B A BA : 1 Méthode globale : 0
B A BA : 1 Méthode globale : 0
Le gouvernement vient d'indiquer que la méthode globale ne serait plus enseignée en France car elle aurait provoqué beaucoup de dégâts chez les enfants en phase d'apprentissage de la langue.
Pas trop tôt à mon avis. Moins d'un enfant sur deux arrive à apprendre à lire correctement avec cette méthode.
Pas trop tôt à mon avis. Moins d'un enfant sur deux arrive à apprendre à lire correctement avec cette méthode.
La folie des uns est la sagesse des autres
Petite définition pour ceux qui ne savent pas ce qu'est la méthode globale en apprentissage de la lecture 
La méthode semi-globale a fait son apparition il y a quelque temps, c'est à mon avis (sans expérience encore, mais a priori) la meilleure méthode qui soit à l'heure actuelle.

La méthode semi-globale a fait son apparition il y a quelque temps, c'est à mon avis (sans expérience encore, mais a priori) la meilleure méthode qui soit à l'heure actuelle.
- Sisyphe
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- Location: Au premier paquet de copies à gauche après le gros dico

Avec le "collège unique", cela fait partie des débats les plus rances de l'éduc-nat... Quarante ans au moins que des "pédagos" cuistres, verbeux et globalistes se crêpent avec des "républicains" culs-serrés, ternes et analytistes...
Et c'est reparti pour un tour : "la méthode globale fait des illettrés et des dysorthographiques - oui mais l'analytique fait des frustrés et dégoûte de la lecture - oui mais l'analytique fait est beaucoup plus progressive et moins handicappante - oui mais la globale donne immédiatement accès au sens - et d'abord monsieur avec la globale, vous privilégiez les fils de profs - et vous vous interdisez au prolétariat d'accéder à une lecture autre qu'utilitaire - oui mais vous n'êtes qu'un branleur de soixante-huitard - oui monsieur moijaifaitmaisoixantehuit ! Vous un valet du grand capitale - et vous un bobo hypocrite etc. etc. etc.
ASSEZ !
Dans deux minutes on va me parler des zéro faute (avec ou sans s !) du certificat d'étude. Et je vois déjà poindre la plume Sergent-Major...
*
Globale, analytique. Elles ont des qualités, des défauts, soit. Que l'on peut étudier et analyser. OK - je ne récuse pas les vrais pédagogues. Et sans doute est-il bon d'en adopter une seule dans nos programmes, pour éviter de perturber les élèves d'une année sur l'autre.
Mais si on veut tenir ce débat, alors éloignons-en toutes les scories :
- Je me fous complétement de mai 68. Je me fous complétement des années 70. Je veux dire par là qu'il faut sortir d'une éternelle guerre scolaire bourrée d'une rhétorique "pro" ou "contre" révolutionnaire. Il faut que les docteurs ès pédago arrêtent de jouer les anciens combattants en disant qu'ils vont libérer le monde et l'enfant par leur pédagogie "différenciée" et leur science de l'éducation "novatrice" (note : novatrice mon c*l, comme dirait Zazie : les Latins s'interrogeaient déjà sur la question) en traitant systémaitquement leurs contradicteurs de réacs.
Il faut de l'autre côté que la droite (appelons un chat un chat) digère la mutation scolaire des années 80 et cesse de chanter l'air du "c'est la faute à mai 68", dont l'avant-dernier ministre de l'éructation maximale était un ténor remarqué, et corrélativement, arrête la fredaine du "sétémieuavan", certificat-d'étude-plume-sergent-major-zéro-faute-ah-ma-bonne-dame.
- Je suis un enfant de profs. Je suis un enfant de la globale. Mais je suis surtout un enfant de la ZEP. Les fameux 60% d'illettrés de sixième (illettrés ! Pas analphabètes. Illettrés, on l'est tous quand on lit une page de Kant ou une notice IKEA. Je sais lire mais je ne comprends pas), ces fameux illettrés, donc, ont été mes camarades.
Le problème de la lecture, le problème des illettrés, c'est un problème social. On est illettré parce qu'on a pas de raison d'être lettré. Parce que la Lettre ne fait pas partie de l'univers culturel. J'ai eu la même institutrice que mes camarades. Moi je suis arrivé en sixième lettré et lecteur. Et pourtant je vous garantis que jamais ma mère ne m'a fait la moindre leçon ni ne m'a obligé au moindre exercice supplémentaire (comme certaines, angoissées par les médias, le font).
Des classes de CP à huit élèves (des vrais dédoublements, et pas du pipi de chat), et ensuite on pourra commencer à s'étripper sur la globale !
- La semi-globale.... Y'en a même qui parle de "la méthode adaptée". En gros, donc, deux ou trois mille pages de thèse pour découvrir que la meilleur méthode, c'est celle qui est adaptée à l'Enfant (le fameux "l'Enfant" avec une majuscule des pédagos, pure entité a priori et extra-terrestre

