Fac françaises - vocabulaire
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J"ai fait mes études avant la réforme, et je dois dire que déjà au début des années 90, tout le monde poussait à aller jusqu'au DEA ou de se trouver un DESS après la maitrise. La raison était la baisse de niveau des maitrises en général, et le fait que les cursus sont de plus en plus combinés avec deux matières. Du coup, ce n'est pas du luxe d'avoir un an de plus pour faire ce qu'on appelait déjà alors "une super-maitrise" (DEA ou DESS). Quant au DEUG, il ne vaut pas grand chose depuis qu'il faut une licence pour se présenter au CAPES (début des annés 90 aussi).
Cette réforme est l'aboutissement d'un mouvement qui s'était amorcé indépendamment de la volonté européenne, même si le système 3-5-8 était déjà dans l'air avant qu'on en parle ouvertement dans les médias. C'est logique, ce genre de réforme ne se fait pas soudainement, et ça fait un moment que le projet des équivalences européennes était en chantier.
Cette réforme est l'aboutissement d'un mouvement qui s'était amorcé indépendamment de la volonté européenne, même si le système 3-5-8 était déjà dans l'air avant qu'on en parle ouvertement dans les médias. C'est logique, ce genre de réforme ne se fait pas soudainement, et ça fait un moment que le projet des équivalences européennes était en chantier.
- Sisyphe
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De fait, les étudiants maîtrisent mal les arcanes de la gouvernance universitaire, dont l'architecture est aussi belle qu'une constitution soviétique (celle de Brejnev, 77, ma préférée). C'est d'ailleurs fait exprès.Dada wrote:Je suis pas d'accord avec cette phrase!Sisyphe déconnecté (!!?) wrote: Donc, oui, UFR existe toujours dans la loi, mais "faculté" revient de plus en plus, et de façon tout à fait officielle. D'ailleurs les étudiants, eux, n'ont jamais dit UFR et je suis sûr que 80% d'entre eux ne sauraient pas expliciter le sigle.
Pour moi faculte a toujours ete un synonyme d'universite ou de campus. A Toulouse tout le monde parlait de la fac de lettres= fac du Mirail= universite Toulouse II, ou de la fac de sciences= fac de Rangueil= Toulouse III. Je sais que techniquement c'est faux mais tout le monde parle comme ca.
Et a Rangueil tous les etudiants parlent de l'UFR SVT, UFR de Maths, etc..
En fait nous nous rejoignons : pour tous les étudiants "faculté" est clairement sentie comme un synonyme restrictif de "université". En gros, on dit "faculté" pour dire "un ensemble à peu près cohérent de bâtiments ou l'on enseigne un ensemble à peu près cohérent de matières".
Après, la situation varie selon les villes.
A Lyon, par exemple, où par suite d'une absurdité totale deux Universités (au sens juridique) enseignent la même chose, on fait bien la différence entre les Université Lyon II et Lyon III ; et on dit "chuis à la fac de lettres de l'université Lyon II" par exemple.
En revanche, pour aller dans ton sens, beaucoup disent "la fac de Bron" (ou du moins "la fac à Bron"), alors que Bron n'est qu'un ensemble bastimentaire (un "campus", ce mot est de plus en plus utilisé en France, bien que nos "compus" n'ait pas grand-chose à voir avec leur réalité anglosaxonne, d'ailleurs c'est dommage) qui dépend juridiquement des mêmes Facultés (au sens juridique) que le "campus des Quais".
A l'inverse, les étudiants des Quais font bien la différence entre "la fac de lettres" et "la fac de sciences éco" (la première s'appellant officiellement Faculté des Lettres, Sciences du Langage et Arts, dite faculté LESLA, dite "tomber"

En revanche, je veux bien croire que là où les Universités se sont divisées par matières et non par opinion politique

