MaisseArsouye wrote:Contrairement aux idées reçues, la Belgique n'est pas un état bilingue. En fait, il y a deux grandes régions unilingues ( Wallonie et Flandre ) et quelques zones bilingues ( Bruxelles, cantons de l'est, communes à facilité ) qui font moins de 5% du terriotoire pour 10% de la population.
En plus, l'enseignement est une compétence non fédérale, donc il est différent d'une région à l'autre.
En Wallonie, on commence le néérlandais en 4e primaire ( 10 ans ). En entrant dans le secondaire ( 12 ans ), on remet les pendules à zéro et nous pouvons choisir anglais ou néérlandais, l'autre langue devenant obligatoire en 3e ( 14 ans ). Certaines écoles proposent du néérlandais dès la maternelle, mais elles sont rares. D'une manière générale, nous avons donc le choix entre néérlandais et anglais comme deuxième et troisième langues. L'espagnol ou l'allemand peuvent être appris comme quatrième langue.
Dans nos universités, les scientifiques passent obligatoirement à l'anglais. Les étudiants en sciences humaines ( droit, philo, économie,... ) ont le choix entre les trois langues nationales.
En Flandre, je n'ai aucune idée de comment ca se passe.
A Bruxelles, je pense que les enfants apprennent l'autre langue ( français ou néérlandais ) dès la maternelle et doivent garder cette langue comme "deuxième langue" jusqu'à la fin de leurs études. La "troisième langue" est obligatoirement l'anglais.
Dans les cantons de l'est vit une population germanophone. Je sais qu'il ya donc un enseignement en allemand avec le français comme deuxième langue obligatoire. Je ne sais pas trop comment ca fonctionne pour les francophones de cette zone. Je sais qu'ils ont des écoles en français et je suppose que l'allemand est obligatoire comme seconde langue.
En Flandre, les enfants apprennent le français à partir de la 5ème année primaire. Le programme dispensé, du moins dans l'école que fréquentent mes filles, n'est vraiment pas du gâteau. Rien à voir avec le programme en Néerlandais que j'ai reçu au même âge en Wallonie. C'est vraiment poussé.
Ceci dit, je crois que ce qui fait la grande force de la Flandre, au niveau des langues, c'est sa télévision. Dès leur plus jeune âge, les enfants suivent tous les programmes en version originale sous-titrée néerlandais. La plus grande partie des films qui sortent au cinéma sont également sous-titrés en néerlandais ET en français. On ne peut pas en dire autant en Wallonie.
Là, sous l'influence et la proximité de la France, tout ce qui passe à la télévision est doublé. On ne s'en rend pas compte, quand on vit en Wallonie, mais un film doublé, c'est une horreur. Suivre des images où les acteurs semblent parler à contre-temps, ou dire tout autre chose que ce que leurs lèvres forment... Arggggh ! Mais bon... C'est comme cela. La seule chaîne à faire un effort, dans ce domaine, c'est la rtbf2 qui passe, ou, du moins, qui passait ses programmes en V.O. sous-titrée.
Différence essentielle aussi, c'est que, dans les commerces, pour autant que vous fassiez l'effort de parler leur langue, les commerçants, dès qu'ils détectent que vous êtes francophones, basculent automatiquement en français. Essayez toujours d'avoir un commerçant qui vous parle en néerlandais en Wallonie... J'ai la vague impression que vous aurez usé quelques paires de semelles avant d'en trouver un capable de le faire. Hormis dans le secteur Horeca, et encore...
Bref, depuis leur plus jeune âge, les mômes ont la musique des langues dans l'oreille. Avec l'aide des images, avec la fréquence à laquelle reviennent les mots de base d'une langue, ils sont très tôt capables de se débrouiller au moins en anglais.
Autre constatation : dans une ville comme Anvers, c'est ahurissant le nombre de francophones qui y vivent. Quel pourcentage de néerlandophones trouve-t'on à Mons, à Charleroi, Namur ou Liège ? Il y en a, sûrement, mais ce doit être une très faible minorité.
Différence fondamentale, aussi : les néerlandophones OSENT s'aventurer à parler en français. Tandis que nous, wallons, nous restons coincés quand nous daignons faire l'effort de parler le néerlandais.
A noter aussi que si la Wallonie est handicapée au niveau langues, le gouvernement n'y est pas étranger. Ainsi, je n'ai jamais compris pour quelle raison, dans un pays trilingue, ces trois langues n'étaient pas enseignées dès l'enfance. Utopie ! M'ont dit certains. Je réfute. Plus on est jeune et plus facilement on retient une langue. Si les pouvoirs politiques avaient décrété de donner les cours dans les trois langues dès la maternelle, je suis persuadé que la majorité de la population belge serait trilingue Allemand - Néerlandais - Français. Peut-être pas de manière parfaite, mais trilingue. De plus, je le constate tous les jours, le nombre de mots anglais qui s'apparente très fortement au néerlandais, le fait que l'anglais soit une langue germanique, l'apprentissage de la langue de Shakespeare ne serait qu'un jeu d'enfant. A l'instar, l'espagnol et l'italien, pour quelqu'un qui maîtrise le français, présente moins de difficultés d'apprentissage.
Ce serait encore possible. Il suffirait de décréter que l'enseignement se donnerait dans les trois langues à partir de septembre 2004 par exemple, et commencer en 1ère maternelle. L'année suivante, en 1ère et 2ème. Et ainsi de suite... En une génération, on peut arriver à une population réellement trilingue et faire sauter une grosse partie des différents linguistiques qui secouent le pays. Utopie ? Non. Question d'efforts et de volonté d'atteindre ce but.
Les enfants ont déjà du mal de maîtriser leur propre langue maternelle... Oui, c'est vrai. Cela je vous l'accorde. Je crois que je peux me targuer d'avoir une orthographe plus que correcte et je suis souvent surpris en voyant ce que mes cadets écrivent comme énormité. Mais je pense aussi que c'est de l'entraînement. Peut-être faut il revoir les méthodes d'enseignement. Peut-être aussi, faut-il essayer d'inciter les enfants à lire. Et pas que des BD. Plus vous lisez et plus, inconsciemment, l'orthographe des mots s'imprime dans votre mémoire.
Enfin bref... Je me suis un peu emballé et ai un peu débordé du sujet. Je vais quand même juste vous donner un exemple avant de clôturer :
Sarah, 12 ans, parle néerlandais, français et se débrouille plus que bien en anglais. Laura, 10 ans, parle néerlandais, se débrouille plus que bien en français et commence à se débrouiller en anglais. Le plus important n'est pas d'écrire une langue, mais de pouvoir la pratiquer.
Utopie ? Non.