Aucun instituteur digne de ce nom ne s'enfermera dans une méthode. Même les instits, qui sont littéralement fliqués par l'Inspection et ont peu de marge de manoeuvre (les profs sont déjà nettement plus libres) peuvent prendre un peu de recul par rapport à un programme ou un injonction pédagogique qui leur est imposée...
... Car c'est aussi ma dernière remarque et la dernière scorie à éviter : ne confondont pas
- Les déclarations tonitruantes de tel ou tel crétin provisoirement maroquiné rue de Grenelle.
- Ce que les corps d'encadrement (inspections, iufm, directions, etc.) vont véritablement mettre en oeuvre et imposer.
- Ce que l'enseignant de base va faire.
- Ce qu'il en pense.
Après, on pourra commencer à discuter.
Désolé mais y'a des sujets qui m'énervent...
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
d'accord avec Sisyphe
à la première réunion de la classe de ma fille (et oui... elle a commencé le CP), la discussion est lancée, à l'attaque de la maitresse: "j'ai vu que vous avez choisi la méthode globale, alors qu'elle est très critiquée, pouvez vous justifier ce choix blablabla".
Et la maitresse d'expliquer qu'elle adapte, que le manuel de lecture qu'elle utilise a l'avantage de les mettre dès le départ avec des textes, qu'elle leur fait en parallèle des dictées de syllabes etc. pour travailler l'orthographe...
Mais bon... Meme si nous ne sommes pas dans une Zup et loin de là (16 élèves dans la classe de ma fille...), les différences dans la vitesse d'apprentissage de la lecture se voient dès le CP, et la différence, c'est surtout à mon avis l'envie de savoir lire et un contact déjà existant avec la lecture. En quelques semaines ma fille lisait déjà, la maitresse lui fait maintenant faire des exercices différents des autres parce qu'elle a peur qu'elle s'ennuie... Elle voulait la passer avec le groupe de CE1 mais j'ai dit... tout doux tout doux... Pourquoi cette avance? C'est "simple" je lis des tas de livres aux enfants depuis toujours, 6 ou 7 histoires tous les soirs en ce moment ("l'"histoire du soir qui dure une bonne heure!!!) - parce qu'on se régale tous les trois...- et elle a un rapport aux textes qui n'est déjà pas celui des autres enfants: en plus des problèmes de "déchiffrage" ils ont selon moi aussi des problèmes de compréhension pour plein de mots qu'ils ne connaissent pas, simplement parce qu'ils n'ont pas un vocabulaire très étendu, la chose évoluera surement avec le temps, quand ils pourront justement lire seul, qu'ils pourront prendre des livres à la biblio etc: le plaisir de la lecture s'apprend aussi hors de la maison, heureusement, mais évidemment, à condition que l'école joue son role.
Mais Sisyphe a raison, le problème n'est pas celui d'une méthode ou d'une autre, et selon moi pour pouvoir jouer son role l'école devrait surtout se faire dans de meilleures conditions, avec 16 élèves c'est possible, avec 30 beaucoup moins, et ceux qui ont le plus de mal peuvent voguer à la dérive sans que personne ne s'en rende compte....

