l'espéranto

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Bovido
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Post by Bovido »

Je suis tout de même très sceptique... Je ne pense pas qu'on puisse généraliser comme ca...
J'en fais l'expérience presque tous les jours. :)
Bon alors d'abord je voudrais préciser, en réponse à Bovido et Bernardo qui semblent très vexés, que mon intervention ne se voulait pas une agression contre les espérantistes. Je dis simplement ce que je pense au vu de mes maigres connaissances sur l'espéranto, en espérant surtout que vous m'en apprendrez plus. Alors un grand merci à Sisyphe qui lui apporte des réponse argumentées à mes interrogations.
Rassure-toi, tu ne m'as pas vexé. :)
Quand je parlais de l'allemand et du latin, je pensais surtout aux déclinaisons. (Combien de cas en espéranto, au fait ?) Car il ne me semble pas que toutes les langues du mondes se basent sur la déclinaison, si ?
Deux : le nominatif et l'accusatif, les autres fonctions étant introduite par des prépositions.
Sauf bien sûr, et je crois que c'est là une des seules qualités que je concède (pour l'instant) à l'espéranto : d'être supranationale.
Tu as trouvé. :)
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didine
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Post by didine »

Bovido wrote:
Je suis tout de même très sceptique... Je ne pense pas qu'on puisse généraliser comme ca...
J'en fais l'expérience presque tous les jours. :)
Ca peut être vrai pour le francais (j'en sais rien), mais j'ai de gros doutes pour les langues comme le finnois...
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svernoux
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Post by svernoux »

Je précise que je suis en train de saisir off-line mes réponses au post de sisyphe, donc ça prend un peu de temps (surtout qu'en même temps, je suis au boulot... :confused: ). Mais ça arrive bientôt !

Sinon, Bovido ou Bernardo ou Sisyphe, vous pouvez aussi expliquer le système de temps/conjugaisons ? Je ne me souviens pas :confused:
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Bovido
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Post by Bovido »

Avec plaisir Svernoux. :)

Prenons exemple avec la racine «Vid'» (vision)

Infinitif : +i Vidi => Voir

Passé : +is Mi vidis. => Je voyais.

Présent : +as Mi vidas. => Je vois.

Futur : +os Mi vidos. => Je voierai.

Volitif (équivalent du subjonctif et de l'impératif) : +u Mi vidu => Que je voie. Vi volas, ke mi vidu. => Tu veux que je voie.

Conditionnel : +us Se mi havus okulojn, mi vidus. => Si j'avais des yeux, je verrais.

Il existe six participes : le passé, le présent et le futur multiplié par le fait qu'il peut être actif ou passif, ce qui en fait donc bien six.

Participe passé passif : +ita Vidita => Vu (Ayant été vu)

"" présent passif : +ata Vidata => Étant vu

"" futur passif : +ota Vidota => Allant être vu

"" passé actif : +inta Vidinta => Ayant vu

"" présent actif : +anta Vidanta => Voyant

"" futur actif : +ont Vidonta => Allant voir

Pour former le gérondif, il suffit de remplacer le «a» de l'adjectif (participe) par le «e» du gérondif (adverbe) : Vidonte => En allant voir

On peut bien sûr faire des temps composés, pour cela, il est nécessaire d'utiliser le verbe auxiliaire «Esti (Être)» et de rajouter le participe voulu après :

Mi estis vidinta. => J'étais ayant vu. => J'avais vu.
Mi estos vidonta. => Je serai allant voir. => ??
Mi estas vidata. => Je suis vu.
Etc.
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Sisyphe
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Post by Sisyphe »

Quelques éléments de réponse aux questions posées (car effectivement, mieux vaut répondre avec précision et arguments aux questions posées, même si elles surprennent. Et puis je connais trop bien maintenant notre petit loir (COHKA ;)* ) pour savoir qu'il n'y avait aucune agressivité dans ses propos, donc "keep cool" :sun: , pardons "ni restadu kvietaj").

* Message privé au petit loir : je donne les photos ce soir à Enzo ; rassure-toi, tu es la moins ratée de nous trois !!

Pour ce qui est de la conjugaison, c'est très simple.

1. Principes généraux

- Il n'y a pas de désinence personnelles (donc le pronom sujet est toujours obligatoire) : mi estas, ci estas, li estas, etc. = je suis, tu es, il est.

- il existe deux formes de conjugaison, l'une simple et l'autre composée

- Dans la conjugaison simple, la désinence n'indique que le temps ou le mode. En fait, il n'y pas vraiment de distinction entre temps et mode car les modes excluent les temps.

2. La conjugaison simple

radical + désinence

les désinences sont :
is pour le passe (mi estis : j'étais, je fus)
as pour le présent (mi estas : je suis)
os pour le futur (mi estos : je serai)
us pour le conditionnel (mi estus : je serais)
u pour le volitif, sorte d'impératif (estu : sois, mi estu : que je sois)

Ces temps sont absolus.

Autant que je sache, il n'y pas de concordance de temps en espéranto. On est plus proche du grec ancien ou (je crois) du russe que du latin ou du français.

3. les temps composés

Fonctionnent selon un principe simple

l'auxilliaire "être" lui-même à un temps simple + le participe actif à un des trois temps.

les participes sont formées de la manière suivante :

radical + voyelle de temps + nt + a [marque adjective]

la voyelle de temps étant la même que dans les conjugaion : i = passé, a = présent, o = futur.

