aurais aimé pouvoir être dans une de ces églises et entendre ces représentations bénévoles, volontaires, vraiment "soul" (venant de l'âme quoi)!

Et je deviens triste, sachant qu'on a affaire à ce gars (trop) sensible, de savoir qu'à cause de sa voix qui faisait "negro", et se prêtait de ce fait à la mode d'alors avec la recrudescence de gospels, spirituals et jazz, qu'à cause de cette voix donc, on le parachute presque du jour au lendemain au célèbre Sun Studio d'où les rubans partiront pour la Radio Corporation of America (RCA) pour être diffusés par les postes radio de l'Atlantique au Pacifique. En effet, malgré le succès (local à cette époque : surtout en Louisiane) des Ray Charles, Satchmo Armstrong, Johnson etc., il n'était pas question de mettre un vrai noir sur les grandes scènes. L'Amérique profonde : la Droite, les "fundamental Christians", les WASP (White Anglo-Saxon Protestants) incluant les KKK, et les Rednecks, ceux qui votent GOP ("Good Old Party", le parti Républicain), le rejetteraient immédiatement. Or ce sont eux qui avaient l'argent (ce qui, dans le fond, intéressait la RCA).
Était-ce cet Elvis-là qu'on entendait dans "Rock around the clock", "Blue suede shoes" et autres "rolls"?
"Rolls" : le "rock and roll" était alors un mélange de deux styles empruntés aux noirs : les complaintes ("blues") lentes et berçantes (comme la superbe You were always on my mind, Blue moon, Can't help fallin' in love et, évidemment, Love me tender ) qui étaient des "rocks" (du verbe "to rock" : bercer, des berceuses, quoi) ; et les "rolls" (tourner, tournoyer) qui étaient des rythmes endiablés comme (I'm gonna sit right down and cry over you, "A song that really makes a lot of sense" (selon l'introduction humoristique d'Elvis) : Baby let's play house et Tutti Frutti, Blue suede shoes, et la très célèbre Hound dog "...) En grande partie à cause de la popularité d'Elvis (et des chansons "Rock around the clock" et "Jailhouse Rock"), les deux termes seront mêlés en un : rock and roll. Aujourd'hui, c'est le "roll" que nous appelons "rock".
Était-ce l'Elvis que j'ai décrit ci-haut qu'on entendait dans ces rolls? Oui et non : oui car le rythme, il l'avait (c'est un euphémisme) ; mais non car on lui a commandé d'être le nouveau Jerry Lee Lewis. En effet, l'immensément populaire Lewis enregistrait toujours pour Sun Records (où Elvis avait d'ailleurs débuté), maintenant concurrent de la RCA, ce qui ne plaisait pas trop à la RCA...


Elvis avait un contrat. Et, tout en ayant la liberté de chanter des chansons qu'il aimait (des gospels et plusieurs superbes rocks), ses patrons exigeaient qu'il interprète des rolls à la façon de Lewis. Il s'agissait d'utiliser le talent extraordinaire d'Elvis, talent qui avait plus d'une facette très "mode" (comme des superbes rocks (berceuses) et Gospels) pour voler la vedette à Lewis aussi dans les très rentables rolls. Ce qui a été réussi d'ailleurs. C'est pourquoi, aujourd'hui encore, on peut faire entendre certains rolls de Lewis et plusieurs gens croient que c'est Elvis tellement c'est semblable (quand on ne le voit pas comme dans une vidéo, évidemment!).
Puis, de plus en plus, Elvis dut être conforme à l'image qu'on lui avait fabriquée. Il aurait pu, bien sûr, comme d'autres artistes qui ont commencé comme leur coach le leur avait commandé puis, une fois leur nom fait, sont devenus eux-mêmes (ce qui fut le cas de plusieurs, comme Gilbert Bécaud, les Beattles, Johnny Cash et autres) redevenir lui-même étant devenu célèbre. Mais il n'a pas su. Ou il n'a pas pu. Et ça, c'est très triste!
Car le spectacle le plus long qu'il nous ait donné fut de voir ce génie sombrer et s'éteindre année après année dans une interminable agonie. Lewis, qui n'avait jamais cessé d'être lui-même (car c'est lui qu'on imitait : il ne gagnait rien à imiter les autres), est visiblement beaucoup moins ravagé dans ce spectacle en 1981 qu'Elvis 10 ans plus tôt!!! (Il vit toujours, d'ailleurs, et aura 75 ans en septembre.)
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Un homme heureux ne se suicide pas. Plus on avance dans le temps, plus on voit un Elvis qui n'est plus lui, de plus en plus alco puis drogué. J'accuse les hommes d'affaires de la RCA et les metteurs en scène des grandes scènes étasuniennes d'avoir assassiné un génie de la musique, comme j'accuse Howard Hugues d'avoir assassiné une grande actrice (Marilyn Monroe). Les deux se sont suicidés pour la même raison : il et elle étaient déjà morts, n'ayant plus le droit d'être eux-mêmes!
Oui j'ai aimé et j'aimerai toujours Elvis Presley. Mais pardonne-moi de ne pas aimer Elvis RCA. Ce sont deux personnes différentes, TRÈS différentes! Le premier était un artiste, un vrai! Et le second était une marionnette, dont le metteur en scène s'appelait "Businessmen" et les cordes s'appelaient "Dollar".