Et la maitresse d'expliquer qu'elle adapte, que le manuel de lecture qu'elle utilise a l'avantage de les mettre dès le départ avec des textes, qu'elle leur fait en parallèle des dictées de syllabes etc. pour travailler l'orthographe...
Mais bon... Meme si nous ne sommes pas dans une Zup et loin de là (16 élèves dans la classe de ma fille...), les différences dans la vitesse d'apprentissage de la lecture se voient dès le CP, et la différence, c'est surtout à mon avis l'envie de savoir lire et un contact déjà existant avec la lecture. En quelques semaines ma fille lisait déjà, la maitresse lui fait maintenant faire des exercices différents des autres parce qu'elle a peur qu'elle s'ennuie... Elle voulait la passer avec le groupe de CE1 mais j'ai dit... tout doux tout doux... Pourquoi cette avance? C'est "simple" je lis des tas de livres aux enfants depuis toujours, 6 ou 7 histoires tous les soirs en ce moment ("l'"histoire du soir qui dure une bonne heure!!!) - parce qu'on se régale tous les trois...- et elle a un rapport aux textes qui n'est déjà pas celui des autres enfants: en plus des problèmes de "déchiffrage" ils ont selon moi aussi des problèmes de compréhension pour plein de mots qu'ils ne connaissent pas, simplement parce qu'ils n'ont pas un vocabulaire très étendu, la chose évoluera surement avec le temps, quand ils pourront justement lire seul, qu'ils pourront prendre des livres à la biblio etc: le plaisir de la lecture s'apprend aussi hors de la maison, heureusement, mais évidemment, à condition que l'école joue son role.
Mais Sisyphe a raison, le problème n'est pas celui d'une méthode ou d'une autre, et selon moi pour pouvoir jouer son role l'école devrait surtout se faire dans de meilleures conditions, avec 16 élèves c'est possible, avec 30 beaucoup moins, et ceux qui ont le plus de mal peuvent voguer à la dérive sans que personne ne s'en rende compte....
Pile ou face?
ben... plutot révolutionnaire oui: il faudrait simplement tripler les établissements publics d'enseignement, tripler le nombre de profs, ...Bacaline wrote:La seule vraie réforme : est-elle si révolutionnaire qu'aucun politique ne la propose ?Sisyphe wrote:Des classes de CP à huit élèves (des vrais dédoublements, et pas du pipi de chat),
Ou bien: instituer les 3/8 à l'école avec les enfants qui ont des problèmes de sommeil dans la troisième partie de la journée, comme ça les parents les laisseraient à l'école avant de rentrer à la maison, ils pourraient enfin diner et dormir tranquilles. Pour ceux qui ont des problèmes de sommeil le matin, école à 5h du matin, et les parents retournent à la maison pour faire la grasse mat.
Pile ou face?
Bien d'accord vec ann et sisyphe, le plus important est l'envie de lire de l'enfant qui bien sur est très liée à son environnement. Lorsque l'enfant vit dans un appart où la télé tourne du matin au soir, où personne ne lit c'est pas pareil que lorsque papa ou maman passent un moment tous les jours pour lire des histoires, que lorsqu'avant de savoir lire l'enfant connaît la bibliothèque etc...
Avec tout le bonheur que se petafine dans le monde que d'heureux on pourrait faire. 