On a donc 5 x 3 possibilités = 15 temps composés

mi estis leginta (passé+passé) = j'étais ayant lu = j'avais lu
mi estis leganta (passé+présent) = j'étais lisant = je lisais, j'étais en train de lire
mi estis legonta (passé+futur) = j'étais sur le point de lire = j'allais lire

mi estas leginta (présent+passé) = je suis ayant lu = j'ai lu
mi estas leganta (présent+présent) = je suis lisant = je suis en train de lire
mi etas legonta (présent+futur) = je suis sur le point de lire = je vais lire

etc.

[Zut, Bovido vient de poster sa réponse. Bon, tant pis, on est complémentaire]

*

Je reviens à présent sur la question de la précision de l'espéranto face à l'anglais (Didine, Svernoux).

Certes, je ne suis pas traducteur et je n'ai pas un anglais courant, mais malgré cela (ou peut-être à plus forte raison : je suis dans la position des 90 % de chercheurs obligés de lire des publications en anglais quand ils ne sont pas anglophones) je trouve aussi, et j'ai souvent fait l'expérience, que l'anglais n'est ni une langue facile ni une langue précise. Je donnerai deux exemples :

Les néologismes : les anglais ne feront bientôt plus la différence entre leur verbes et leurs noms. Avec un certain naturel, ils prennent un verbe, pire un "phrasal verb", et ils l'utilisent comme un nom : mais à toi de deviner si "the blow up" est
- un changement d'état (allemand -ung)
- un concept (allemand -heit)
- un nom d'agent (-er)
- une oeuvre (-werk)
etc.

De même dans l'anglais de la linguistique dont j'essaie de faire un dico en ce moment, "utterance" signifie aussi bien "énoncé" que "énonciation". Ca n'a l'air de rien, mais quand tu en as douze dans une même phrase, ça complique la compréhension.

Deuxième exemple : les syntagmes nominaux. La encore l'anglais juxtapose cinq ou six substantifs, et à toi de te dém....der ; je me souviens de "individual split ergative case marking system". Est-ce :
- un système individuel de marquage casuel de l'ergatif divisé
- un système de marque [c'est pas pareil] casuelles d'un ergatif individuel divisé
- un systeme de marque/marquage individuel de type ergatif divisé
- etc.

La différence est de l'ordre du poil de rat, mais par jeux de domino, sur un article de dix pages employant des concepts hyper-précis et vachement "prise de tête", ça peut largement compliquer l'ensemble.

*

Autre point soulevé par Svernoux : l'aspect européo-centré de la grammaire espéranta et notamment des déclinaisons.

Comme l'a dit Bovido, il n'y a que deux cas, et Zamenhoff lui-même parlait de "nominatif" et "d'accusatif". Mais dans sa réalité, on est assez loin parfois du sytème flexionnel à l'européenne, car "l'accusatif" sert en fait surtout de marque de démarquage par rapport au nominatif, qui est un cas-zéro.
Par exemple, tous les complément circonstantiels restent au nom. SAUF s'il faut lever une ambiguité. Aisni, on dit "iri al urbo" = aller en ville (N), parce que "al" désigne toujours un mouvement, par contre "en" peut prendre l'accusatif s'il faut préciser qu'il ya mouvement, par opposition au lieu statique. Sans entrer dans les détail, "l'accusatif" permet surtout d'isoler l'objet dans une phrase. L'espéranto est donc moins une langue à déclinaison qu'une langue de type sujet/objet, comme le français. Sur ce point, l'espéranto rejoint les 2/3 des langues du monde. Et c'est justement parce qu'il y a la "marque n" (= l'accusatif de Zamenhoff) que les chinois peuvent utiliser naturellement la langue en conservant leur ordre des mots, sans altération de sens : mi vin amas, vin mi amas, amas mi vin, vin amas mi, etc. = je vous aime :love: .

J'ai parlé de la composition nominale qui est plus proche du style allemand que du style anglais. En effet, en anglais les composés sont plutôt de type appositionel, ce qu'on nomme en sanscrit des karamadhâraya : si je dis "software", "soft = ware", "the ware is soft", tandis qu'en allemand les composés sont plutôt du type "tatpuruça", ou déterminatif casuel : Verkhersablauf = Ablauf des Verkehrs.

Les composés les plus "simples" en espéranto sont plutôt de ce style-là : dompordo = pordo de domo (porte de la maison = Haustür)

Cela étant, il y a des possibilités de composition et de dérivation absolument inhabituels dans les langues européennes. Du type "samopinii = havi la saman opinion" = "avoir la même opinion", littéralement "mêmopinionier". Ou encore "la surltabla kato" = le chat "supertabulaire" (qui est sur la table), etc.

Je n'ai pas trop le temps de revenir sur la question de la supra-nationalité de l'espéranto. C'est vrai que c'est le point le plus idéologique : on préfère l'espéranto parce qu'on n'apprécie pas la suprématie de l'anglais en tant que telle, même sans prendre en considérations les "faiblesses" de l'anglais que je précisais plus haut.

Je crois personnellement que ce n'est pas aimer l'anglais, les Anglais et l'Angleterre que de célébrer l'anglais international. Il se fait au dépend de l'anglais lui-même comme langue de culture. Quand on sait que les Anglais font de moins en moins la différence entre who et which, ou qu'ils écrivent de plus en plus "labor" et non "labour", etc. Ce n'est pas au nom de ses qualités intrinsèques que l'anglais (en fait l'américain) s'est imposé, mais parce qu'il est la langue d'un pays aujourd'hui surpuissant.