Mais je maintiens que :
A. le sigle "UFR" n'est jamais vraiment entré dans les moeurs, surtout chez les littéraires (dans les sciences, curieusment, il est mieux perçu).
B. Le terme de "faculté", même mal compris, est quand même une réalité pour un étudiant français
Après, pour les masos, y'a encore les Pôles Universitaires, les Départements, ou les soit-disant "Ecoles Doctorales".
Beaumont, si tu as 72 heures devant toi, je peux t'expliquer le Conseil d'Administration, le Conseil Scientifique, le Conseil de Vie Scolaire (CEVU), le Conseil d'Orientation Stratégique, le Conseil de Faculté, les commissions mixtes paritaires, les collèges électoraux statutaires, les collèges électoraux intrastatutaires, les collèges de séances, les plan quadriennaux, etc.
A Lille, on emploit uniquement UFR... Les facultés et les doyens, ca sonne université catholique

La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)
- Sisyphe
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De toute façon, dans les domaines académiques (lettres, histoire, langues vivantes, enfin bref les "matières à prof") les diplômes ne servent à peu près à rien sans les concours.ElieDeLeuze wrote:J"ai fait mes études avant la réforme, et je dois dire que déjà au début des années 90, tout le monde poussait à aller jusqu'au DEA ou de se trouver un DESS après la maitrise. La raison était la baisse de niveau des maitrises en général, et le fait que les cursus sont de plus en plus combinés avec deux matières. Du coup, ce n'est pas du luxe d'avoir un an de plus pour faire ce qu'on appelait déjà alors "une super-maitrise" (DEA ou DESS).
Le DESS étant l'exception, et une des rares expériences universitaires qui ait vraiment marché.
Ailleurs, la logique du "master en V" est en réalité annihilée par la logique des concours (capes et agrégation) ; c'est là le gros problème. Il paraît difficile de dire au gens "faites deux ans", alors que la loi continue à dire qu'il faut une maîtrise pour se présenter à l'agrégation, donc une seule année. Et qu'interrompre un cursus commencé est une chose dangereuse.


Quant au DEUG, il ne vaut pas grand chose depuis qu'il faut une licence pour se présenter au CAPES (début des annés 90 aussi).

Tu confonds avec les PEGC, qui pouvaient se présenter avec le DEUG (et qui donc pouvaient être "généraux" puisque leur diplôme l'était aussi...)
Je m'accorde avec ta première phrase pour dire qu'effectivement, toutes les réformes qui ont été faites en France sous les quatre derniers ministères l'ont été indépendamment du processus de Bologne. Ou plus exactement, elles les a devancés.Cette réforme est l'aboutissement d'un mouvement qui s'était amorcé indépendamment de la volonté européenne, même si le système 3-5-8 était déjà dans l'air avant qu'on en parle ouvertement dans les médias. C'est logique, ce genre de réforme ne se fait pas soudainement, et ça fait un moment que le projet des équivalences européennes était en chantier.

Effectivement, le 3/5/8 ou du moins la troisième réorganisation des cursus (après 46 et 69) est une idée qui traîne depuis bien longtemps dans les Universités.... Mais il traîne tellement d'idées dans les Universités, d'ailleurs on marche dessus et ça ne porte pas toujours chance.
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Merci à tous, c'est plus clair ! Le système me paraît plus logique et plus simple qu'avant, à première vue. Est-ce que comme à chaque changement tout le monde est descendu gueuler dans la rue, ou est-ce que la réforme serait miraculeusement passée en douceur ?
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Il y a deux réformes, à ne pas confondre. Le LMD proprement dit, et la loi sur l'autonomie des Université. La première est passée, oui, la seconde a plus ou moins été retirée juste avant que le surincompétent Ferry soit viré (qui est à l'éducation ce que Douste-Blazy est aux Affaires Etrangères, je sais qu'on se comprend).Beaumont wrote:Merci à tous, c'est plus clair ! Le système me paraît plus logique et plus simple qu'avant, à première vue. Est-ce que comme à chaque changement tout le monde est descendu gueuler dans la rue, ou est-ce que la réforme serait miraculeusement passée en douceur ?
Donc, dût ton scepticisme en être blessé (mais je sais que tu le fais exprès pour m'agacer


