Je suis vraiment désolé de t'avoir laissé seul, malgré ma promesse, Tchiote. J'ai eu quelques contre-temps, et après cela je me suis retrouvé dans ma famille, sans ordinateur à disposition.Olivier wrote: J'ai essayé de faire remonter, mais ta demande a le défaut inverse des autres: elle est très très longue! et personne n'a trop le temps...
Du reste, Olivier - que je remercie - est tout aussi qualifié que moi pour te répondre. Il a dit beaucoup de choses justes dans ces notes - par commodité et par clarité je n'ai cité que toi ou presque, mais j'approuve pratiquement tout ce qu'il dit.

D'abord, vaccinia est un pluriel puisque le mot c'est "vaccinium". Ensuite, on ne peut pas "revêtir une airelle" ! L'airelle est une baie, proche je crois de la myrtille, et qui sert à teindre les vêtements ; mais une telle teinture est réservé à des vêtements de luxe.
bon j'ai continué à traduire le texte, voilà ce que ça donne:
suite texte latin:
"Nec te purpureo velent vaccinia fuco-
Ma traduction:
purpureo: pourpre
velent: qu'ils revêtissent
vaccinia: airelle
fuco: teinture
"Qu'ils ne te revêtissent pas l'airelle par une teinture pourpre,
Enfin, "vêtir" et "revêtir" sont des verbes du troisième groupe : il revêt, il revêtent
Effectivement, "vaccinia" est le sujet
vaccinia : que les airelles
nec te... velent : ne te revêtent pas
purpureo .. fuco : de leur teinture pourpre
:? Je pense que tu as compris, mais c'est un problème de précision en français : "convenu", cela veut dire "à propos duquel plusieurs personnes se sont entendues". Alors que conveniens est un participe présent, utilisé comme adjectif et signifie "qui convient, du point de vue de la coutume et des moeurs".non est conveniens luctibus ille color-
conveniens: convenu
luctibus: chagrin
ille: cette
color: couleur
cette couleur n'est pas convenue pour les chagrins
"cette couleur ne convient pas pour les douleurs"
Nec titulus minio nec cedro charta notetur,
titulus: titre
minio: vermillon
cedro: huile de cèdre
charta: papyrus
notetur: soit noté/ inscrit....
.. ni que le papyrus soit noté à l'huile de cèdre et le titre, au vermillon.
Que tu portes devant la pointe du baton ni noir ni blanc."

- soit "qu'il ne bouge pas, et qu'il ne pose pas de question !"
- soit "qu'il ne bouge pas ni ne pose de question"
- mais pas *"qu'il ne bouge pas, ni qu'il pose de question" Formule juste en français du 17e uniquement[/quote].
Ensuite, on dit "noter un titre" mais pas "noter un papyrus", il faut deux verbes en français.
Enfin, tu as inversé les deux, c'est "que le titre ne soit pas noté au vermillon, ni le papyrus annoté à l'huile de cèdre"
candida nec nigra cornua fronte geras!"
candida: blanc, brillant
nigra: noir
cornua: pointe du baton
fronte: devant, face
geras: que tu portes


Le mot cornus désigne les extrémités du petit cylindre sur lequel on roulait les feuillets collés au bas les uns des autres ; candida marque qu'elles étaient d'ivoire. On les appelait umbilici quand le manuscrit était roulé. - Fronte désigne le côté écrit du feuillet ; les anciens n'écrivaient que d'un côté, et frontes veut dire la page écrite et le revers.
"Felices ornent haec instrumenta libellos:
fortunae memorem te decet esse meae."
que pensez de cette traduction:
Ces joyeux instruments ornent les petits livres: il te convient d'être mémorable à mon sort.
je ne suis pas sure de la fin "il te convient d'etre memorable à mon sort"
Pour la première : OK, grammaticalement ça pourrait être juste. Mais je pense que c'est faux, je pense que "felices" va avec "libellos"
Mais la deuxième ne veut pas dire grand-chose en effet !
"memor + génitif" est un adjectif de sens actif qui n'a pas d'équivalent en français "qui se souvient de". "memores estote mei" = "souvenez vous de moi" (litt. "soyez ayant-le-souvenir de moi. C'est différent de "mémorable" qui a un sens passif "dont on peut se souvenir"
Donc litt. "il convient que tu sois ayant-le-souvenir de mon sort" = il convient que tu te souviennes de mon sort.
en fait le livre est là simplement pour représenter la personne et son etat d'esprit d'après ce qu'il dit? non?
Oui, c'est un peu ça : il ne veut pas orner son livre, en faire un bel objet, avec un texte écrit au vermillon, des étiquettes de titres jolies etc. Car ces ornements conviennent à des "felices libellos", des livres joyeux (c'est pour ça que je pense que "felices" va avec "libellos" En fait j'en suis sûr j'ai vérifié). Son livre à lui est triste.
Nec fragili geminae poliantur pumice frontes,
hirsutus sparsis ut vidare comis.
fragili: fragil
geminae: 2, double....
poliantur: soient polies
pumice: pierre ponce
frontes:tranche d'un livre
hirsutus: hérissé
sparsis: eparpillé
videare: que tu sois vu
comis: duvet , barbe restant sur le parchemin.
traduction:
Que tes 2 tranches ne soient pas polies par la pierre-ponce fragile, et que tu sois vu hérissé par ton duvet eparpillé.
OK pour la première phrase.
Mais la deuxième tu as oublié le "ut+subj" : "de sorte que tu sembles/paraisses hirsute du fait des poils éparpillés <sur les bords du parchemin>
Neve liturarum pudeat!
en fait le probleme vient du verbe pudeat qui signifie: etre honteux?
C'est quoi le sujet dans ce petit bout de phrase? parce que s'il avait parlé au livre n'aurait-il pas mis à la 2 pers sing? c'est un peu compliqué!
Neve: et non
liturarum: de taches
pudeat: soit honteux
et là je bloque parce que je n'ai pas de sujet