On peut regretter cette hégémonie linguistique-là, et surtout ses conséquences : trop de chercheurs ou de penseurs des anciens pays de l'Est demeurent presque ostracisés parce qu'en leur temps l'anglais n'était pas enseigné - et que dire de tous les profs de russe des anciens pays de l'Est qui se retrouvent au chômage, parce qu'on ne veut plus que des profs d'anglais ? Mais cela sans tomber dans un antiaméricanisme niais, ou dans un "yakaïsme" simpliste (y compris "y'a qu'à parler espéranto").

:sun:

PS : merci à Bernard pour son lien sur les linguistes espérantistes (je n'en connaissais qu'un). Cela étant, ce que je disais reste vrai : les neuf dixième de leurs biblio sont en anglais ou en allemand, et les articles en espéranto, même s'ils sont d'une haute "scientificité", ne concernent que l'espéranto. C'est dommage mais c'est comme ça.
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svernoux
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Post by svernoux »

Bon, voici mes réponses au précédent post de Sisyphe :
Sisyphe wrote:C'est à ce titre que certains, comme Claude Hagège, estiment qu'il pourrait servire de langue-pont dans les organismes internationaux. Didine pourrait nous l'expliquer mieux que moi, mais au sein du Parlement européen, par exemple, il n'y a pas de traducteur grec moderne-letton ou hongrois-norvégien. Et il est difficile de penser qu'à vingt-cinq membres ou plus on pourra jamais trouver toutes les combinaisons, parce que 20 x (20-1) langues = 380 combinaisons.
Du coup, on opère une traduction "en cascade" (grec-moderne -> français -> anglais -> letton [par exemple, j'en sais rien]), d'où une perte de sens et de temps - il parait que les danois sont toujours les derniers à rire :D
On trouve des espérantistes dans absolument toutes les langues, l'idée (juste à mes yeux, mais je pense utopiste pour l'instant) serait que l'espéranto soit la langue centrale pour tous (français -> espéranto -> letton ; letton -> espéranto -> grec, grec -> espéranto -> néerlandais, etc.).
Pourquoi penses-tu que faire "grec > espéranto > letton", c'est plus simple que faire "grec > anglais > letton" ? C'est exactement la même chose, non ? Sauf qu'il y a certainement actuellement moins de Lettons espérantophones qu'anglophones, et surtout il y a plus d'interprètes compétents formés pour l'anglais que pour l'espéranto. Bien sûr, ça peut se faire, mais il y en a pour quelques années à former suffisamment de bon interprètes en espéranto pour toutes les langues...Car si on trouve des espérantistes dans toutes les langues, combien d'entre eux sont capables d'aller interpréter les débats du parlement européen ?
Sisyphe wrote:Pour ce qui est du vocabulaire de l'espéranto, c'est vrai qu'il est essentiellement germanico-latin, avec pas mal de slave quand même et quelques saupoudrages d'autres langues (hébreu, grec ancien, etc.).
Euh, pourrais-tu donner des exemples pour les langues slaves ? Parce que franchement, j'ai parcouru un peu (pas entièrement) votre topic espérantophone, et je n'ai pas vu un seul mot ressemblant de près ou de loin à quelque chose de slave... Mais peut-être est-ce moi qui ne les ai pas reconnus ? Ou bien peut-être, étant Français, connaissez-vous plus de vocabulaire issu des langues latines ? En tout cas, c'est vrai que, pour moi qui suis Française, parle allemand et anglais et ai quelques restes d'italien et (très lointains !) de grec ancien, l'espéranto semble assez facile et je comprends pratiquement tout ce que vous écrivez. Mais...
Sisyphe wrote:De toute façon, quand un coréen veut apprendre le chinois ou l'anglais (ce qui est presque obligatoire pour lui), il doit apprendre 100 % de vocabulaire étranger, pas plus que pour l'espéranto.
Sisyphe wrote:Pour ce qui est de la grammaire, comme je le disais plus haut, elle est assez phénoménale. Et même si Zamenhoff l'a construite à partir de standards européens (déclinaison, langue accusative, etc.) elle s'en écarte parfois pas mal. De toute façon les deux-tiers des langues du monde sont accusatives (désolés pour les ergativistes, on peut pas faire plaisir à tout le monde), et comme disait mon prof d'allemand, "les chinois ont beaucoup plus de facilité à apprendre le russe ou l'allemand que l'anglais ou le français, à cause même des déclinaisons, beaucoup plus logique à leurs yeux".
Mais pour les Asiatiques par exemple, je reste convaincue que c'est difficile d'apprendre l'espéranto, même si ça peut être un tout petit peu plus facile que d'apprendre l'anglais ou le français. Je suis tout à fait d'accord, un Coréen doit apprendre 100% de vocabulaire nouveau pour l'anglais le chinois ou l'espéranto. Mais justement, là où je veux en venir, c'est qu'il faut arrêter de clamer que l'espéranto, c'est facile pour tout le monde. C'est facile pour nous. Mais pour un Chinois, je ne pense pas que ça fasse une grande différence en termes de difficulté d'apprendre l'allemand, l'anglais ou l'espéranto. Le seul avantage de l'espéranto c'est de n'avoir pas d'irrégularités. Pour tout le reste (voc, grammaire), la difficulté est égale.
Sisyphe wrote:Enfin, il y a bien une culture espéranta : il existe des poèmes, des romans, des pièces de théâtres, des chansons écrites en espéranto. Il a existé un cabaret espérantiste à Paris, et surtout le travail de traduction en espéranto est immense.
Non, les traductions en espéranto ne sont pas le signe d'une culture !!!! Tolstoï est traduit en français aussi, mais est-ce que cela veut dire que Tolstoï fait partie du patrimoine culturel français ? Poème, romans, ça, d'accord, c'est un début de culture espérantiste. Mais même là, je ne suis qu'à moitié d'accord : quel est le dénominateur commun de tout ça à part la langue ? Vous avez évoqué le théâtre, le cabaret, les chansons... Mais par contre, pas de peinture, pas de sculpture, pas d'artisanat, etc... C'est bien le signe qu'il n'y a pas de mentalité espérantiste et que les espérantistes n'ont en commun que la langue. Je rejoins ce qu'avait dit Flamenco : pas d'histoire espérantiste (histoire de la langue, mais pas histoire d'un peuple). Pas de folklore, pas de traditions, pas de gastronomie, pas de costumes traditionnels, etc... Bref, je trouve l'argumentaire sur la culture Espérantiste un peu mince. Tu as parlé de l'hébreu je crois, Sisyphe : mais les Juifs avaient tout de même une partie de leur histoire commune (même si très ancienne), des points communs dans leur histoire postérieure (la persécution), et surtout, une religion commune et des traditions communes liées à cette religion (les rituels, le kasher, etc...). C'est déjà beaucoup plus que les espérantistes !!!
Ce qui me rappelle, Sisyphe, ce que tu disais sur l'idéal philosophique qui avait accompagné les début de l'espéranto : pour moi, ça, ça aurait vraiment pu être une culture : le partage d'un état d'esprit, d'une vision du monde. Ca joue au moins autant dans une culture que la littérature !
Mais c'est là je crois que réside tout le paradoxe de l'espéranto. Son absence de rattachement à un peuple particulier est à la fois un avantage (supranationalité, neutralité) et un inconvénient (manque de culture véritablement cohérente).