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Les différences entre la méthode globale et semi-globale sont gigantesques. Que les gens se foutent sur la gueule dans la cour de récré devans les gamins, je m'en fous, mais ne surtout pas prendre l'une pour l'autre.
Avec l'analytique, les gosses écrivaient en phonétique, avec la globale, ils font des puzzles graphiques surréalistes. Pour moi, il y a match-nul.
Avec l'analytique, les gosses écrivaient en phonétique, avec la globale, ils font des puzzles graphiques surréalistes. Pour moi, il y a match-nul.
Je ne suis pas du tout spécialiste dans le domaine, mais je me disais qu'à défaut de parents pouvant lire des histoires, la BD, dès le plus jeune âge pouvait motiver la lecture... il suffit qu'une fois le parent lise la BD à l'enfant, et que cette BD soit libre service.. et le môme sera, on peut l'imaginer, intriguer au moins par ces fameuses bulles qui racontent une histoire qu'il commence à saisir par les images...miju wrote:Bien d'accord vec ann et sisyphe, le plus important est l'envie de lire de l'enfant qui bien sur est très liée à son environnement. Lorsque l'enfant vit dans un appart où la télé tourne du matin au soir, où personne ne lit c'est pas pareil que lorsque papa ou maman passent un moment tous les jours pour lire des histoires, que lorsqu'avant de savoir lire l'enfant connaît la bibliothèque etc...
'fin, je voulais juste dire qu'on peut motiver la lecture chez l'enfant même quand on ne dispose pas de beaucoup de temps... Vous serez peut-être pas d'accord et je m'aventurerai pas à vous contredire^^
Pour ce qui est du thème principal du sujet... euh... j'écoute avec plaisir et attention ^^
Eh bien, on apprend plein de choses, dans ce fil!
Bien sûr, je ne comprends pas toutes les références culturelles évoquées, mais ça va quand même, je peux suivre.
Mais moi aussi, je veux faire la révolution!
Alors, je vais vous parler de la façon dont j'ai appris à lire et de ce que je propose pour ce monde que nous nous apprêtons à refaire.
J'ai appris à lire au moyen de la méthode frigo, dérivée de la méthode syllabique, mais basée sur l'envie de lire dont il a déjà été question ici. En effet, quand j'avais quatre ans, j'étais obsédée à l'idée de pouvoir lire. Il y avait des lettres aimantées sur le frigo que j'utilisais pour former des mots, avec l'aide de mes parents qui répondaient à toutes mes questions insistantes. Je leur demandais continuellement : « Quel son je peux faire déjà avec telle lettre? Et puis si je mets ces deux lettres-là ensemble? »
C'était ça, ma conception de la lecture : une lettre permet de faire un son, et deux lettres ensemble font un autre son. Et ça me permet de faire des mots ensuite.
Quand on est un enfant, si on s'intéresse à quelque chose, on apprend vite. J'ai donc pu lire des petits livres pour enfants rapidement, deux ans avant l'âge habituel. Je suis très reconnaissante envers mes parents (et les lettres du frigo) parce que ça m'a été très profitable, plus tard.
L'avantage de la méthode frigo-syllabique dans mon cas :
- J'ai une vocation de réviseure, je vois tout ce qui accroche dans un mot
L'inconvénient de la méthode frigo-syllabique dans mon cas :
- J'ai une vocation de réviseure, je suis décontenancée par tout ce qui peut m'accrocher dans un mot, et les menus de restaurant remplis de fautes me coupent l'appétit