Last edited by Anuanua on 14 Jul 2010 02:48, edited 1 time in total.
I te rahiraa o te taime, mea pāpū aè te reo ia taì mai i te mafatu, e mea haavarevare roa atoā rä o ia.
La langue est souvent plus éloquente, mais aussi plus trompeuse que le coeur.
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- leo
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Re: [musique] un peu de nostalgie...
le Travail c'est bien une maladie, puisqu'il y a une Médecine du Travail (Coluche)
Re: [musique] un peu de nostalgie...
Ni l'un ni l'autre. La voix qui ressemble à celle d'Elvis est celle de Jimmy Ellis, un imitateur d'Elvis. On les reconnaît au timbre grave plus accentué et à l'articulation plus franche d'Elvis (Ellis "sonne" plus fluet et son articulation semble "pâteuse" en comparaison). Jimmy (Orion) Ellis est un bon imitateur et bon interprète (il a souvent interprété des chansons qu'Elvis n'a pas faites et a chanté avec plusieurs grands interprètes comme, justement, Lewis). Mais, à mon oreille, il n'est pas à la hauteur du King.leo wrote:montage ou ont'ils vraiment joué ensemble ?
____________________________________________________________
À tout prendre, c'est un peu loufoque : un imitateur (Ellis) qui, imitant un imitateur (Presley), chante avec l'imité (Lewis). Et, à mon goût, un peu cynique aussi...

Entendons-nous : Presley ne fut pas qu'imitateur de Lewis. On lui a commandé d'être le nouveau Jerry Lee Lewis, ce qu'il a réussi d'ailleurs, mais il a dépassé Lewis par la largeur et la richesse de son répertoire. Il est très rare que Lewis ait chanté des rocks comme Another place, another time (quoique ce soit clairement plus un "country/bluegrass" qu'une berceuse rock) : normalement il se limitait à des rolls. Elvis, par contre, a chanté de nombreux rocks (j'en cite plusieurs dans mon post précédant) et des gospels.
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Re: [musique] un peu de nostalgie...
J'insistais plus haut sur la différence entre Elvis Presley et Elvis RCA :
P.S. Je ne sais pas comment tu te débrouilles en angliche. Si tu as de la misère, dis-le-me-le : je te traduirai l'essentiel. Vraiment intéressant!
Anu
Il semble que je ne sois pas le seul à le penser. Va donc voir ça!Anuanua wrote:Oui j'ai aimé et j'aimerai toujours Elvis Presley. Mais pardonne-moi de ne pas aimer Elvis RCA. Ce sont deux personnes différentes, TRÈS différentes!
P.S. Je ne sais pas comment tu te débrouilles en angliche. Si tu as de la misère, dis-le-me-le : je te traduirai l'essentiel. Vraiment intéressant!
Anu
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Re: [musique] un peu de nostalgie...
lààààààà je vais vous étonner...
moi le premier d'ailleurs, mais je tiends à rendre hommage à cette dame qui a su se révolter un tant soit peu... malheur lui en a pris
la pilule d'or
rigolez pas...
moi le premier d'ailleurs, mais je tiends à rendre hommage à cette dame qui a su se révolter un tant soit peu... malheur lui en a pris

la pilule d'or
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- Location: Au premier paquet de copies à gauche après le gros dico
Re: [musique] un peu de nostalgie...
L'histoire de Soeur Sourire est tragique au sens plein du terme. Difficile d'en faire abstraction.leo wrote:lààààààà je vais vous étonner...
moi le premier d'ailleurs, mais je tiends à rendre hommage à cette dame qui a su se révolter un tant soit peu... malheur lui en a pris![]()
la pilule d'or
rigolez pas...
J'avais déjà entendu cette chanson. Le texte est paradoxalement plutôt riche et en même temps artificiel. Trop argumentatif pour une chanson, même engagée, trop intellectualisé. Sans jeu de mot, on ne peut s'empêcher de sourire. Sur un sujet voisin, je trouve qu'une chanson comme non, tu n'as pas de nom... a bien mieux vieilli.
Reste qu'elle avait indubitablement une belle voix.
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
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Re: [musique] un peu de nostalgie...
"non, tu n'as pas de nom", chanson très prenante effectivement...
le Travail c'est bien une maladie, puisqu'il y a une Médecine du Travail (Coluche)
Re: [musique] un peu de nostalgie...
Pauline Julien : chanteuse TOUJOURS très prenante!
Je suis Québec, morte ou vivante
Je suis Québec, morte ou vivante
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Re: [musique] un peu de nostalgie...

Une fille qui avait l'âme à la tendresse
Tresser avec vous ce lien et cette délicatesse
Vous mes amis d'hier et d'aujourd'hui
Vous êtes mes havres les soirs de détresse
La goutte d'eau qui fait jaillir la source
Ma lumière...
Aujourd'hui pourtant, en vain je vous espère
Où êtes vous? J'appelle! Je tends les bras...
Nos amitiés se sont-elles évanouies?
Peut-être n'avons-nous plus rien à nous dire...
,,,je chavire!
Pourtant nous savons que la vie est plus forte que la mort
Le désespoir a dit son dernier mot
Permettez-moi de vous aimer toujours
Riches de nos secrets j'attendrai j'attendrai
Les amitiés nouvelles.
Ce soir... j'ai l'âme à la tendresse
I te rahiraa o te taime, mea pāpū aè te reo ia taì mai i te mafatu, e mea haavarevare roa atoā rä o ia.
La langue est souvent plus éloquente, mais aussi plus trompeuse que le coeur.
La langue est souvent plus éloquente, mais aussi plus trompeuse que le coeur.
Re: [musique] un peu de nostalgie...
Tiens mon leo : j'ai pensé que ça t'intéresserait.
http://www.youtube.com/watch?v=ylal5gfj ... re=related
Quand ils étaient tous jeunes
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Quand ils étaient tous jeunes
I te rahiraa o te taime, mea pāpū aè te reo ia taì mai i te mafatu, e mea haavarevare roa atoā rä o ia.
La langue est souvent plus éloquente, mais aussi plus trompeuse que le coeur.
La langue est souvent plus éloquente, mais aussi plus trompeuse que le coeur.