Je m'en vais maintenant lire vos deux nouveaux posts, Sisyphe et Bovido... Y'a encore plein de choses qui m'interpellent dans l'espéranto, mais j'ai vraiment pas le temps aujourd'hui, alors à suivre dans les jours à venir...
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Bovido
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Post by Bovido »

Sisyphe > On peut aussi utiliser un participe passif pour les temps composés et l'on peut faire des temps surcomposés à l'infini si on le souhaite.
Pourquoi penses-tu que faire "grec > espéranto > letton", c'est plus simple que faire "grec > anglais > letton" ? C'est exactement la même chose, non ? Sauf qu'il y a certainement actuellement moins de Lettons espérantophones qu'anglophones, et surtout il y a plus d'interprètes compétents formés pour l'anglais que pour l'espéranto
J'ai appris l'espéranto il y a moind de deux ans et je suis excellent avec l'espéranto. :)
Non, les traductions en espéranto ne sont pas le signe d'une culture !!!!
Nous parlions de la littérature originale.
Mais par contre, pas de peinture, pas de sculpture, pas d'artisanat, etc... C'est bien le signe qu'il n'y a pas de mentalité espérantiste et que les espérantistes n'ont en commun que la langue. Je rejoins ce qu'avait dit Flamenco : pas d'histoire espérantiste (histoire de la langue, mais pas histoire d'un peuple). Pas de folklore, pas de traditions, pas de gastronomie, pas de costumes traditionnels, etc... Bref, je trouve l'argumentaire sur la culture Espérantiste un peu mince. Tu as parlé de l'hébreu je crois, Sisyphe : mais les Juifs avaient tout de même une partie de leur histoire commune (même si très ancienne), des points communs dans leur histoire postérieure (la persécution), et surtout, une religion commune et des traditions communes liées à cette religion (les rituels, le kasher, etc...). C'est déjà beaucoup plus que les espérantistes !!!
Ce qui me rappelle, Sisyphe, ce que tu disais sur l'idéal philosophique qui avait accompagné les début de l'espéranto : pour moi, ça, ça aurait vraiment pu être une culture : le partage d'un état d'esprit, d'une vision du monde. Ca joue au moins autant dans une culture que la littérature !
Mais c'est là je crois que réside tout le paradoxe de l'espéranto. Son absence de rattachement à un peuple particulier est à la fois un avantage (supranationalité, neutralité) et un inconvénient (manque de culture véritablement cohérente).
Ce genre de culture est-il vraiment nécessaire ? Nous parlons de la culture littéraire. :)
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Post by svernoux »

