Elie wrote:C'est en grande partie faux. On peut très bien être très créatif en allemand, mais encore faut-il savoir ce que l'on fait. Le milieu espérentiste n'est tout simplement pas assez grand pour créer une force d'inertie linguistique qui fige les mots par l'usage, ce qui donne l'impression d'une grande liberté. Mais en fait, c'est juste la preuve de la petitesse du milieu espérantiste, ce qui plombe du même coup toute l'argumentation utilitaristo-utopiste des ses partisans.
Oui et non.Prstprsi wrote: Je dirais la même chose pour l'espagnol, le slovaque et ma langue le français. Ces trois langues que je connais à peu près bien peuvent évoluer sans limites et évoluent sans limites. Elle ne seront jamais des langues mortes. L'espéranto est une bonne idée à la base mais elle n'a pas de culture et de références communes: c'est là où le bât blesse.
N'oubliez pas que l'espéranto a plus d'un siècle. Une culture esperanta, il y en a une. Suivant les époques et pour différentes raisons (notamment l'état du monde extérieur) les congrès, associations, rencontres, communications ont été réduites ou très grandes (internet lui a redonné un coup de fouet, la preuve), mais suffisemment pour que des usages s'installent, et une culture avec. Faut-il le répéter : il y a une littérature esperanta (sa poésie, je la connais, sa prose non), directement écrite en espéranto, et non traduite. Il y a des journaux, des publications, bref, de l'écrit en espéranto, y compris - je ne résiste pas - des histoires pornos :
http://www.geocities.com/Paris/Arc/5329/index.html
(enfin disons libertines ; j'ai déjà cité le lien plusieurs fois mais il m'amuse terriblement

Conséquemment, si, l'usage de l'espéranto n'a rien d'un mythe ; je suppose qu'Oslo, Wang kaj alioj vont nous sortir trente-six-mille chiffres sur le nombre de locuteurs - c'est une chose à vrai dire assez difficile à établir. Janton parlait de cinq millions de locuteurs institutionnels (c'est à dire affiliés à une groupe), mais Janton, outre qu'il préchait pour sa paroisse, est très ancien, et date d'une période où les gens réglaient leurs cotisations

L'usage et donc l'évolution de l'espéranto - je l'ai dit au début de ce débat, autrefois - existent réellement. J'ai parlé des noms de pays, des régimes des prépositions, d'un assez grand nombre de ce qu'on appelerait en latin des "pseudo-prépositions", des préfixes (et des très très très nombreux préfixes "non-officiels"), du système verbal (qu'on me corrige : l'utilisation du conditionnel dans un temps composé n'est pas zamenhoffien), etc. L'espéranto a évolué, à peu près autant (à la louche et autant que je le sache) qu'une langue instituée comme le Français dans la même époque.
Conséquement aussi, et pour répondre à Elie, la "fixation" des composés-dérivés existe aussi, comme en Allemand. La fameuse "handoferrolaboristino" est à peu près aussi théorique que la casquette du chauffeur des bateaux du Danube en Allemand. On peut le faire, ça ne veut pas dire qu'on le fait. C'est d'ailleurs ma faiblesse de mauvais espérantiste de ne pas savoir s'il vaut mieux dire "allitigxi" (si j'en crois Olso, le plus répandu "au-lit-se-iser"), qui sommes toute est plus un composé agglutinatif qu'un composé à l'allemande, ou si je devais en rester à "iri al la lito". Il y a des mots zamenhoffiens qui ne sont pas entrés dans l'usage.
Ce qui induit en fait une des faiblesse structurelle de l'espéranto : les tensions entre créations analytiques et synthétique, et entre création en langue et emprunt.
Pour la seconde, l'allemand est dans le même cas : Fernsehender ou Television ? Le premier l'a globalement emporté. Mais pour Computer et Rechner, c'est raté.
Le second est plus proprement espérantiste : sternajxo (l'objet [-ajxo] avec lequel on se couche) ou lito ? A peine une dizaine de réponses pour sternajxo sur Google, 706 pour litoj (j'ai mis exprès au pluriel car au singulier "lito" apparaît dans des tas d'autres langues ; mettons que le pluriel soit statistiquement aussi représenté que le singulier : disons 1400 réponses).
Ce qui a contrario peut te montrer que la fixation existe.