Le LMD en lui-même pose surtout des problèmes techniques de continuïté dans la diplômation. Ses principaux défauts ne sont pas dans ce qu'elle dit, mais dans ce qu'elle ne dit pas : continuïté avec les anciens diplômes, place et rôle des concours, adéquation de la tradition continentale d'une recherche "de fond" (surtout dans les sciences humaines) avec un doctorat "light" en trois ans, question de la sélection au niveau M, maquette des cours partout mais surtout au niveau M (sur trois établissements à Lyon, les trois dispensent quelque chose de totalement différent sous le titre de "maîtrise"), double emploi entre les licences professionnelles et les BTS, gestion de la semestrialisation (puisqu'un des aspects de la réforme, c'est qu'il n'y a plus d'année mais des semestres, comme aux Etats-Unis ; mais que fait-on si on rate un semestre ?), etc.
Ses détracteurs les plus acharnés supposent que le LMD sous-tend en fait le projet d'autonomisation "à l'américaine" des Universités et de leur financement (je grossis un peu le trait).
Ses défenseurs font remarquer l'incontestable simplicité du nouveau système. Ce à quoi je réponds que la tentation du "yaka faire plus simple" est ridicule, car le bordel de l'enseignement supérieur demeure, et même a été accru par le flou total de la réforme (et son manque de coordination nationale). Ce à quoi ses défenseurs répondent que c'est un bordel créatif, en gros on fait un squelette et tout viendra s'y coller passé une période d'ajustement et de struggle for life, et que de toute façon ce qui ne pourra pas survivre était trop faible ou trop peu utile et ne méritait donc pas de survivre. Bref, la "main invisible".
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Bah moi non plusenora wrote:Ah ben ça doit pas vous étonner mais moi je le savais pasSisyphe déconnecté (!!?) wrote: D'ailleurs les étudiants, eux, n'ont jamais dit UFR et je suis sûr que 80% d'entre eux ne sauraient pas expliciter le sigle.

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C'était surtout pour s'aligner sur le système anglais, où ça a toujours été Bac+3, puis 5 puis 8....ElieDeLeuze wrote: Cette réforme est l'aboutissement d'un mouvement qui s'était amorcé indépendamment de la volonté européenne, même si le système 3-5-8 était déjà dans l'air avant qu'on en parle ouvertement dans les médias. C'est logique, ce genre de réforme ne se fait pas soudainement, et ça fait un moment que le projet des équivalences européennes était en chantier.
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didine wrote:Pas qu'anglais, le système 3-5-8 est en place dans un grand nombre de pays. C'est plutôt la France qui fait figure d'exception ici.beelemache wrote:C'était surtout pour s'aligner sur le système anglais, où ça a toujours été Bac+3, puis 5 puis 8....
C'est pour s'aligner sur le modèle anglo-saxon. Même les défenseurs de la réforme, du moins les moins bêtes, le reconnaissent.
Tout le monde a toujous plus ou moins eu trois diplômes. Cependant, je ne sais pas ce qu'il en est en Finlande, mais ni l'Allemagne et avec elle la Suisse et l'Autriche et je pense tous les pays germaniques (dont la tradition universitaire est la plus solide), ni l'Italie, ni l'Espagne, ni la Grèce, ni la Belgique n'avait de système strictement organisé en 3/5/8.

Si le modèle anglo-saxon s'est imposé comme référence, c'est tout simplement parce que c'est déjà le modèle le plus répandu dans le monde. En effet si vous aditionnez l'influence culturelle américaine (Japon, Taïwan, Amérique du Sud) et l'ancien empire anglais (Canada, Québec, la moitié de l'Afrique dont Afrique du Sud, Australie, Nouvelle-Zélande et surtout l'Inde, un milliard de personnes et un des rares pays du tiers-monde a disposer d'une véritable classe supérieure cultivée), c'est la moitié du monde qui a adopté le cursus BA/master/PhD