Bovido wrote:Sisyphe > On peut aussi utiliser un participe passif pour les temps composés et l'on peut faire des temps surcomposés à l'infini si on le souhaite.
Pourquoi penses-tu que faire "grec > espéranto > letton", c'est plus simple que faire "grec > anglais > letton" ? C'est exactement la même chose, non ? Sauf qu'il y a certainement actuellement moins de Lettons espérantophones qu'anglophones, et surtout il y a plus d'interprètes compétents formés pour l'anglais que pour l'espéranto
J'ai appris l'espéranto il y a moind de deux ans et je suis excellent avec l'espéranto. :)
Oui, d'accord, mais je me répète : ça ne veut pas dire que tu puisse être interprète au parlement européen : d'abord parce qu'en plus de la langue, il faut apprendre l'interprétation, ensuite parce que les domaines abordés dans ce genre de structure n'ont certainement rien à voir avec ta pratique personnelle et amateur de l'espéranto...
Bovido wrote:
Non, les traductions en espéranto ne sont pas le signe d'une culture !!!!
Nous parlions de la littérature originale.
Non, non. Peut-être toi, mais Sisyphe parlait bien des traductions aussi. Il a même écrit "surtout les traductions".
Bovido wrote:
Mais par contre, pas de peinture, pas de sculpture, pas d'artisanat, etc... C'est bien le signe qu'il n'y a pas de mentalité espérantiste et que les espérantistes n'ont en commun que la langue. Je rejoins ce qu'avait dit Flamenco : pas d'histoire espérantiste (histoire de la langue, mais pas histoire d'un peuple). Pas de folklore, pas de traditions, pas de gastronomie, pas de costumes traditionnels, etc... Bref, je trouve l'argumentaire sur la culture Espérantiste un peu mince. Tu as parlé de l'hébreu je crois, Sisyphe : mais les Juifs avaient tout de même une partie de leur histoire commune (même si très ancienne), des points communs dans leur histoire postérieure (la persécution), et surtout, une religion commune et des traditions communes liées à cette religion (les rituels, le kasher, etc...). C'est déjà beaucoup plus que les espérantistes !!!
Ce qui me rappelle, Sisyphe, ce que tu disais sur l'idéal philosophique qui avait accompagné les début de l'espéranto : pour moi, ça, ça aurait vraiment pu être une culture : le partage d'un état d'esprit, d'une vision du monde. Ca joue au moins autant dans une culture que la littérature !
Mais c'est là je crois que réside tout le paradoxe de l'espéranto. Son absence de rattachement à un peuple particulier est à la fois un avantage (supranationalité, neutralité) et un inconvénient (manque de culture véritablement cohérente).
Ce genre de culture est-il vraiment nécessaire ? Nous parlons de la culture littéraire. :)
Euh, je ne sais pas : peut-être que tu parles de la culture littéraire, mais moi j'ai lancé un débat sur la culture tout court. Et oui, moi je trouve ça absolument indispensable, c'est même tout ce qui fait l'attrait de l'apprentissage d'une langue... Je t'en reparlerai un peu plus tard, là je dois y aller... :hello:
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Bernard(o)
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Post by Bernard(o) »

Svernoux a écrit :
Je précise que je suis en train de saisir off-line mes réponses au post de sisyphe, donc ça prend un peu de temps (surtout qu'en même temps, je suis au boulot...
Moi je fais cela après le boulot, ce qui explique que lorque quelqu'un se présente en disant qu'il vient simplement casser de l'espéranto histoire de rigoler, je n'ai pas très envie d'argumenter et je me contente de le remettre à sa place... :evil:

Par contre si l'on évite les affirmations péremptoires dépourvues de fondement et si l'on me pose des questions en évitant d'employer une forme ironique, je suis prêt à y répondre. :D

A part ça tout va bien, je ne suis pas vexé.
Comparé à d'autre, se forum est d'une très bonne tenue, ce serait dommage que cela change.

:drink:

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Post by svernoux »

Bernard(o) wrote:Moi je fais cela après le boulot, ce qui explique que lorque quelqu'un se présente en disant qu'il vient simplement casser de l'espéranto histoire de rigoler, je n'ai pas très envie d'argumenter et je me contente de le remettre à sa place... :evil:
Euh, je pense que tu m'as mal lue : je n'ai jamais dis que je cassais de l'espéranto pour rigoler : j'ai dit que je cassais de l'espéranto, puis j'ai expliqué que je disais ça pour rire... Et comme je te sens un peu ironique sur le travail, je précise que je ne suis pas du genre "fonctionnaire qui fait des mots-croisés toute la journée" (que les fonctionnaires ne s'emballent pas, je dis juste ça parce que j'en connais des comme ça...) : je trime comme tout le monde, et je tape mes réponses au forum pendant mes temps réglementaires de pause, étant donné que je ne fume pas, ne bois pas de café et n'ai pas de portable d'où appeler tout plein de gens...
Bernard(o) wrote:Par contre si l'on évite les affirmations péremptoires dépourvues de fondement et si l'on me pose des questions en évitant d'employer une forme ironique, je suis prêt à y répondre. :D
Oui, oui, d'accord, mais les affirmations péremptoires, c'est justement ce que tu as fait... Donc 1 partout.
Bernard(o) wrote:Comparé à d'autre, se forum est d'une très bonne tenue, ce serait dommage que cela change.
Oui, ça c'est bien vrai ! ;)
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Post by Bovido »

Je confirme !
Sur un autre forum, en voulant parler de l'espéranto, je l'ai divisé en deux partie : celle qui ne me supportent pas parce que j'y parle l'espéranto et que j'en parle et celle qui me supportent. :-?
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Post by svernoux »

Ca y'est, je suis de retour avec la dernière mouture de mes réflexions sur l'espéranto. Désolée les gars, je vous cite sans balises, c'est plus vite fait…

Alors je reviens sur une affirmation de Bovido :
" Il est beaucoup plus facile de traduire l'espéranto vers une autre langue (et inversement) qu'une autre langue."

