Celine wrote:Svernoux, tu m'as l'air bien pessimiste! Le secteur est si bouché? Connais tu des astuces qui permettraient de faire jouer les négociations salariales en ma faveur? Comme par exemple, me spécialiser dans un domaine? Etudier dans une école particulière ou apprendre d'autres langues?
Désolée d'être pessimiste... C'est vrai que je le suis. En tout cas, en ce qui concerne les traducteurs salariés du privé. En fait, j'ai l'impression que c'est un statut qui va tout simplement bientôt disparaître... Ce n'est que mon avis bien sûr et je ne le souhaite pas, mais bon... Je pense qu'il est clair que l'avenir est du côté des freelances.
D'ailleurs, je pense qu'il y en a d'autres que moi qui pourraient en témoigner sur le forum, je pense que ce serait intéressant si Enzo et Kokoyaya nous racontaient comment ça s'est passé pour eux (même si je comprendrais bien aussi qu'ils n'aient pas très envie d'en parler). Ils ont sans aucun doute plus d'expérience que moi du recrutement et des entretiens, puisque que moi j'ai été embauchée suite à mon stage.
Les astuces ? Premièrement, essayer de trouver un bon stage : c'est la meilleure porte ouverte à un job. En ce moment, tous les entrepreneurs sont frileux pour embaucher, et encore plus pour embaucher directement, surtout en CDI, et encore plus des jeunes sans expérience, etc. Donc, quand tu es en stage, si tu as fait tes preuves et qu'ils ont besoin de quelqu'un, évidemment qu'ils vont te garder toi et pas se casser la tête à recruter qn d'autre puisque toi tu es déjà formé, etc. Mais bon, ça ne garantit rien bien sûr. Moi j'étais une bonne stagiaire, ils m'ont gardée, cet été on a eu une autre excellente stagiaire, si on avait eu besoin de qn on l'aurait gardée, mais on avait pas besoin alors elle va devoir chercher ailleurs...
Ensuite, sur ce que tu dis : l'école, à mon avis, ça n'a que très peu d'importance. Sur tous mes collègues et moi, aucun ne sort d'une "grande" école de trad, ce qui ne nous a pas empêché ni de trouver du boulot, ni d'être très compétents. Et en ce qui nous concerne, on se fiche complètement sur un CV de voir ESIT ou DESS de Trifouillis-les-oies. Ce qui compte, c'est la qualité des tests.
Te spécialiser dans un domaine ? ben évidemment que ça aide, c'est même indispensable (et plutôt pas dans un domaine, mais dans plusieurs). Mais il y a spécialiser et spécialiser... Je pense pas que ça vaille vraiment le coup de reprendre des études rien que pour se spécialiser dans qc, je pense que le retour sur investissement ne sera pas suffisant et surtout que c'est sur le tas qu'on apprend. Et surtout, je serais bien en peine de te dire en quoi te spécialiser ! Y'a plein de domaines, mais va savoir lesquels sont demandés... Si tu te spécialise uniquement en juridique, tu risques de te fermer des portes. A Lyon, y'a un très bon DESS biomédical, alors ça c'est super, bravo la spécialisation, oui mais quand tu sors tu fais quoi ? en freelance, oui, mais des postes salariés en médical, ça doit pas courir les rues... Etre très spécialisé, c'est bien quand tu es à ton compte, mais pour se faire embaucher, je pense qu'être trop spécialisé peut fermer des portes. Une entreprise a rarement besoin de quelqu'un de spécialisé à plein temps, c'est plutôt ponctuel. donc, pour les cas ponctuels, ils font appel à des freelances, mais pour le quotidien, ils ont plutôt besoin de qn de polyvalent, qui sache tout faire et s'adapter à ce qui vient. En tout cas nous, au boulot, on fait tout : marketing, slogans publicitaires, automobile, informatique, électronique, industrie, juridique, financier, médical... On a même traduit une chanson des Black Eyed Peas ! enfin tout ça pour dire que ce que recherchent les patrons, c'est évidemment la flexibilité.
Alors pour les langues, je te ferai une réponse qui sert aussi de conclusion à la question sur la spécialisation : plus de tout, ça ne peut pas faire de mal, ça peut parfois aider, mais faut pas se faire d'illusion. Il se peut que tu sois embauché parce que tu auras telle corde à ton arc en plus des autres candidats, alors l'employeur pensera que c'est toujours mieux d'avoir plus au cas où, mais ça ne veut pas dire que tu l'utiliseras.
Moi je parles russe couramment, ben je peux te dire, ça ne me sert strictement à rien dans mon métier. Et je pense que ça ne me servira jamais pour me faire embaucher dans le privé. Ou alors, c'est que je ferai exclusivement du russe et que je laisserai tomber les autres langues. J'ai été embauchée à cause du plus que représentait l'allemand, et pourtant, c'est ce que je fais d'allemand qui change tellement la face de l'entreprise...
Enfin, tout ça pour dire que si tu te fais embaucher un jour précisément parce que tu parles chinois, ben tant mieux, mais ça ne garantit pas que tu t'en servira et on ne peut jamais savoir d'avance si tu tomberas sur une telle occasion, donc à mon avis, ça ne vaut pas le coup d'apprendre le chinois rien que pour ça. si tu le sais déjà, tant mieux, c'est toujours ça de plus, mais ça vaut pas le coup de s'y mettre rien que pour ça.