adéquation de la tradition continentale d'une recherche "de fond" (surtout dans les sciences humaines) avec un doctorat "light" en trois ans,
pourquoi un doctorat en 3 ans c'est "light"?
j'ai toujours connu les doctorats en 3 ans en France (du moins en Sciences, je sais pas pour les autres matieres), alors qu'au Canada c'est plutot en 4 ans (voir 5 si ton superviseur est pas presse).
La thèse "nouveau régime" de 82 (... c'est comme la "nouvelle vague" au cinéma, ça a quarante ans maintenant

) fixait effectivement déjà trois ans, mais avec des possibilités de dépassement. Qui ne sont pas clairement explicité dans le nouveau fonctionnement.
En lettres, les thèses font rarement moins de quatre ans. La moyenne c'est cinq. En sciences elles ont toujours été plus courtes, mais le travail n'est pas le même.
Au-delà de la question de temps, il y a surtout la question de fond. J'ai souvent utilisé des PhD américains : ils ont la taille et la puissance de nos DEA.
La chose est encore plus vraie en Allemagne où ils en étaient restés, jusqu'à il y a très peu, à notre système d'avant 82 (et qui dans les faits a perduré jusque dans les années 90). C'est à dire le Doctorat d'Etat, la grosse Habilitationschrift qui durait dix ans. Mais avec un travail en conséquence.
double emploi entre les licences professionnelles et les BTS,
BTS c'est pas bac+2? est ce a dire que la licence pro est en 2 ans aussi? ou c'est 3 ans qui en valent 2?
et les IUP dans tout ca?? ca existe toujours?
Oui, les BTS sont en deux ans, et c'est bien ce qui pose problème : ça ne rentre pas dans le système ! De plus les BTS se préparent dans les lycées, et donc ça non plus ça ne rentre pas dans le système... Bref, une bonne poignée de penseur de la réforme voudraient tout simplement zigouiller les BTS. Et les licences pro, apparues il y a quelques années, s'y substitueraient bien.
D'ailleurs une bonne partie des BTS par alternance ont déjà été zigouillés.

Et ça ça me fout en rogne, parce que les BTS sont parmi nos meilleurs diplômes. Ceux qui fonctionnent le mieux, qui ont une employabilité très forte, etc. Bref, on brûle nos vaisseaux.
D'autant que le cadre "lycéen" des BTS permettait d'y attirer un certain nombre de jeunes gens qui, culturellement, seraient perturbés par la faculté. Ses messieurs ne saisissent pas combien la possession ou non de "L'habitus" universitaire, pour parler le Bourdieu, reste un facteur super-discriminant à la faculté.
perso j'ai toujours connu les semestres, et je suis rentre a la fac en 97 (y'a presque 10 ans c'est fou!!), mais comme tu dis ca depend de chaque fac, Toulouse III ayant anticipe la reforme longtemps, longtemps en avance... et en fait ce systeme de semestre c'etait pas mal, ca marchait comme ca:
en DEUG: si tu ratais tu pouvais refaire le meme semestre dans la foulee, pourvu qu'il y ait assez d'inscrits dans chaque UV (et sachant que seulement 20% des etudiants avait le defunt DEUG en 2 ans, on peut dire qu'il y avait toujours assez d'inscrits) ou faire le semestre suivant puis refaire ton semestre rate l'annee suivante
Licence/Maitrise: vu que les effectifs sont plus reduits a ce niveau, si tu ratais, la premiere solution n'etait pas possible donc soit tu faisais la deuxieme solution (ce qui revenait a faire le deuxieme semestre avant le premier, ce qui n'est pas forcement genant en DEUG, mais peut l'etre en Licence ou Maitrise) soit tu prenais 6 mois sabbatiques, ou stage, ou voyage a l'etranger, etc... avant de refaire ton semestre l'annee suivante.
Autrement dit, tu perdais six mois de ta vie. Dont deux mois de loyer de ton studio, puisque tu ne peux pas le rendre sans préavis. Ce qui suppose aussi de retrouver un studio en septembre suivant, et connaissant la folie immobilière actuelle...
Tout le monde n'a pas les moyens de partir à l'étranger. Quant aux stages, en lettres....
De toute façon, toutes les facs n'ont pas les moyens de doubler leurs semestres, loin s'en faut. La question de la semestrialisation va creuser le fossé entre les grandes facs (Toulouse) et les petites (Besançon), qui est déjà
abyssal. Je sais, j'ai fait les deux.
Et puisque finalement cette question de reforme est une question de competitivite, voila le classement des 500 "meilleures" universites du monde:
Ce glassement est une connerie monumentale !
Il a été critiqué partout dans la presse, y compris spécialisée.
Quand tu prends le sous-classement des universités par pays, donc la France, tu vois dans les premières.... le Collège de France !
Le Collège de France, rappelons-le, n'est PAS une université, il ne délivre PAS de diplôme, il ne nécessite aucune inscription, tout le monde peut assister à ses conférences, y compris quelques SDF qui viennent s'y réchauffer ; c'est son principe et son éthique depuis le seizième siècle !
De plus, non seulement il mélange grandes écoles et universités (bon, OK, c'est pas facile à comprendre pour un étranger), mais il mélange surtout les grandes écoles entre elles ! Celles qui délivrent des diplômes et qui ont un corps d'enseignants-chercheurs (comme les écoles d'ingé), et celles qui n'en délivrent pas et qui n'ont que des répétiteurs, commes les Ecoles Normales Supérieures ! (Les étudiants des ENS n'ont que peu de cours au sein de l'Ecole, ils fréquentent les universités de Paris ou de Lyon et valident leur parcours en accord avec la direction de l'école ! Les méchantes langues disent que l'ENS est une pension de famille).
Enfin, last but not least, ce ranking c'est appuyé essentiellement sur les publications scientifiques. Or en France un même chercheur peut appartenir en même temps :
- au CNRS
- à l'Ecole Pratique des Hautes-Etudes
- à l'ENS sciences de Lyon
- à l'université Lyon I
Cette dernière pouvant aussi bien être appelée Lyon I, Université Claude Bernard, UCB de Lyon. Sans parler des labos qui ont des noms parfois pompeux ("Institut", "Centre International d'étude de..", etc.) et qui ont été pris pour des écoles...
Et notre universitaire de signer tantôt de l'une tantôt de l'autre.
Je ne nie pas que toute cette complexité nuise. Mais d'une part on ne va pas la résoudre en un coup de baguette magique. D'autre part ça n'excuse pas l'Université de Shanghai d'avoir été aussi légère dans son classement.
Bref, ce fameux classement est de la merde, de la crotte et de la chiure. Mais le pire, c'est qu'on est obligé de composer avec, et que les mandarins de Pierre & Marie Curie ne se gênent pas pour dire qu'ils sont la première et la seule française, et pour cracher sur toutes les autres, à commencer par les Grandes Ecoles dont ils sont tous sortis.
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L'existence même de ce classement confirme hélas ce que je disais : l'enseignement supérieur devient un pur marché. Et le LMD n'a rien à voir avec l'Europe : on nous demande à nous, la vieille Europe "fransiscaine", d'adopter le marketing universitaire américain - et ses partisans, extrémistes comme tous les récents convertis, sont même plus américains que les Américains. Car il y a de bonnes choses dans la tradition universitaire américaine, notamment leur esprit pédagogique.
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)