Ben qu'est-ce qu'il y a de difficile là-dedans ?
(j'ai toujours édoré les remarques pédantes comme celle-là).
L'évêque Innocent, serviteur des serviteurs de Dieu, adresse son salut et sa bénédiction apostolique à tous les fidèles du Christ résidant dans les cités et provinces de Narbonne et d'Arles.
Parce que, comme le dit l'apôtre, nous nous retrouverons tous devant le tribunal du Christ pour y recevoir ce que nous aurons fait dans notre corps
(= dans notre vie terrestre), que ce soit du bien ou du mal, il convient que nous anticipions le jour de cette moisson par des oeuvres d'une extrême miséricorde, et qu'en considération de l'éternité, nous semions sur la terre ce que nous pourrons récupérer dans le ciel, quand Dieu nous le rendra avec un bénéfice, et que nous gardions fermement notre foi et notre espérance, parce que celui qui sème la parcimonie récoltera la parcimonie, et celui qui sème par des bénédictions récoltera, par des bénédictions, la vie éternelle.
(NB : ici et un peu plus loin, je découpe un peu la phrase latine pour des raisons de commodité)
Or nous avons appris que nos chères filles dans le Christ, les soeurs de l'ordre de saint Damien, souhaitaient reconstruire entièrement
(ou : construire entièrement, à partir de rien) leur monastère, en invoquant le nom divin, dans le lieu qui a été acheté pour construction par nos chers fils les consuls et l'Université
(NB : pas nécessairement une fac, hein : ça peut désigner simplement une comunauté juridique, ici la commune) de la ville de Montpellier dans le diocèse de Maguelone ; pour ce faire, on comprend que les subsides des fidèles sont nécessaires à plusieurs reprises ; nous sollicitons donc et encourageons votre université
(même remarque qu'auparavant) dans le Seigneur, en vous accordant la rémission pour vos péchés, que vous préleviez de pieuses aumônes sur vos biens et que par charité, vous leur fournissiez des subsides de façon à ce que par notre subvention, cette construction puisse avoir lieu et que vous
(? le texte latin dit "nous", mais ça ne colle pas avec les verbes) puissiez parvenir aux délices du bonheur éternel grâce à cette action et à toutes les autres bonnes oeuvres que vous ferez sous l'influence du Seigneur.
Quant à nous, confiants dans la miséricorde de Dieu tout-puissant et dans l'autorité de ses saints apôtres Pierre et Paul, nous retirons par miséricorde quarante jours de pénitence à tous ceux qui, vraiment repentants et confessés, auront tendu leur main vers eux
(= les apôtres) au jour de Vitricem.
Donné à Lyon aux ides d'août, la huitième année de notre pontificat
(= samedi, 13 août 1250).
Deux petites remarques additionnelles :
- j'ai traduit de façon assez littérale ; si certains concepts ne sont pas clairs (je ne sais pas à quel point tu es déjà familière de ce vocabulaire-là), dis-le moi et je moderniserai un peu tout ça.
- si tu veux commenter précisément les termes de ce texte, méfie-toi des formules toutes faites : le prologue de ce texte, par exemple, n'est absolument pas une trouvaille d'Innocent IV (tu en trouveras des dizaines des dizaines d'exemplaires sur internet, pour ce seul XIIIe siècle), et ne peut donc pas être conmenté en relation avec ce contexte-là.