Et sa réponse suite aux questions de Didine :
" Par exemple, il est plus facile de traduire du français (ou une autre langue) à l'espéranto ou de l'espéranto au français (ou une autre langue) que du français à l'anglais car l'espéranto est par sa grammaire, sa structure et par son haute précison, dix fois plus simple que l'anglais et la plus souple de toutes les langues, ce qui lui permet de s'adapter à presque toutes les particularités syntaxiques de l'autre langue."

:-o Si Didine est sceptique, moi je n'y crois pas une seule seconde !!! Si tu veux me convaincre, Bovido, il va falloir faire plus qu'affirmer gratuitement, je veux des preuves, des exemples !!! Je ne sais pas qui tu es dans la vie, mais de telles affirmations me laissent penser que tu n'as jamais pratiqué la traduction de ta vie… Que l'espéranto soit souple et simple, OK, mais je ne vois pas en quoi ça simplifie la traduction ! La difficulté de la trad réside non pas dans la difficulté des langues, mais dans leurs différences. Or, si génial qu'il soit, l'espéranto ne peut pas être semblable à la fois dans son voc, sa structure et sa vision des choses à toutes les langues du monde !!!!! Et même si on recadre le débat dans un contexte européen, je ne crois pas une seule seconde que l'espéranto puise ressembler à toutes les langues européennes, qui sont déjà très différentes les unes des autres… Donc, il est peut-être plus facile de traduire espéranto-français et vice-versa que français-anglais et vice-versa, mais ça ne permet pas d'en tirer des conclusions universelles sur l'espéranto et toutes les langues.

Pour rester dans le domaine de la traduction, je cite Sisyphe :
"j'ai souvent fait l'expérience, que l'anglais n'est ni une langue facile ni une langue précise. Je donnerai deux exemples :

Les néologismes : les anglais ne feront bientôt plus la différence entre leur verbes et leurs noms. Avec un certain naturel, ils prennent un verbe, pire un "phrasal verb", et ils l'utilisent comme un nom : mais à toi de deviner si "the blow up" est
- un changement d'état (allemand -ung)
- un concept (allemand -heit)
- un nom d'agent (-er)
- une oeuvre (-werk)
etc.
(…)
Deuxième exemple : les syntagmes nominaux. La encore l'anglais juxtapose cinq ou six substantifs, et à toi de te dém....der ; je me souviens de "individual split ergative case marking system". Est-ce :
- un système individuel de marquage casuel de l'ergatif divisé
- un système de marque [c'est pas pareil] casuelles d'un ergatif individuel divisé
- un systeme de marque/marquage individuel de type ergatif divisé
- etc.

La différence est de l'ordre du poil de rat, mais par jeux de domino, sur un article de dix pages employant des concepts hyper-précis et vachement "prise de tête", ça peut largement compliquer l'ensemble."


Eh oui, je sais Sisyphe, j'en ai à longueur de journée de trucs tordus comme ça. Mais même si je suis d'accord avec toi pour dire que l'allemand est plus précis, ça ne rend pas la traduction depuis l'allemand plus facile. Les difficultés sont ailleurs. Et puis, même si tu comprends mieux le texte source, tu n'es la plupart du temps pas plus avancé sur la manière de traduire… Juste pour rire, voici un exemple de ce que je traduisais aujourd'hui :

"Soweit ein Vertragspartner im Rahmen der von ihr nach diesem Vertrag zu erbringenden Leistungen Sublieferanten einschaltet, ist er verpflichtet, durch geeignete vertragliche Vereinbarungen sicher zu stellen, dass die Vertragspartner er Regelung § 10 entsprechende Nutzungsrechte an Neuschutzrechten und Altschutzrechten erhalten."

Tant qu'il y aura une diversité des langues et des peuples, la traduction sera un exercice difficile (tant mieux pour nous, n'est-ce pas Didine !). Je ne prône donc pas du tout une simplification, pour la simple raison qu'elle est impossible, à moins de supprimer tous les peuples et langues de la Terre pour n'en garder qu'un… Mais c'est pas là qu'on veut en venir, non ?

*

Ensuite, pour revenir à l'espéranto, je cite Bovido :
"Le fait d'apprendre l'espéranto rend au contraire plus facile l'apprentissage des autres langues, et l'epséranto ne tend pas à être une langue universelle mais une langue auxiliaire."

Je n'ai jamais prétendu le contraire, mon propos n'était pas du tout là… Mais il n'y a là rien de caractéristique de l'espéranto : l'apprentissage de n'importe quelle langue rend l'apprentissage ultérieur de n'importe quelle autre langue plus facile. Plus on sait de langues, plus il est facile d'en apprendre, espéranto ou pas.

Bovido : " Une langue n'a pas besoin d'irrégularité pour qu'elle soit belle ou ait du charme ; de fait, l'espéranto est une très belle langue.
Et puis, le chinois est une langue sans irrégularité, alors qu'elle est parlée courrament."


Eh bien, si le chinois est une langue sans irrégularité, apprenons le chinois et utilisons-le comme langue-pont ! :loljump: :loljump: :loljump: (je précise pour ceux qui n'auraient pas compris les smileys : je plaisante)

Bovido : "Comment expliques-tu que la plus grande proportion (par rapport aux nombre d'habitants) d'espérantophones se trouvent en Chine et au Japon ? Que les meilleurs littéraires espérantistes soient japonais ?"