*
Contrairement à ce que disent les eurobéats, le LMD n'a pas grand-chose à voir avec l'Europe. Si on avait voulu faire des titres européens, on se serait plutôt appuyé sur le modèle germanique et d'une manière générale, continental, mieux fait (notamment sur la question des doctorats), et plus répandu.
Il s'agit surtout d'un problème de puissance culturelle. La France souffre d'un déficit profond, très profond d'attractivité de ses universités. Pour dire les choses brutalement, comme l'avait dit un ministre, on n'attire personne à part les Maliens (donc, aucun intérêt économique, sympa pour eux).
Les facs américaines n'ont aucune pudeur vis-à-vis du "soft powercy" et de l'importation de cerveaux. Question de pragmatisme. Elie nous a rappelé récemment que les réseaux d'intérêt anglo-saxons ont réussi à organiser un "bac international" et encouragent autant qu'elles le peuvent tous les systèmes scolaires (notamment privés, mais aussi les systèmes publics très déconcentrés) à s'aligner sur son modèle. Vous trouverez de la pub pour le TOEFFLL dans n'importe quelle fac, même minable, de province. Alors que je laisse Beaumont nous dire quand, pour la dernière fois, il a vu de la pub pour le DAF dans une fac thaïlandaise.
Plus encore, pour attirer à elle (ou pour s'exporter) les facs américaines peuvent s'appuyer sur un réseau universitaire, dans le commonwealth, qui
- A le même cursus et les mêmes titres
- Parle la même langue
- A la même "culture universitaire".
Nous, nous commençons à peine à exporter nos facs. Notre tradition universitaire "humaniste" (que je défends, mais avec l'énergie des causes perdues) nous interdit de considérer le savoir comme une marchandise et l'enseignement supérieur comme un marché. Mais c'est la réalité aujourd'hui.
Bref, pour rattraper notre retard, nous adoptons le cursus de l'ennemi et sa culture universitaire. Personne n'a dit qu'ils étaient mauvais, personne n'a dit non plus qu'ils étaient bons. Mais c'est le "théorie VHS" (ou "effet PC") : la norme qui s'impose n'est pas forcément la meilleure mais celle qui s'est répandue le plus vite. Nos cassettes VHS étaient moins bonnes que d'autres technologie mais Sony était plus puissante, le PAL est moins bon que le SECAM mais on a été les seuls, Mac avait 20 ans d'avance sur les PC mais IBM était plus fort, etc.
D'ailleurs la langue elle-même gagne du terrain. Je ne parle même pas de "master" : Dauphine fait certains de ses cours en anglais. Mais comme avait dit le même ministre : si on faisait des cours en français, on n'aurait que des Roumains (toujours aussi sympa pour eux).
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Je suis pas sûre que Beaumont traîne beaucoup ses guêtres dans des facs thaïs.Alors que je laisse Beaumont nous dire quand, pour la dernière fois, il a vu de la pub pour le DAF dans une fac thaïlandaise.

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Il voulait bien dire DAF, c'est l'équivalent du TOEFL mais pour l'allemand.Maïwenn wrote:Je suis pas sûre que Beaumont traîne beaucoup ses guêtres dans des facs thaïs.Alors que je laisse Beaumont nous dire quand, pour la dernière fois, il a vu de la pub pour le DAF dans une fac thaïlandaise.Tu parles du DALF, Sisyphe ? On essaye de motiver nos étudiants à le passer. Enfin, plutôt le DELF à leur niveau. Mais c'est sûr que ça n'a pas la même visibilité que le TOEFL ou TOEIC
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Magistère est un nom utilisé par un diplôme universitaire, bien avant le système LMD. On n'a pas pu adopter "Magistère" pour Bac+4 et Bac +5 pour ne pas créer de confusion avec ce diplôme souvent très réputé parmi les professionnels financiers et economistes...Sisyphe wrote:
Si je veux bien admettre le principe, je suis outré, estomaqué, renversé qu'on ait pu pousser la forfaiture jusqu'à adopter officiellement un titre anglo-saxon. Il aurait quand même pas été bien dur de créer "magistère".
A Bordeaux y'a un Magistère d'économie et de finance internationale, qui se prépare en 3 ans (de Bac+3 à Bac+5)... Par contre je ne sais pas si tous les magistères sont dans le domaine de l'économie et de la finance internationale...
Mais on aurait pu garder "Maitrise", tout comme on a gardé "Licence"....