Miki, tu n'as pas à vouloir t'excuser. C'est bien normal de ne pas trouver le courage! C'est d'ailleurs pour ça que tout le monde t'envoie des mots d'encouragement : parce que tout le monde sait que ce n'est vraiment pas évident (la souffrance, le liens avec les autres, soi-même, tout...). C'est encore moins évident quand on est tout seul avec ses pensées. Mais tu sais, tu en fais déjà énormément en prenant le temps de donner des nouvelles. Merci beaucoup pour ça.
Alors, première des choses : enlève-moi ce sentiment de culpabilité inutile dont personne n'a besoin. Tu n'as vraiment à t'excuser de
rien et auprès de
personne! Ceci vaut pour toute la vie, et encore plus pour en ce moment.
J'ai vu le site dont tu nous avais donné l'adresse (
http://www.metanoia.org/suicide). C'est incroyable, chaque phrase qu'on y lit me paraît totalement vraie et bien exprimée. À mon sens, la personne qui a écrit ça touche exactement ce qu'on peut ressentir quand on veut mourir. Si j'ai un jour envie de mourir et que ça deviendrait urgent, je souhaite me rappeler d'aller au moins voir là. En attendant

, ben j'aurais envie de traduire cette page en français parce que ça pourrait être utile à tellement de gens!
À ce propos, je ne sais pas comment faire pour les droits d'auteur, vu que l'auteure ne veut pas qu'on lui écrive et que le paragraphe sur les droits ne paraît pas clair (si quelqu'un s'y connaît là-dedans...).
Je n'ai pas les qualifications pour savoir quelle est la façon idéale de t'aider, mais on essaie tous! On devrait au moins pouvoir te donner un coup de pouce utile.
Si je peux te demander une chose, laisse-toi des chances! Et pas juste en théorie.
On devine facilement que tu donnes un verdict sur tout ce que tu fais ou ne fais pas. Peut-être même que tu considères que pour chaque geste répréhensible, il faut « réparer ». Comme êtres humains, on a souvent tendance à se juger soi-même, à se prendre en défaut et à vouloir ensuite racheter ses supposés torts (en devenant mal à l'aise, en s'excusant, etc.) On en vient à se surveiller constamment et à permettre aux autres de le faire.
Si tu te reconnais là-dedans, je t'en prie, c'est le temps où jamais d'en prendre conscience et d'éliminer cette réaction tout de suite.
Donc, voici un exercice : demain, durant toute la journée, concentre-toi sur tes pensées, observe-les passivement, laisse-les arriver. Tu peux même en noter quelques-unes, si tu as l'occasion. À chaque pensée qui te donne envie de regretter (« j'aurais dû... ») ou qui te met de la pression, pose-toi la question « Est-ce que je me laisse une chance? ». Ça permet déjà de les remarquer davantage. Si tu te rends compte que tu as plusieurs pensées comme ça (peut-être cinq ou dix par jour), ce sera déjà une première chose concrète à travailler. Ça voudra dire qu'en plus de tes conditions de vie difficiles, tu te tortures toi-même inutilement (personne n'en profite!

). Et s'il y a une période de ta vie où tu as besoin de te laisser des chances, c'est bien maintenant.
Il est difficile d'effacer ces pensées inquisitrices qui sont bien ancrées en soi, mais on peut les remplacer par d'autres plus adaptées à la réalité et à la volonté de se sentir bien. Parce que te sentir bien, je te rappelle que c'est ton but premier (

tu parles, sans te connaître, je sais déjà ça! C'est quand même drôle!). Donc, remplace les phrases accusatrices que tu laisses passer par ce que tu aimerais qu'une personne bienveillante te dise. Une personne qui veut te laisser toutes les chances.
Si tu as du mal à le faire comme ça, dis-nous le, on va trouver une façon pour que ça fonctionne.
Chacune des pensées qui traverse ton esprit, tu en es le maître. Ces pensées semblent aller de soi et sont convaincantes et vraies parce qu'elles sont prononcées par toi, mais ce ne sont que des parasites qui viennent de l'habitude : à force de se faire dire des remarques plus ou moins subtiles pendant des années, on finit par intégrer le comportement critique des autres.
Tu as le droit de passer une journée entière à penser juste des choses bien à ton sujet. Pour être plus directe :
fous-toi la paix!
Bon, alors je fais de même à l'instant.
Si tu en as envie, donne-nous plus de détails sur ce que tu ressens dans le quotidien, dans telle ou telle situation.
À plus tard!