Miguel wrote:Sisyphe wrote:
Cliché qui repose toutefois sur une certaine vérité historique : à leur arrivée, les émigrants ibériques ont occupé comme il est de rigueur les postes les plus bas : manoeuvre et maçon pour les hommes, femme
de ménage pour les femmes. Ensuite ça été les maghrébins et maintenant c'est les noirs, concurrencés par les asiatiques .
Un petit point pour nuancer. La vérité historique est ici particulièrement biaisée par un certain nombrilisme de l'autochtone : les Français pensent, du coup, que tout Portugais (élargissons, si tu y tiens, à l'Espagnol) est maçon ou gardienne d'immeuble, même dans son propre pays. A se demander comment un système économique et un Etat peut se maintenir s'il n'existe que ce type de profession ...
C'est précisément ce que je dis :
... Certaines bourgeoises doivent penser que la réciproque est vraie : toutes les espagnoles et les portugaises sont donc des bonnes-à-tout-faire. Au moins in potentia.
Je crois qu'il y a non seulement une forme de vague racisme, mais surtout une forme de dédouanement intellectuel à exagérer jusqu'à l'absurde "l'ethnicité" des emplois : dire que la bonne ou la concierge est portugaise parce que les bonnes et les concierges sont toujours portugaises, c'est s'éviter d'avoir à penser que le métier de bonne ou de concierge est harassant et mal payé, et que si c'est une étrangère qui l'occupe, c'est parce qu'avant tout, elle est pauvre.
Ou comme disait une universitaire qui a travaillé sur les "emplois ethniques" et dont j'ai lu des articles récemment (Miguel, tu dois savoir son nom ?) : c'est pas l'emploi qui est ethnique, c'est la misère.
Combien entends-je de gens dire que si les épiciers arabes sont arabes, c'est parce que les arabes sont doués pour le commerce et autres co**eries, en oubliant que l'épicier arabe en question travaille 75 heures par semaines, dimanches compris, et dort dans son arrière-boutique et qu'il est le seul à accepter de faire ça. Il y a vingt ans, précisément, c'étaient les espagnols qui tenaient des épiceries, et on disait les mêmes bêtises. Dans vingt ans, ce seront des Africains.
... Avec ce corollaire que l'avant-dernier émigrant se voit toujours paré de vertus incroyables qui permettent de mieux s'attaquer racistement au dernier émigrant. Il y a trente ans, on disait on disait que les Espagnols et les Portugais étaient des feignasses méditerrannéennes mal dégrossies, alors que les Polonais, eux au moins, c'étaient des gens du nord civilisés. Et maintenant on en est à dire que les Espagnols et les Portugais eux au moins s'étaient des catholiques-civilisés-comme-nous, alors que les Maghrébins vous comprenez ma chère c'est quand même pas la même civilisation patati patata. Et je commence à voir venir le temps (il est en train d'arriver) où les racistes diront que les Maghrébins au moins c'étaient des méditerrannéens, un peu comme nous, et travailleurs quand même alors que les Africains c'est des sauvages...

Le plus insupportable dans le racisme, sur le plan intellectuel, c'est les apparences de rationalité qu'il cherche à se donner :
Flamenco wrote: Malheureusement, un préjugé ne réfléchit pas autant...
mais il fait semblant de réfléchir, ce qui est pire.
Pour en revenir aux Espagnols, une partie des clichés les plus négatifs viennent du temps de l'émigration espagnole en France (et d'un racisme profond). Or celle-ci est ancienne et s'est tarie à la mort de Franco...
... Le stéréotype "dé la femme de ménaze español" (ou portouguèch) est à mon avis tout à fait vieilli, parce que précisément ces femmes de ménage-là sont plus ou moins en train de prendre leurs retraites.