Au Québec aussi, il y a maintenant la méthode globale. C'est là depuis 2000 seulement, et sinon, tout le monde a appris avec la méthode syllabique. J'ai bien peur que l'apprentissage de l'orthographe n'en prenne un coup avec le nouveau programme. Eh oui, je suis en train de dire que c'était mieux avant!
Mais en fait, c'était pas beaucoup mieux avant. C'est juste pire maintenant.
La méthode employée pour apprendre à lire à l'école quand j'étais petite me paraissait un peu louche. Je me souviens de la première journée de l'année où on a ouvert le livre orange qui devait aider mes camarades à apprendre à lire : je ne comprenais pas pourquoi on passait un temps fou comme ça avec ce livre (cela dit, je le trouvais magnifique à regarder). Il y a eu une leçon entière sur le z avec l'abeille qui fait zzzz, puis zazezizozu. À la fin de cette première leçon, je me suis demandé si ce serait la même chose le lendemain. Eh oui. Et ça m'a paru extrêmement long, cette fois. Et encore plus le surlendemain, avec la troisième lettre étudiée avec soin, mais sans qu'on ne puisse faire un seul mot encore. Je ne comprenais pas où tout ça allait nous mener. Au bout de plusieurs leçons, il a fallu lire dans un autre livre « Luc va à l'école avec son chien fido ». Je ne sais pas si ça jamais intéressé quelqu'un dans ma classe. Pas une seule fois on n'a pu se servir des lettres pour fabriquer des mots nous-mêmes. Ça aurait au moins permis que je participe à la leçon.
C'est pour cette raison que je m'en rappelle aussi bien : je me sentais totalement inutile, moi qui voulais tant me servir de ce que je savais.
À partir de mon expérience, je ne saurais recommander plus chaleureusement l'apprentissage de la lecture par la méthode frigo-syllabique à la maison ou bien en version adaptée pour l'école. Pourquoi? D'abord parce que cette méthode est venue de façon spontanée quand j'ai eu envie d'apprendre à lire. On part donc du désir de l'enfant de savoir comment écrire son nom, le nom de son chat, puis tracteur, chocolat, poupée, cadeau, etc., ce qui l'intéresse. Au lieu de reconnaître une image de mot, on participe à la construction du mot. Au lieu de faire du décodage, on fait de l'encodage!
Ça va peut-être vous sembler revenir au même (je suis ouverte aux commentaires), mais au lieu d'apprendre à lire, à l'école, pourquoi est-ce qu'on n'apprendrait pas à écrire? Je propose cela pour plusieurs raisons. Si on apprend à écrire, cela signifie qu'on apprend à se servir soi-même des lettres de l'alphabet.
Et ainsi :
- la lecture relève d'une opération créatrice (où on reconstruit les mots qu'on voit);
- les lettres et les mots deviennent des outils qu'on apprend à faire siens, plutôt qu'un corps étranger statique qu'il faut pouvoir décoder;
- l'orthographe des mots s'intègre en même temps qu'on les apprend - elle n'est plus un ensemble de règles dont il faut se rappeler en deuxième lieu lorsqu'après avoir apris à lire, on veut se mettre à écrire;
- on peut lire de nouveaux mots correctement et sans paniquer même si on les voit pour la première fois;
- on est davantage impliqué dans son apprentissage (qui fait appel à la créativité), donc plus intéressé, et on apprend donc plus rapidement.
Ce ne sont que des idées lancées comme ça, je n'ai pas encore rédigé mon programme complet d'enseignement à répandre comme une bonne nouvelle dans le monde entier.
Mais si vous trouvez mes idées intéressantes avec néanmoins quelques failles, je serais curieuse de savoir ce que vous aurez à en dire.