me pudet : j'ai honte
te pudet : tu as honte
eum pudet : il a honte
consulem pudet : le consul a honte
etc.
et le complément (ce dont on a honte) ce met au génitif
neve pudeat <te> : et n'aie pas honte
liturarum : de <tes> taches
qui viderit illas,
de lacrimis factas sentiet esse meis."
qui viderit: qui verra
illas: celles ci (les taches)
sentiet: il sentira
esse factas: etre fait
de meis lacrimis: de mes larmes
celui qui verra celles-ci, sentira ce qui a été fait de mes larmes
"factas" est accordé à "illas", qui reprend "liturarum"
-> Celui verras celles-ci (=les taches) sentira qu'elles ont été faites de/par mes larmes
Vade : va
liber: livre
verbisque meis: et par mes paroles
loca grata: lieux agreables
saluta: salue
Va, Livre, et salue les lieux agréables par mes paroles.
OK
contingam: quej'arrive; j'arriverai
certe: surement/ certainement
licet: il est permis, c'est permis
illa: ce
pede: pied
il est permis que j'arrive certainement par ce pied????? (c'est un peu louche comme phrase nan?)
Effectivement.

contigam illa : j'arriverai dans ces lieux
quo ... pede : par le pied
licet : qu'il m'est permis
(la formulation est un très idiomatique. "qui licet" fonctionne un peu comme "quilibet", comme un relatif indéfini, et l'antécédent est placé dans la relative : "pede quem licet" -> "quo pede licet")
(je pense, sans en être sûr, qu'il y a un jeu de mot sur le mot "pied" : Ovide ne peut pas aller à pied à Rome puisqu'il est exilté, mais ses poèmes, composés de "pieds" (= unité de mesure en poésie, il y a six pieds dans un hexamètre latin) y parviendront).
si quis: si qqn
ut in populo: par exemple dans le peuple
nostri: nous/notre
immemor: ??? oublieux?
illic: ici
si qqn par exemple ici dans le peuple ne nous est pas oublieux????
illi ou illic ?
"illic" ne veut pas dire "ici" mais "là-bas", cad en l'occurence : à Rome.
"nostri" est un pluriel de majesté"
"ut in populo" veut dire je pense "comme c'est le cas parmi le peuple".
litt. "si quelqu'un là-bas n'est pas oublieux de nous comme c'est le cas parmi le peuple" (=si quelqu'un là-bas ne m'a pas oublié..)
si quis: si qqn
qui: qui
quid agam: que je conduise
forte: chance
requiret: demanderait
erit: serait
si qqn, qui, par chance demanderait que je conduise, serait??????
La difficulté vient de ce que trois propositions subordonnées sont enchâssées.
par ailleurs "agere" ne veut pas dire seulement "conduire" mais aussi plus généralement "agir" (quid agis = que fais-tu ?").
si qui erit : litt. "s'il y aura quelqu'un" (! interdit en français)
qui : qui
forte requiret : par hasard demanderait
quid agam : ce que je fais
vivere: vivre
me dices: me diras; que tu me dises
tu me diras vivre? que tu me dises vivre????

