Courrier international - 23 mai 2005
ÉTATS-UNIS - Le soutien scolaire se délocalise en Inde
"Les Américains se sont lentement habitués à l'idée que les gens qui assurent des services à la clientèle ou d'aide en ligne se trouvent de l'autre côté de la planète", note The Christian Science Monitor. "Désormais, certains étudiants peuvent prendre des cours particuliers avec des enseignants du bout du monde", ajoute le quotidien américain. A cet égard, l'Inde joue une fois de plus le rôle de précurseur, "grâce à l'abondance de diplômés en mathématiques et en sciences". Les entreprises américaines de soutien scolaire puisent sur le sous-continent des ressources humaines particulièrement avantageuses d'un point de vue financier. Le tout rendu possible par les nouvelles technologies et notamment Internet.
Pour certains, cela représente le "triomphe de la technologie, une chance pour les étudiants américains férus de science et une preuve supplémentaire que la mondialisation est bénéfique pour tous, surtout quand il s'agit de capital intellectuel", cite The Christian Science Monitor. Néanmoins, d'autres s'inquiètent du manque de contrôle, de l'absence de standards identiques d'enseignement, voire du fossé culturel. Par ailleurs, ceux-là critiquent le fait que de tels enseignants puissent bénéficier des fonds du programme éducatif fédéral américain, le No Child Left Behind (NCLB) mis en place par l'administration Bush.
D'après un responsable indien d'une entreprise de soutien scolaire, "les tuteurs indiens travaillent avec près de 20 000 étudiants américains, et le marché va s'étendre avec l'amélioration des technologies et l'augmentation de la demande aux Etats-Unis en vertu du NCLB".
Soutien scolaire pour les US
- Sisyphe
- Freelang co-moderator
- Posts: 10953
- Joined: 08 Jan 2004 19:14
- Location: Au premier paquet de copies à gauche après le gros dico

Comment dit-on langue de bois en gujarati ?triomphe de la technologie, une chance pour les étudiants américains férus de science et une preuve supplémentaire que la mondialisation est bénéfique pour tous, surtout quand il s'agit de capital intellectuel
Curieusement, je ne suis pas d'accord avec ce genre de crainte. Les Indes n'ont en effet rien à prouver en matière de formations supérieures et de production de diplômés de qualité (je suis même près à parier que les graduates indiens valent plus que les licenciés français de la même matière). Le manque de "vérifiabilité" est effectivement un problème, mais à mon avis pas pire que celui des nombreuses officines de cours privées, qui sont anciennes et nombreuses en terres anglo-saxonnes, qui débarquent en France depuis peu, et dont à mon grand regret vous trouverez de nombreuses publicité au-dessus de cette page (d'autres s'inquiètent du manque de contrôle, de l'absence de standards identiques d'enseignement, voire du fossé culturel

Si cette nouvelle (qui n'en ai pas une) m'inspire surtout un grand dégoût, c'est parce qu'elle est le signe d'une évolution déjà amorcée depuis longtemps : l'enseignement est devenu un marché. Et sans doute le marché le plus mondialisé qui soit.
C'est là le véritable enjeu de toutes les réformes universitaires récentes, et spécifiquement l'adoption du cursus anglo-saxon (toute affirmation du type "on fait des diplômes européens" est xyloglottique). Force est de reconnaître que celui-ci a pour lui l'argument de la masse : il est celui d'une partie des Etats économiquement puissant (Etats-Unis, UK, Australie, Nouvelle-Zélande, Canada) ; il est celui des Etats les plus peuplés (Inde, et même en partie la Chine, où les premières universités "occidentales" furent américaines, au début du XXe siècle, sans parler de Hong-Kong), et enfin le plus répandu numériquement (puisque il a pour lui tout le commonwealth).
L'Europe continentale, quelle que soit la qualité de ses traditions universitaires, voudraient une fois de plus capter ces marchés (ou comme nous l'avait dit un détestable vice-président : on en a marre de ne fonctionner qu'avec des Maliens).
S'il faut être philosophe, disons qu'au moins les nouvelles technologies épargnent désormais la fuite des cerveaux du tiers-monde. Elle les fait fuir sur place.