Bien sûr, je ne comprends pas toutes les références culturelles évoquées, mais ça va quand même, je peux suivre.
Mais moi aussi, je veux faire la révolution!

J'ai appris à lire au moyen de la méthode frigo, dérivée de la méthode syllabique, mais basée sur l'envie de lire dont il a déjà été question ici. En effet, quand j'avais quatre ans, j'étais obsédée à l'idée de pouvoir lire. Il y avait des lettres aimantées sur le frigo que j'utilisais pour former des mots, avec l'aide de mes parents qui répondaient à toutes mes questions insistantes. Je leur demandais continuellement : « Quel son je peux faire déjà avec telle lettre? Et puis si je mets ces deux lettres-là ensemble? »
C'était ça, ma conception de la lecture : une lettre permet de faire un son, et deux lettres ensemble font un autre son. Et ça me permet de faire des mots ensuite.

Quand on est un enfant, si on s'intéresse à quelque chose, on apprend vite. J'ai donc pu lire des petits livres pour enfants rapidement, deux ans avant l'âge habituel. Je suis très reconnaissante envers mes parents (et les lettres du frigo) parce que ça m'a été très profitable, plus tard.
L'avantage de la méthode frigo-syllabique dans mon cas :
- J'ai une vocation de réviseure, je vois tout ce qui accroche dans un mot
L'inconvénient de la méthode frigo-syllabique dans mon cas :
- J'ai une vocation de réviseure, je suis décontenancée par tout ce qui peut m'accrocher dans un mot, et les menus de restaurant remplis de fautes me coupent l'appétit
Au Québec aussi, il y a maintenant la méthode globale. C'est là depuis 2000 seulement, et sinon, tout le monde a appris avec la méthode syllabique. J'ai bien peur que l'apprentissage de l'orthographe n'en prenne un coup avec le nouveau programme. Eh oui, je suis en train de dire que c'était mieux avant!

La méthode employée pour apprendre à lire à l'école quand j'étais petite me paraissait un peu louche. Je me souviens de la première journée de l'année où on a ouvert le livre orange qui devait aider mes camarades à apprendre à lire : je ne comprenais pas pourquoi on passait un temps fou comme ça avec ce livre (cela dit, je le trouvais magnifique à regarder). Il y a eu une leçon entière sur le z avec l'abeille qui fait zzzz, puis zazezizozu. À la fin de cette première leçon, je me suis demandé si ce serait la même chose le lendemain. Eh oui. Et ça m'a paru extrêmement long, cette fois. Et encore plus le surlendemain, avec la troisième lettre étudiée avec soin, mais sans qu'on ne puisse faire un seul mot encore. Je ne comprenais pas où tout ça allait nous mener. Au bout de plusieurs leçons, il a fallu lire dans un autre livre « Luc va à l'école avec son chien fido ». Je ne sais pas si ça jamais intéressé quelqu'un dans ma classe. Pas une seule fois on n'a pu se servir des lettres pour fabriquer des mots nous-mêmes. Ça aurait au moins permis que je participe à la leçon.


À partir de mon expérience, je ne saurais recommander plus chaleureusement l'apprentissage de la lecture par la méthode frigo-syllabique à la maison ou bien en version adaptée pour l'école. Pourquoi? D'abord parce que cette méthode est venue de façon spontanée quand j'ai eu envie d'apprendre à lire. On part donc du désir de l'enfant de savoir comment écrire son nom, le nom de son chat, puis tracteur, chocolat, poupée, cadeau, etc., ce qui l'intéresse. Au lieu de reconnaître une image de mot, on participe à la construction du mot. Au lieu de faire du décodage, on fait de l'encodage!
Ça va peut-être vous sembler revenir au même (je suis ouverte aux commentaires), mais au lieu d'apprendre à lire, à l'école, pourquoi est-ce qu'on n'apprendrait pas à écrire? Je propose cela pour plusieurs raisons. Si on apprend à écrire, cela signifie qu'on apprend à se servir soi-même des lettres de l'alphabet.
Et ainsi :
- la lecture relève d'une opération créatrice (où on reconstruit les mots qu'on voit);
- les lettres et les mots deviennent des outils qu'on apprend à faire siens, plutôt qu'un corps étranger statique qu'il faut pouvoir décoder;
- l'orthographe des mots s'intègre en même temps qu'on les apprend - elle n'est plus un ensemble de règles dont il faut se rappeler en deuxième lieu lorsqu'après avoir apris à lire, on veut se mettre à écrire;
- on peut lire de nouveaux mots correctement et sans paniquer même si on les voit pour la première fois;
- on est davantage impliqué dans son apprentissage (qui fait appel à la créativité), donc plus intéressé, et on apprend donc plus rapidement.
Ce ne sont que des idées lancées comme ça, je n'ai pas encore rédigé mon programme complet d'enseignement à répandre comme une bonne nouvelle dans le monde entier.