De plus, dans "tu me diras", "me" en français est un COI, donc en latin un datif (mihi).
dices : tu diras
me vivere : que je vis (proposition infinitive)
salvum:bien
tamen: toujours
esse: etre
negabis: tu refuseras
tu refuseras toujours d'etre bien????
nego :

tamen : pourtant
negabis <me> esse : tu diras que je ne suis pas
salvum : en bonne santé
id quoque: ça aussi????
quod vivam: je vivrai
munus: service accusatif
habere: avoir
dei: de dieu
je vivrai pour avoir le service de dieu?????
(comme vous pouvez le remarquer je galère trop trop trop!!!!!)
"habere" est un infinitif. Il n'y a aucune raison pour qu'il soit tout seul DONC on est toujours dans la subordonnée infinitive de précédemment (tu diras que...)
<tu diras que>
id quoque : ceci aussi
quod vivam : le fait que je vive
habere : je l'ai
munus ... dei : comme étant un don du dieu
"Arque ita tu tacitus - quaerenti plura legendum -
ne quae non opus est forte loquare cave!"
arque: ??????
ita: donc
tacitus: silencieux / etre silencieux????
quaerenti: cherché (dat abl)
plura: nom acc plu: plus
legendum: ..??
"arque" n'existe pas. J'ai vérifié, c'est "atque"
"tu tacitus" -> il manque un verbe. Mais en latin comme en arabe on n'exprime pas forcément le verbe être s'il est évident. Donc c'est comme si on avait
"atque ita tu tacitus <eris>" (je te laisse traduire ça

Tchiote wrote: quaerenti plura legendum = si quis plura quaeret, legendum est.
Oliver wrote: ... il doit le lire (je ne me rappelle plus trop la grammaire de ces trucs-là, je dis ça en gros - SISYPHE!! )
"ces choses-là" s'appelle un adjectif verbal, qui, lorsqu'il est attribut OU lorsqu'il est employé de manière impersonelle, exprime l'obligation, selon l'exemple fameux :
virtus mihi colenda est = la vertu est devant-être-pratiquée par moi = je dois pratiquer la vertu, il faut que je sois vertueux.
audiendum est : il faut entendre.
Donc "plura legendum <est>" (être sous entendu, comme précédemment) : il faut en lire plus
(quand à "quaerenti", qui veut dire "demander" c'est le COI de de "legendum est", mais puisque tu as une note pour t'aider, je n'entre pas dans les détail. Traduis "si quis plura quaeret" (quaero = demander), et ce sera bien.)
opus est: est benefique
forte: chance / fort
loquare: parler
cave : nom acc pluriel trou

opus est : IDIOMATISME "il est nécessaire"
(tu as trouvé le bon mot dans le dictionnaire, c'est le bien "opus n°2, indéclinable", mais tu n'es pas allé assez loin dans l'article. 70% du temps, "opus est" est une expression impersonnelle toute faite. Dans 30% seulement "opus" est un nom qui veut dire "la chose nécessaire.)
forte : par chance
(:evil: et même si c'était l'adjectif "fortis", il ne veut jamais dire fort, c'est un faux-ami, grr)
loquare : N'EST PAS UN INFINITIF ! le verbe c'est "loquor, eris, loqui". DONC "loquare" c'est un subjonctif (-a-), deuxième personne (-re = -ris).
cave : d'abord "cave" ne peut pas être un accusatif pluriel. Ensuite le mot "cavum" est rarissime (d'ailleurs je ne le connassais même pas).
"cave canem" = prend garde au chien !
"cave ne + subjonctif " = prend garde à ne pas...
cave : prends garde
ne ... loquare : à ce que tu ne dises pas
quae : les choses que
non opus est : il n'est pas nécessaire <de dire>
+++++++++++++++++++++
Voilà. J'espère que ton/ta prof n'a pas l'intention de te donner le poème en entier parce qu'il y a encore plusieurs dizaines de vers.
Bon, tu sais en gros ta grammaire latine, tu sais à quoi servent les déclinaisons et comment se conjugent les verbes, c'est bien.

1. Fais gaffe en lisant et en recopiant de ne pas te tromper, tu te crées des difficultés inutiles (déjà la dernière fois), comme "arque" pour "atque".
2. Ce qui te manque le plus, ce sont les idiomatismes :"legendum est", "me pudet", "opus est" etc. C'est ce qu'il y a de plus dure dans une langue, et l'origine des plus gros contresens, à tous les niveaux (le mien compris). Essaie de les noter au fur et à mesure (notamment les plus courants, commes les adjectifs verbaux - hein Olivier - ou du moins, apprends à les repérer, tu auras toujours le dictionnaire pour t'en donner le sens.