Aucune idée, c'est pas moi la spécialiste ici… Mais vu que (jusqu'à ce que vous me prouviez le contraire) je reste persuadée que l'espéranto est basé majoritairement sur les langues latines et germaniques, je suis prête à penser que les Asiatiques voient en elle, grâce à sa régularité et simplicité, un bon tremplin vers les langues d'Europe de l'Ouest et/ou grâce à sa supranationalité, un bon moyen de se rapprocher des cultures occidentales sans se "mouiller" en optant pour les USA, la France, l'Italie, l'Allemagne, etc. Mais si vous avez de meilleures explications (argumentées j'entends), j'attends.

*

Ensuite, merci pour vos explications sur les conjugaisons en espéranto. Je cite Sisyphe :
" Autant que je sache, il n'y pas de concordance de temps en espéranto. On est plus proche du grec ancien ou (je crois) du russe que du latin ou du français. "

Oui, ici enfin les premiers éléments que je vois se rapprocher peu ou prou du russe. En russe, pas de concordance des temps non plus et surtout, ce qui ressemble le plus à l'espéranto : les participes (en russe, passé et présent seulement, mais également avec passif et actif). Par contre le reste diffère quand même pas mal : pas de subjonctif en russe, seulement le conditionnel (et l'impératif), seulement trois temps à l'indicatif : passé présent futur, avec par contre des aspects verbaux (perfectif et imperfectif, ce qui donne une paire de verbes russes pour chaque verbe français, voire quatre pour les verbes de mouvement à cause d'un mécanisme dont j'ai oublié le nom…) et surtout, pas de temps composés en russe !

*

Sisyphe :
"Je crois personnellement que ce n'est pas aimer l'anglais, les Anglais et l'Angleterre que de célébrer l'anglais international. Il se fait au dépend de l'anglais lui-même comme langue de culture. Quand on sait que les Anglais font de moins en moins la différence entre who et which, ou qu'ils écrivent de plus en plus "labor" et non "labour", etc. Ce n'est pas au nom de ses qualités intrinsèques que l'anglais (en fait l'américain) s'est imposé, mais parce qu'il est la langue d'un pays aujourd'hui surpuissant."

Complètement d'accord avec toi. Je pense que si l'espéranto n'arrive pas à s'imposer, c'est notamment parce qu'il n'a pas de puissance économique et politique qui soutienne son développement. Mais en ce qui concerne l'anglais, je crois que l'anglais a déjà atteint le statut de langue-pont que se veut être l'espéranto, à la nuance près que l'anglais reste quand même lié ne serait-ce que de loin à une nation. Mais l'utilisation de l'anglais aujourd'hui échappe complètement à l'Angleterre comme aux EU, l'anglais international comme langue de communication a sa vie propre. Je parlais il n'y a pas longtemps sur Freelang d'un bouquin qui vient de sortir et qui s'appelle du genre "Do you speak globish?" C'est une méthode pour apprendre la globish (global english), version de l'anglais réduite à environ 500 mots et à une grammaire encore plus simplifiée ! Voilà qui n'a rien à voir avec l'anglais comme je le conçois, comme une langue attachée à un peuple et une culture… C'est un pur moyen de communication, comme le morse.

*

Et donc j'en reviens éternellement à le culture. Oui, Bovido, j'y tiens absolument ! Moi je n'ai commencé le russe qu'à cause de Dostoïevski… Sans lui, je ne parlerais pas russe (et je n'aurais pas trouvé l'homme de ma vie, au passage). Apprendre une langue juste pour l'apprendre, c'est bon pour les linguistes, et je ne dénie pas l'intérêt scientifique que ça peut avoir. Mais bon sang, on apprend aussi les langues pour le plaisir, pas que pour la science ou le boulot ! Et quand je parle de charme des langues, je pense à toutes les surprises qu'elles réservent. Par exemple, aux traces de leur évolution qui bien sûr créent des irrégularités qui nous font rager et rouspéter, mais qui ne sont pas gratuites, qui relatent l'histoire d'un peuple… Je ne vais pas annoncer une grande nouveauté en disant que les langues sont le reflet d'une vision du monde. Je plagie même allègrement un éminent linguiste dont je ne me rappelle plus le nom (Sisyphe ne manquera pas d'y remédier ;) ) qui disait : "l'homme voit le monde à travers le spectre de sa langue". Je ne vais pas vous ressortir l'histoire des eskimos avec la neige. Mais on peut parler des dénominations des membres de la famille, qui diffèrent dans toutes les langues. Ou des jurons, qui diffèrent aussi sensiblement (les Européens de l'Ouest, nous sommes très scato-sexuels, mais je crois qu'il y a des civilisations où les injures ont une tout autre base. Au fait, de quelle nature sont les jurons en espéranto ?). Ou bien encore du fait qu'il n'y ait pas de passé dans certaines langues : pourquoi ? Moi, personnellement, c'est ce qui m'intéresse : apprendre à connaître un peuple, comment il vit, ses coutumes, son histoire, sa mentalité, et pour ce faire, étudier sa langue. Et surtout, observer le rapport qu'il y a entre tous ces paramètres et la langue.
Et plus j'y réfléchis, plus je me dis que l'espéranto est artificiel et arbitraire. Et il ne peut en être autrement. Toute personne qui crée une langue possède auparavant une vision des choses propre à ses origines, déterminée partiellement par sa langue maternelle. Or l'espéranto a bien été crée par une personne, pas par une machine. Elle est donc forcément le reflet d'une vision du monde qui même si elle a pu s'ouvrir beaucoup, restera toujours restreinte par rapport à l'immensité des visions existant sur terre ! Il ne peut pas en être autrement, mais dans ce cas, pourquoi continuer à clamer que l'espéranto est universel ? Il ne peut tout simplement pas l'être.
Et en ce qui concerne la culture espérantiste (littérature, etc…), plus j'y pense et moins je vois où est le fil conducteur dans tout ça… Car même un Japonais qui écrit des romans en espéranto, il ne fait que les écrire d'un point de vue de Japonais, pas d'un point de vue d'espérantiste ! C'est donc simplement un témoignage de la culture japonaise, écrit en espéranto. Il pourrait tout aussi bien être écrit en japonais puis traduit en espéranto, ça n'y changerait rien. Alors que Dostoïevski n'aurait jamais pu écrire ce qu'il a écrit s'il était né en France et avait eu le français pour langue maternelle, j'en suis persuadée ! Dosto est donc bien le représentant de la culture russe, mais le japonais qui écrit en espéranto n'est à mon avis pas le représentant d'une supposée culture espérantiste…
C'est là que j'en suis de mes réflexions en tout cas. Peut-être me trompé-je, mais je n'ai encore pas entendu d'argument convaincant dans le sens contraire…