Je voudrais mourir par curiosité. - George Sand
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Je suis également d'accord avec vous sur le rôle crucial de l'environnement. Juger les méthodes par contre est hors de mes compétences. Eveline a appris toute seule avec le B.A BA. Enora a, il me semble, appris avec la méthode globale : à 4 ou 5 ans elle connaissait ses livres* par coeur et a fini par associer les mots écrits aux sons. Il faut dire aussi qu'un de nos jeux préférés à l'époque c'était de jouer à la maîtresse. Et Enora était bien sûr notre élève, avec les poupées et peluches. Donc encore une fois, l'environnement est primordial. Enora, est-ce que tu te rappelles de cette période ?
* la série des Emilie. Vous connaissez ? Emilie, Arthur, Guillaume... Ils ne sont plus édités malheureusement. Emilie, reviens !
* la série des Emilie. Vous connaissez ? Emilie, Arthur, Guillaume... Ils ne sont plus édités malheureusement. Emilie, reviens !
Penn ar Bed
The end of the land
Le commencement d'un monde
The end of the land
Le commencement d'un monde
Moi je vote Eveline!
Eveline ministre de l'Education! Un ministre avec des bonnes idees pour une fois, ca nous changera!
oh et puis presidente tant qu'on y est!
Eveline presidente! Eveline presidente!
Eveline ministre de l'Education! Un ministre avec des bonnes idees pour une fois, ca nous changera!

oh et puis presidente tant qu'on y est!
Eveline presidente! Eveline presidente!

«C'est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain ne l'écoute pas.» Victor Hugo
J'ai appris avec la méthode syllabique, Chushana ('tite soeur) aussi, mais comme Maï-Enora, on jouait au maître et à l'élève, donc elle lisait un peu en fin de maternelle. C'est sûr ça compte.
Paquito ('tit frère
) a lui appris et galéré en méthode globale. Le principe n'est peut-être pas mauvais, mais j'ai vu les dégâts et comme beaucoup de ses copains, il allait chaque semaine chez l'orthophoniste pour réparer ça (je ne sais pas ce qu'il y faisait, peut-être du B A BA ?).
Son gros problème, il lisait le début du mot et donc essayait de deviner à partir des 3 premiers caractères, et donc lançait un mot qui n'avait rien à voir avec le reste de la phrase.
Maintenant en 4e ça va mieux, mais ce n'est pas un champion en orthographe.
Paquito ('tit frère

Son gros problème, il lisait le début du mot et donc essayait de deviner à partir des 3 premiers caractères, et donc lançait un mot qui n'avait rien à voir avec le reste de la phrase.
Maintenant en 4e ça va mieux, mais ce n'est pas un champion en orthographe.
A+ les cactus !
A izza i ana sacranou
Askaratni kaasoun kaasoun khalidah
Ana mal' anou bihoubbinn raasikhinn
Lan yatroukani abada...
A izza i ana sacranou
Askaratni kaasoun kaasoun khalidah
Ana mal' anou bihoubbinn raasikhinn
Lan yatroukani abada...
Je suis aussi partisan de la méthode "frigo" car il me parait important d'associer image (lettre) et son.
Je me demande si c'est pas un peu ce que fait ma petite fille chez les moyens en maternelle. Elle reconnait beaucoup de lettres sur les affiches, les pubs, les yaourts etc en associant chaque fois des mots ou sons.

Je me demande si c'est pas un peu ce que fait ma petite fille chez les moyens en maternelle. Elle reconnait beaucoup de lettres sur les affiches, les pubs, les yaourts etc en associant chaque fois des mots ou sons.

Avec tout le bonheur que se petafine dans le monde que d'heureux on pourrait faire. 
