Manuela wrote:Euuuh la pauvre Manuela est toujours incapable de répondre à ce genre de sujets, étant donné qu'elle est hispanophone, mais nullement forte en grammaire et autres affaires sisyphiennes.... Je me renseigne et reviens dès que j'ai trouvé une explication satisfaisante.


Le problème, c'est qu'el poverito Sisifo il a jamais fait d'español...
Cela, doctus cum libro (ou docto con un libro), le §104 de ma vieille, vieille, vieille (1946 !) grammaire de l'espagnol me dit précisément que :
Devant un nom féminin commençant par a (ou ha) accentué, l'a final de una n'est pas prononcé, mais l'écriture peut la conserver ou l'omettre : un alma ou una alma (une âme), un ave ou una avec (un oiseau), un haya ou una haya (un hêtre)
(Ce sont toujours les vieilles grammaires qui sont les meilleures, car elles ne se croient pas obligées de simplifier pédagogiquement. Elles vous balancent de la linguistique historique en vrac).
Sans bien connaître la phonologie de l'espagnol, il me semble que l'hésitation entre l'apocope (a+a = a tout court), qui a pour elle la phonétique articulatoire, et l'hiatus (a_a) qui a pour lui la cohérence morphologique, est un phénomène universel. Il paraît qu'un jour j'ai commencé un mémoire de DEA là-dessus mais c'est tellement loin que même moi j'ai oublié ce que j'ai dit.
Il suffit d'entendre et de lire mes élèves absolument incapable d'articuler autre chose que "si il", malgré mes hurlements tarzanesques pour obtenir un "s'il"; j'ai même des "que il" à l'oral. Mais après tout, l'ancien français allait beaucoup plus loin dans les élisions : "s'elle, n'elle, etc."
De plus, les /A/ sont par nature des voyelles compliquées, qui ont une certaine affinité avec les consonnes. Etant prononcées à l'arrière, elles dégagent assez naturellement un "coup de glotte" plus ou moins marqué selon les langues et plus ou moins enregistrés par les systèmes phonologiques, ce qui favorise les hiatus apparents : [una ?'askwa].