En tout cas, je m'arrête là pour ce soir, à chaque jour suffit sa peine. (tiens, y'avait les proverbes aussi dans la culture ;) ).

J'attends vos réactions, qui seront nombreuses je n'en doute pas…
:drink:
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Post by svernoux »

Eh eh, je vais peut-être battre Sisyphe au jeu du plus long post... :loljump: En tout cas, je m'entraîne dur, vous êtes témoins !!!
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Bernard(o)
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Post by Bernard(o) »

Svernoux a écrit :
Tolstoï est traduit en français aussi, mais est-ce que cela veut dire que Tolstoï fait partie du patrimoine culturel français ?
Tolstoï fait partie du patrimoine culturel universel, mais là c'est une toute autre façon de voir choses.

Je n'ai jamais compris ce qu'on espère prouver prouver en affirmant que l'espéranto n'a pas de culture.
Tout d'abord la question est de savoir si une langue as une culture ou si elle est elle-même un des éléments qui caractérise la culture d'une communauté.
C'est un terrain philosophique sur lequel je ne m'aventurerai pas. Je voudrais simplement démontrer ici que le débat sur le fait que l'espéranto ait une culture ou non est absolument sans intérêt.

Lors du 1er congrès universel qui s'est tenu à Boulognes sur Mer en 1905, soit seulement 17ans après la parution du 1er manuel, alors qu'un nombre significatif d'espérantistes de diverses nationalistés se rencontraient pour la première fois, on peut considérer qu'il n'y avait encore aucune ébauche de culture espérantiste. Pourtant c'est lors de ce congrès que le mouvement espérantiste se structura, que les notions d'espéranto, d'espérantisme, et d'espérantiste furent définies. Les résultats des travaux de ce congrès font encore référence aujourd'hui. Cela n'est il pas la preuve qu'une langue qui n'a pas de culture permet à des gens de nationalités différentes de communiquer sur des sujets qui dépassent les besoins primaires ?

Si l'on ne veut pas reconnaître de culture à l'espéranto et bien soit, cela ne l'empêche pas d'être un formidable moyen de communication interculturel, ce que personne ne peut plus nier aujourd'hui, au vu du travail accompli dans ce domaine par la communauté espérantiste.

Autrefois un dogme fort répandue prétendait que ce qui est plus lourd que l'air ne pourrait jamais voler et l'on se moquait de ces farfelus qui prétendaient prouver le contraire. Or, le jour ou la démonstration en fut faite, ll suffit alors à quiconque de lever les yeux au ciel pour en être convaincu.

L'espéranto est victime de préjugés tout à fait semblables concernant les langues artificielles et on nous ressasse toujours, entre autres, le vieux dogme : pas de culture donc pas de langue.
Pourtant la preuve a été faite depuis longtemps que l'espéranto est une langue vivante et la démonstration en est refaite tous les jours à travers le monde.

Malheureusement le concernant il ne suffit pas de lever les yeux pour le vérifier, il faut en faire l'expérience soi-même, c'est à dire y consacrer les 160 h nécessaires à son apprentissage et voir ce que l'on en tire ou comme Sysiphe prendre le temps d'en faire une étude approfondie et documentée . Malheureusement fort peu de gens sont prêt à faire cet investissement, il est plus simple d'entretenir le dogme...

Bernard(o)
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Post by svernoux »

Bernard(o) wrote:Si l'on ne veut pas reconnaître de culture à l'espéranto et bien soit, cela ne l'empêche pas d'être un formidable moyen de communication interculturel, ce que personne ne peut plus nier aujourd'hui, au vu du travail accompli dans ce domaine par la communauté espérantiste.
Soit, mettons que nous ne soyons pas d'accord sur la culture. Mis à part ça, je suis d'accord avec toi, l'espéranto est un moyen de communication formidable. Mais pas plus formidable que tout autre langue. C'est une langue parmi les autres. C'est en fait la seule chose qui m'agace chez les espérantistes : cette façon de prétendre que leur langue est meilleure que les autres et qu'il faudrait donc l'adopter dans les organismes internationaux, que c'est le sauveur des langues minoritaires... Je ne crois à rien de tout cela. Après, je n'empêche personne d'apprendre l'espéranto, loin de moi cette idée !
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